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Critique de Cancie


Elles sont deux, deux jeunes femmes, la trentaine. Il y a Laura, une joueuse de poker professionnelle "Un vrai rat de casino" que l'on découvre au début du roman à Macao.
La deuxième, Audrey est originaire de Nevers où, dans le centre-ville est située la parfumerie Monod, fierté de ses parents. Elle travaille à Paris dans une agence d'architecture intérieure, sa boss Mika étant la décoratrice la plus influente de la capitale.
Laura et Audrey ne se connaissent pas et l'auteure va s'attacher au début du roman à décrire leur vie respective. L'univers du jeu et du poker en particulier, dans lequel Laura est immergée, est particulièrement bien décrit avec une multitude de termes anglais appropriés à ce jeu comme Bankroll, prize pools, bad run, main event heureusement toujours traduits en bas de page. Quant à Audrey, Sophie Reungeot décrit très bien l'emprise de sa patronne dans sa vie. Quand Raphaël, son petit ami lui propose de venir au barbecue organisé par ses parents pour leur anniversaire de mariage, elle choisira d'aller à la soirée d'inauguration à son boulot, à laquelle elle a promis à Mika d'être présente. Elle rompt d'ailleurs avec Raphaël.
Si Laura est accro au poker et éprouve un immense besoin de solitude, Audrey, elle, adore s'asseoir dans les troquets pour faire "des voyages dans le passé".
Elles vont se rencontrer ce fameux vendredi 13 novembre 2015, tristement resté présent dans toutes les mémoires, avec l'attaque entre-autre du Bataclan où Audrey assistait au concert et a réussi à s'échapper par une issue de secours, étant l'une des premières à se jeter dans l'escalier. Laura, rentrée de Chine est dans un taxi pour rejoindre un hôtel quand une silhouette affolée oblige Mehdi le chauffeur à piler. Audrey, car c'est elle, ayant laissé sac et portefeuille en fuyant la fusillade, dans la détresse la plus complète, cherche un taxi. le chauffeur, alors, se précipite et la fait monter à l'avant, redémarrant dans la foulée. Laura va alors décider de débarquer chez sa mère, au 18e étage d'une tour au sud de Paris avec cette inconnue.
C'est avec beaucoup d'émotion que nous assistons au réveil à la réalité pour Audrey. le titre du paragraphe narrant cette prise de conscience est d'ailleurs très évocateur, comme le sont presque tous les autres, puisqu'il s'agit de "Zombies". Il décrit Audrey déambulant comme un zombie, ayant perdu la notion du temps. L'accueil de Christine, mère de Laura, s'il paraît de prime abord un peu loufoque, chargé d'émotions et on comprendra pourquoi plus tard, se révèlera d'une aide précieuse pour Audrey, de même que la présence de Laura.
Petit à petit, chez ces deux jeunes femmes va naître une amitié que rien n'aurait pu laisser supposer, leur vie étant si dissemblable. Elles vont prendre conscience, l'une et l'autre que les choix qu'elles ont faits ne sont pas à proprement parler leurs véritables choix et que leurs familles et notamment leurs mères les ont peut-être poussées sur une voie qui n'est pas forcément leur propre désir. Elles vont à elles deux chercher tout d'abord à résoudre des énigmes familiales. le roman va alors prendre une autre dimension presque policière dans cette quête du passé.
Leur amitié et leur reconstruction nous emmèneront de Paris à Las Vegas en passant par Berlin, le tout rythmé par une musique omniprésente, référence faite à de nombreux albums et cassettes et un David Bowie salvateur pour Audrey.
L'auteure a su restituer de façon poignante et bouleversante la difficulté pour ne pas dire l'impossibilité qu'ont les personnes rescapées mais traumatisées à vie par un attentat à embrasser le présent.
L'accent est mis sur l'entraide et l'amitié, les meilleurs réconforts dans une vie.
C'est un roman très contemporain avec un langage jeune, parsemé de locutions en anglais (trop nombreuses à mon goût). Il rend compte des dégâts, des vies sacrifiées et des souffrances incommensurables engendrés par ces attentats qui semblent depuis quelques décennies, jalonner notre existence. Si celui du Bataclan en 2015 est au coeur du roman, sont évoqués également l'attentat de la rue de Rennes, devant le magasin Tati en 1986 et la fusillade de Las Vegas en 2017.
Néanmoins, dans le bruit des avions, la situation de choc et de détresse vécue par l'un des personnages permet de sauver les deux protagonistes féminines d'un avenir qu'elles n'avaient choisi ni l'une ni l'autre et d'envisager un futur consenti et bien meilleur pour leur épanouissement.
Je dois avouer cependant avoir eu beaucoup de mal à m'immerger dans ce roman. Sans doute, est-ce dû au fait que cet univers du jeu et du poker que je n'ai jamais fréquenté et qui ne me tente surtout pas m'a franchement ennuyée. Il fallait, naturellement le décrire pour bien comprendre la psychologie de Laura, mais là, vraiment, j'ai trouvé trop long, de même pour le personnage d'Audrey. Ce n'est que lorsque je suis arrivée presque au milieu du bouquin, lors de la mise en présence de Laura et Audrey que j'ai enfin pris du plaisir à sa lecture.
Notons toutefois qu'il s'agit d'un premier roman pour Sophie Reungeot.
Je remercie les éditions Harper et Collins ainsi que Babelio pour m'avoir permis de découvrir cette jeune écrivaine.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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