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Critique de bdelhausse


Costanza est une femme dans la cinquantaine. La mort récente d'un ami, son mariage qui tourne à pas grand-chose, l'absence d'enfant, tout cela la fait tourner en rond. Elle ressasse des pensées vides. L'hiver à Rome semble propice à un certain spleen. D'autant que pour faire correspondre son apparence à sa nature intérieure, et à l'hiver romain, Costanza s'habille "triste" et ramène ses cheveux en un chignon gris austère.
Elle reçoit l'ordinateur de Bruno, l'ami décédé. Photographe, celui-ci a fait travailler Costanza. Mais dans le disque dur de l'ordinateur, elle ne trouve qu'un dossier de photos, intitulé Fragments car c'est clairement ce qu'il contient. Des photos de morceaux de statues. Sorte de recomposition de l'être idéal, de la vie idéale, comme un contrepoint à la vie de Costanza qui se morcelle de plus en plus (en tout cas, elle en a le sentiment, et le pouvoir de l'esprit sur le corps est puissant, on y reviendra).
Habituée de promenades au mausolée "di Santa Costanza" dédié à Costanza, la fille de l'Empereur Constantin, et construit au milieu du IVè siècle, elle y assiste à un mariage. Evidemment, cet événement n'est pas de nature à la ramener à davantage de joie de vivre.
Le twist va provenir de la messagerie de Bruno sur l'ordinateur échu à Costanza. Un courriel arrive, vindicatif, un brin agressif, il émane de Martin, un jeune Espagnol de 25 ans, amant présumé de Bruno et qui lui a servi de modèle. Il ignorait le décès de Bruno. Bardaf, c'est l'embardée pour Costanza, pourquoi Martin a-t-il servi de modèle, et pas elle ?
Commence alors un jeu entre Costanza et Martin. Il l'entreprend, flirte, la drague. Elle apporte un appareil photo. Ils se captent, se capturent. Et clap de fin. OK, on peut avoir l'impression que je spoile, mais je ne dis pas tout et clairement l'essentiel du roman n'est pas dans l'histoire, mais dans les ressentis, les impressions et les non-dits.
J'ose avouer que je ne suis pas sûr d'avoir tout saisi. Elisabetta Rasy établit des correspondances entre les corps, leurs photos, et les statues romaines incomplètes qui parsèment le Mausolée di Santa Costanza. Elle construit des ponts entre les émotions et les objets, les bâtiments. Il y a des liens tacites, en filigrane, qui se tissent entre les êtres et les lieux. Et entre le présent et le passé. Passé historique ou passé individuel.
Une bonne part du récit est de l'ordre du spirituel, du cérébral. Tout est évanescent, ou presque, me semble-t-il. Finalement, les événements factuels importent assez peu (en proportion du récit) par rapport à ce que Costanza projette comme attente, doute, désirs...
Le style est également diaphane, dirais-je. Tout en impressions. Et cela ne m'a pas convaincu. Comparer l'hiver romain à l'hiver de la vie à cinquante ans, c'est un peu bateau. Même si tout est relatif et que tout se trouve dans la tête de Costanza, c'est un peu rêche, dirais-je. de plus, l'écriture est remplie de feedbacks très courts, qui arrivent sans trop crier gare et qui s'en vont tout aussi subrepticement. Et que dire des ellipses sur les sentiments et les ressentis des choses. Roman court, donc, mais qui ne se lit pas aussi vite que prévu. On va attendre un peu avant de lire un autre ouvrage d'Elisabetta Rasy.
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