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Critique de Zephirine


Isor est différente des autres enfants de son âge. de quel handicap souffre-t-elle ? On ne le saura pas vraiment mais qu'importe, car, quelle que soit l'origine de la différence, elle est source d'incompréhension et de rejet. Elle vit dans sa bulle, protégée du monde extérieur par des parents aimants mais dépassés par leur fille
« Alors, à son âge, à ses treize ans, que sait-elle ? Rien qui vaille. Elle ne sait pas que la terre est ronde, elle ne sait pas ce qu'est un adjectif, elle ne sait pas comment on compte les heures, elle ne sait pas ce que c'est qu'un père ni que la génétique, normalement, nous rassemble ».
La vie de ces trois-là se déroule en vase clos, avec ses rituels. Plus de vie sociale pour ne pas être jugé, et Isor est déscolarisée puisqu'elle n'apprend rien. Pour ne pas la brusquer, les parents lui laissent beaucoup de liberté. La nuit, elle fugue, mais revient toujours, ramenant de ses maraudes de petits objets glanés ici et là. Pourquoi s'éloigne-t-elle de sa famille, comme une urgence à vivre autre chose. La mère dit :
« Quand elle disparaît, je crois, c'est pour être seule. Seule avec son chagrin. Elle part avec, pour l'examiner, l'accueillir et le vivre complètement. Elle le sonde, elle y plonge. Et elle veut le faire loin de nous. »
Quant au père, il ne s'inquiète pas, car elle ne va jamais très loin.
Un jour, tout bascule lorsque Isor se prend d'amitié pour leur voisin Lucien, un homme âgé et secret. Entre eux s'installe une connivence que jalouse la mère mais qui soulage le père. Peu à peu, Lucien sort de sa solitude, il attend avec ravissement la visite d'Isor.
« J'aimerais qu'elle pense toujours à moi avec douceur.
Silence. Silence et apprivoisement. Surtout, que cela dure, que cela dure longtemps. »
L'accident du vieil homme va provoquer une fugue plus lointaine chez Isor et l'on découvrira peu à peu la raison de son voyage en Sicile et le secret de Lucien. Elle est sur le chemin de sa libération

Ce roman choral donne la parole en alternance au père, à la mère dans un insoluble dialogue. On sent leur désarroi, leur amour aussi pour cette gamine difficile qui sème le chaos mais terriblement attachante. Puis, dans une seconde partie, il y a la voix de Lucien, toute de tendresse et de complicité avec cette gamine sans règles et sans tabous qui lui offre son amour avec spontanéité. On n'entendra la voix d'Isor que dans la troisième partie, lorsqu'elle écrit à ses parents pendant sa fugue. Et cette voix est étonnante de maturité et de lucidité. Avec ses mots maladroits, elle tisse des phrases poétiques lourdes de sens et c'est très émouvant d'assister à la révélation d'une Isor qui s'ouvre au monde et qui trouvera sa place dans la vie malgré ou grâce à sa différence.
Ce premier roman qui, parfois, prend l'allure d'un conte, est magistral. Je l'ai lu d'une traite et il m'a éblouie. Un véritable coup de coeur.


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