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Critique de Ziliz


Ziliz
17 novembre 2015
« Make love, not war ». Slogan des années 60-70, en opposition à la guerre du Vietnam.
Cette phrase m'est souvent venue à l'esprit à la lecture de cette biographie romancée du 'divin Marquis'.
Baisez comme Sade, si le coeur vous en dit, avec des tibias humains, des châtaignes, des symboles religieux, des fouets, avec de drôles de machines à poulies, des écarteleurs, à l'envers ♪♫ à l'endroit ♪♫, sous des chauves-souris... No limit, à condition bien sûr que tous les participants soient d'accord, et ce fut le cas pour (presque ?) tous les partenaires de Sade. L'homme était très gourmand, certes, mais il n'a semble-t-il pas assouvi tous les fantasmes condamnables qu'il met en scène dans ses ouvrages (zoophilie, pédophilie, meurtres...). Ses pratiques et l'esprit de débauche des lieux et personnages qu'il fréquentait assidûment sont autrement moins choquants que les massacres et la barbarie tous azimuts engendrés par la Révolution française à partir de 1789...

Jacques Ravenne nous livre ici une biographie très intéressante de Donatien de Sade (1740-1814), philosophe, écrivain et homme politique à la réputation sulfureuse, dont je n'ai lu aucun texte au-delà de quelques lignes. J'ai appris à le connaître un peu grâce au roman 'La marquise de Sade' de Mireille Calmel, qui éclaire le lecteur sur les rapports de Sade à la religion et à la sexualité - les liens troubles entre plaisir, souffrance, péché, expiation, profanation, blasphème, mort...

Ces deux ouvrages documentés, aussi enrichissants l'un que l'autre, situent le mode de vie et les pensées de Sade dans son époque et son contexte socio-culturel - le siècle des Lumières. Ils montrent un homme tourmenté, intelligent, attachant, qui a aimé sincèrement quelques femmes et qui fut aimé en retour. Pas un psychopathe, asocial, prédateur tel qu'on peut l'imaginer par ouï-dire ou après avoir feuilleté ses écrits.

Le roman de Jacques Ravenne est plutôt sobre, moins émoustillant que celui de Mireille Calmel - à part un "croquis" dans les dernières pages qui vous fera regretter de ne pas avoir bien suivi les cours sur les poulies au lycée... Pas d'exhibition, on comprend entre les lignes, et le parcours de l'homme est passionnant. Par contre, une grande partie du récit (plus de deux cents pages) est consacrée à la Révolution française, dont Sade fut l'un des acteurs, et en particulier à Robespierre. J'ai souvent été perdue dans toutes ces histoires de complots et j'aurais abandonné ma lecture si je n'avais pas eu à coeur de suivre Sade jusqu'au bout de sa vie.

Le mot de la fin à Sade lui-même, qui résume ce que fut son existence tumultueuse et la trace qu'il a laissée dans nos esprits deux siècles après sa mort : « Ce n'est pas ma façon de penser qui a fait mon malheur, mais celle des autres. » (p. 530)
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