Les sœurs, dotées d’un solide sens pratique, lui trouvèrent pourtant une utilité. Elle était celle qu’on châtiait à la place des autres, pour éviter de froisser la susceptibilité de parents dont les largesses imposaient une certaine indulgence.
J’ai toujours répondu personnellement à mon courrier, finissant par accepter, non sans scrupule, le rôle que le public m’a attribué spontanément. Une sorte de bonne fée à qui des gens simples, souvent malmenés par la vie, demandent un peu d’écoute et de réconfort.
« Fauter » avant le mariage, mettre au monde un enfant sans père, c’était perdre toute morale et s’exposer au mépris général.
Les hommes sont des êtres bizarres et imprévisibles dont l’une des manies consiste à faire du mal aux femmes, la leur en particulier.
On ne connaît rien de la vie de ses parents. Ils vous mentent dès votre plus jeune âge, non pas pour vous duper mais, pensent-ils, pour vous préserver. Ce qui se passe la porte de leur chambre refermée vous reste à jamais étranger. Les mots échangés à voix basse, un cri vite étouffé et ces soupirs, parfois, qui ressemblent à des pleurs et sont peut-être des râles de plaisir. Horreur inimaginable pour un enfant !
Les êtres chers qui nous ont quittés s’adressent à nous de mille façons et je suis devenue habile à déchiffrer leurs messages.
On ne se voit pas mais on s’entend si bien…