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Critique de dannso


Il y a quelques semaines je concluais une critique en disant, voilà pourquoi je lis. Je commence aujourd'hui celle-ci en disant, voilà pourquoi je suis sur Babelio. Au vu du titre et du résumé, je n'aurais jamais lu ce roman, peu attirée par ce thème que j'ai l'impression de voir et revoir de l'enfant sauvage. Pourtant quelques défricheurs de rentrée littéraire sur ce site m'avaient alertée, la critique de Michel (Michle69004) m'a définitivement décidée.

L'histoire n'est pas l'important, comprendre en détail n'est pas l'important, nommer la maladie, handicap, déficit ou autre qualificatif de l'état d'Isor n'est pas l'important.. Il faut juste lire les mots magnifiques, quelle que soit la partie, quel que soit le narrateur et savourer. Et faire taire la petite voix, n'est-ce pas Michel ;-)

J'ai pensé à une autre autrice en lisant ce roman, qui m'avait impressionnée de la même manière, lors de la rentrée de Janvier, Perrine Tripier pour Les guerres précieuses, même si les thèmes des deux romans sont très différents. C'est dans les deux cas un premier roman d'autrices encore très jeunes. Ces deux jeunes femmes sont époustouflantes de maturité. J'admire leur capacité à rendre compte de sentiments de personnes ayant beaucoup plus que leur âge, à partager des expériences qu'elles n'ont pu encore approcher, et dans les deux cas avec une écriture fabuleuse, dont on pourrait presque citer une page sur deux.

Les mots d'Alice Renard m'ont touchée, je me suis arrêtée plusieurs fois pour en relire certains, souvent à voix haute. Ils sonnent si juste.
J'ai aimé les mots du père qui traduisent si bien son impuissance, sa lassitude aussi, son regret d'une vie autre. J'ai aimé les mots de la mère qui essaye de communiquer avec sa fille, qui veut croire que celle-ci communique avec elle. J'ai aimé leur désir de cesser de soumettre leur fille à d'innombrables rendez-vous médicaux, tous aussi inutiles. Dans cette première partie, les mots du père et de la mère alternent, chacun avec leurs particularités. Une chose est certaine, même si c'est moins immédiatement visible chez le père, ils aiment leur fille malgré tout.
Ensuite, c'est Lucien qui parle, Lucien le voisin, déjà vieux, jadis photographe, à la vie bien réglée, pour ne pas laisser place à l'inconnu. Et pourtant il va accueillir Isor, l'amitié, l'amour entre eux va être une amitié d'élection. Ces deux là se sont choisis sans se connaitre.
« J'ai toujours distingué deux types d'amitié. Les amitiés de circonstances et les amitiés par élection. La différence, la hiérarchie que j'établis entre les deux ne se dit pas en termes d'intensité mais plutôt de prestige moral. Je m'explique. Les amitiés de circonstances (le principe est également valable pour l'amour) se nouent sous une certaine forme de contrainte : nous sommes camarades de classes, collègues, colocataires, voisins. C'est à force de se voir que nous devenons amis. Par la force des choses. Je ne nie pas qu'il faille toutefois un terrain fertile pour que ce genre d'amitié s'établisse – ainsi, nous ne sommes pas amis avec tous nos voisins. Mais la proximité quotidienne enclenche voire force un processus qui, autrement, aurait pu ne jamais advenir. Chaque jour ou presque, le quotidien partagé alimente les conversations et il n'est besoin d'aucun effort pour savoir où et quand se voir, ou quoi se dire. Ces amitiés ou amours de circonstances remplissent nos vies et je ne les méprise pas. Mais il me semble qu'un type de relation supérieure existe : celle par élection. On se croise un jour et, entre nous, les évènements naturels devaient s'arrêter là. C'est nous qui décidons de faire entrer l'autre dans notre vie. Certains qu'il s'agit là d'une chose d'importance. […]
Dans ton cas, ma toute chérie, j'ai fini par comprendre que tu ne venais pas par une quelconque facilité – nous avions beau être voisins, en treize ans, je n'avais jamais vu le moindre épi de tes tresses. Non, non, tu m'avais choisi. »

Je ne vous en dirai pas plus sur la troisième partie et qui en est le narrateur. Juste que les mots y sont toujours aussi forts et aussi justes. Il faudra lire pour savoir. Et croyez-moi, vous ne le regretterez pas.
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