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Critique de gouelan


Au coeur de la Laponie, de ses étendues neigeuses et de ces ciels où la lumière danse avec les ténèbres, un camp de prisonniers dirigé par les Allemands hérisse ce lieu sauvage de sa cruauté.

On oscille entre deux périodes, 1945 et 1947.
Olavi est un jeune soldat finlandais, traducteur dans ce camp sordide. Il est toujours à Enontekïo lorsque Inkeri, une journaliste photographe, vient enquêter discrètement sur la disparition de son mari pendant la guerre.

Tout au long de ce roman on plonge dans l'ombre de secrets, n'osant pas croire à leur noirceur. Pourtant l'Histoire nous a déjà révélé jusqu'où les hommes peuvent aller pour créer une race aryenne, jusqu'où leurs expériences peuvent défigurer l'humanité, s'arroger le droit de définir le peuple same, les Juifs et d'autres communautés, comme races inférieures, s'emparer de leurs biens, détruire leur culture, leur identité, leur droit à la vie.

Pendant ce temps la nature continue son cycle de beauté indifférente, inégalable. Sous son soleil de minuit, ses ténèbres de plomb ou étoilées de magie, ses ressources pillées attendent la fin de la tempête des hommes pour se reconstruire. Dans cet environnement venteux et glacial, les fleurs résistent en rasant le sol. Elles offrent une leçon d'espoir. Même quand les oiseaux tombent du ciel en cendres.

Dans ce roman on croise différents personnages, tous torturés de secrets, ou transformés par la guerre et ses règles. Elle a révélé leur nature, leurs faiblesses. Mais aussi leur impuissance à agir autrement, englués dans cette vase de désespoir, d'autorité, de pensée unique et glaçante.

Ils sont encore comme recouverts des cendres de la destruction. Ils ont beau ériger une église sur le cadavre d'une autre, créer une école pour les enfants de culture same, rien n'effacera ce qui niche au fond d'eux-mêmes, leurs souvenirs poisseux. Rien n'effacera vraiment leur regard sur ce peuple en marge, à la culture pure et étrange, riche et sauvage, voyageant sur un territoire sans frontières.
Même le mystérieux Olavi, même Inkeri qui veut apprendre à Bigga, jeune fille Same, à dessiner la lumière grâce à la photographie, sont loin d'effacer les cendres fondues à la neige.

J'ai beaucoup aimé ce roman historique, je connaissais peu cette part d'histoire. le style concis et ténébreusement poétique de Petra Rautiainen va directement à l'émotion pure, sans s'appesantir. de très beaux passages à lire dans le journal de Vaïnö, l'interprète Finlandais. Ce style à la fois glacial et lumineux s'accorde vraiment bien à ces étendues sauvages de Laponie où se mêle l'âme du peuple same, et aux traces laissées par l'histoire des hommes rongés par la guerre.

Je remercie Babelio et les Éditions Seuil pour ce très bon roman.
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