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Critique de Fandol


Fandol
27 décembre 2023
Dans Venise, à la fin du XVIIe siècle, vient au monde Ilaria, sixième enfant de Francesca et Giacomo Tagianotte, sui vendent du tissus.
De son écriture délicieuse, Léonor de Récondo, déjà appréciée dans Manifesto et Revenir à toi, me plonge aussitôt dans l'ambiance de cette ville magique où l'on confie, si c'est possible, les filles à la Pietá. Cette institution religieuse fait penser à un couvent. On s'y consacre aux dévotions mais surtout à la musique et Antonio Vivaldi y enseigne.
Bianca, gardienne de la Pietá, est venue accoucher sa cousine, Francesca. Sans hésitation, celle-ci confie son bébé, Ilaria, à la Pietá où elle rêve de l'entendre chanter. Seulement, elle ne pourra que l'entendre car le choeur des jeunes filles est caché derrière les grilles de fer de la tribune en marbre.
En 1699, elles sont 867 pensionnaires à la Pietá. Elles ont été soit confiées à l'institution comme Ilaria, soit abandonnées à la porte, seul moyen pour les mères de savoir leurs filles échapper à la pauvreté, à la rue, à la prostitution.
D'abord en pouponnière, Ilaria grande, apprend à lire puis, rapidement, rêve d'apprendre le violon en suivant les cours du maestro, Antonio puis devient sa copiste.
L'autrice, Léonor de Récondo est aussi une excellente violoniste. Aux Correspondances de Manosque, elle nous confiait qu'elle avait attendu son neuvième roman pour réunir, pour la première fois, écriture et musique. Elle sait que le violon devient la propre voix du musicien et que cet instrument devient partie intégrante du corps. Ceci, elle le fait vivre ici à Ilaria, sa jeune héroïne.
Après avoir grandi à la Pietá, quand Ilaria, âgée de 8 ans, peut enfin passer Noël en famille, elle se sent comme une étrangère, se raccrochant seulement à l'amour de sa mère.
Le Grand Feu permet donc de suivre l'évolution de cette jeune fille, d'assister à son premier concert, à 13 ans, de vivre sa grande amitié avec Prudenza Leoni qui est une sorte d'auditrice libre, venant prendre des cours de chant à la Pietá.
Ici, le rôle de la Prieure est important car c'est elle seule qui peut délivrer un bon de sortie à Ilaria si elle veut se rendre à une invitation de Prudenza.
Quand Ilaria sort de la Pietá, qu'elle se déplace en gondole grâce à la famille Leoni, un feu intérieur la brûle car elle découvre enfin sa ville, vue depuis les canaux, ces fameux palais dont on redoute aujourd'hui la disparition sous les eaux. Dans ce roman, Venise est un personnage principal où, je cite : « La beauté, certains soirs, désarme la mélancolie. »
Sans en dire beaucoup plus, bercé par les magnifiques partitions D Antonio qui apprécie l'aide d'Ilaria, je dois ajouter que Prudenza a un grand frère : Paolo. S'il est passionné de chevaux, très attiré par le maniement des armes, décidé à se battre pour restaurer le prestige de la Sérénissime, ce jeune homme a aussi un coeur…
Habilement, Léonor de Récondo fait monter la tension avec l'avancée de son roman pour nous amener à une fin pathétique que chaque lectrice ou lecteur pourra découvrir en lisant le Grand Feu ; ce feu qui dévore Ilaria dès qu'elle prend son violon, ce feu de l'amour prêt à jaillir au coeur de cette ville pourtant posée sur l'eau.

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