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Citations sur Le voleur dans la maison vide (35)

p. 296. Que notre cervelle recèle 3 grammes ou 3 tonnes d'intelligence, le préjugé les tient de la même manière à bonne distance de notre faculté de penser.
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P. 325. Je n'ai jamais eu assez d'énergie pour éterniser mes rancunes.
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p. 272... des lampes de chevet ayant un vague rapport avec la fonction d'éclairer la page d'un livre ou d'un journal.
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P645 : [Le totalitarisme] ne se borne pas à contrôler l’expression et la diffusion matérielles des idées jugées dangereuses pour l’autorité en place. Le totalitarisme veut atteindre la racine même de la pensée et de la sensibilité, tuer la source de l’indépendance intellectuelle et morale en chaque individu. La preuve en est qu’il y est parvenu chez de nombreux intellectuels, même parmi nous, et continue à les stériliser, même après s’être éteint. Il veut se substituer à nous en chacun de nous, régner en maître à l’intérieur des consciences. Le ramas d’ineptie du Petit livre rouge de Mao tint lieu de cerveau à presque tous les Chinois et à nombre d’Occidentaux pendant la Révolution culturelle. (…) « Totalitarisme » n’est pas une étiquette fabriquée après coup par les historiens, c’est un programme et un concept consciemment forgé par un politicien – Benito Mussolini en 1922 – et, ensuite, « perfectionnés », si j’ose dire, par les nazis. Quant aux communistes, ils avaient, dès l’époque de Lénine et de Trotski, devancé tous les autres totalitarismes et préfiguré avec talent les apocalypses futures.
Les dissidents de l’Est furent d’autant plus héroïques que, non contents d’être en butte aux procédés d’extermination morale de leurs régimes, ils essuyèrent aussi les calomnies, le mépris et les mesquineries de la gauche occidentale (…). « Traîtres » dans leurs pays, ils devinrent parias dans les nôtres. Que des hommes et des femmes élevés, enfermés dans ces systèmes aient pu néanmoins préserver leur intelligence et la retourner contre la machine qui devait l’anéantir, tout en étant abandonnés, répudiés par les intellectuels des sociétés qui auraient dû les secourir, tant d’énergie et de lucidité, en eux et grâce à eux, rachète nos aveuglements et nos lâchetés et prouve que l’espèce humaine mérite, bien pesé, peut-être de survivre.
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P606 : Les historiens mesurent trop peu, à mon sens, à quel point, par son idéologie et son programme, le Parti socialiste français, rénové en 1971, différait plus des autres partis socialistes européens, du sud comme du nord, que du Parti communiste. Cette « exception française » faisait l’objet de mes analyses depuis dix ans. Elle se traduisait, sur le plan doctrinal, dans le PS français par un abandon du socialisme réformateur au profit d’un socialisme de « rupture avec le capitalisme ». Ainsi, Branko Lazitch, juste avant son entrée à L’Express, cite dans un article du Figaro (20 mai 1977), parmi les preuves de cet alignement, une brochure intitulée Petite bibliographie socialiste, éditée par le Parti socialiste. Destinée aux nouveaux adhérents, elle est présentée par Lionel Jospin, secrétaire national et futur premier secrétaire. Ce manuel initiatique présentait la liste des « classiques du socialisme », établie comme suit : 1) Karl Marx et Friedrich Engels ; 2) Lénine ; 3) Jean Jaurès ; 4) Léon Blum ; 5) Rosa Luxembourg ; 6) Antonio Gramsci ; 7) Mao Tse Toung ; 8) Fidel Castro.
A part Jaurès et Blum, qu’il eût été tout de même en France scabreux d’éliminer, et qui sont les seuls socialistes démocrates jugés dignes d’être lus, tous les autres « classiques » retenus appartiennent au courant totalitaire. Aucun des théoriciens du marxisme réformiste et démocratique, tous condamnés par Lénine il est vrai – tels Karl Kautsky, Otto Bauer, Edouard Bernstein –, n’est jugé assez orthodoxe pour figurer dans la liste. En sont tout de même exclus les œuvres des auteurs assassinés par Staline, un Trotsky ou un Boukharine. En revanche, le PS conserve Mao, dont les crimes et l’échec étaient, en 1977, amplement connus, et intronise parmi les « classiques » du socialisme » Fidel Castro, que même les Soviétiques n’avaient jamais élevé au grade de penseur.
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P16 : J’ai haï et fui dès l’âge de raison les manuels d’histoire littéraire dont les auteurs ont l’art de rendre plat tout ce qu’ils touchent et transforment les fleurs les plus éclatantes en grisâtres serpillères. Ce sont de très sûres machines à détourner la jeunesse de tout amour des lettres, à force de réduire les œuvres à des clichés, fussent-ils d’avant-garde. Les fabricants de manuels communiquent aux classiques l’ennui que distille leur propre médiocrité. Quant aux lettres modernes et contemporaines, domaine où la tradition n’a pas encore eu le temps de solidifier un classement sommaire des valeurs, et où il faudrait donc se livrer à une petite exploration originale, c’est là qu’éclatent le mauvais goût et le conformisme à l’égard de la mode la plus bête de ces assassins de la beauté et de la gaieté littéraires que sont les barbouilleurs de manuels. Le manuel tue l’envie de lire.
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Les dialogues de Platon sont à la fois de la théorie et de la littérature, tandis que des charretées entières de romans, de poèmes, de pièces ne sont ni l’une ni l’autre. Louis-Ferdinand Céline (brandit) « le style contre les idées ». « Je ne suis pas un homme à idées, je suis un homme à style », affirme-t-il. D’abord, il fut bel et bien un homme à idées, toutes mauvaises. Ensuite, comment ce prétendu défenseur de la civilisation française peut-il montrer assez d’insensibilité esthétique pour opposer style et idées dans un pays où la littérature compte Montaigne, Pascal, La Bruyère, Bossuet, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Benjamin Constant, Tocqueville, Michelet, Renan, Taine, Paul Valéry ?
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P420 : A la fin des années quatre-vingt, aux Etats-Unis, sévit dans les écoles et les Universités un nouveau genre de terrorisme moral et intellectuel, le (…) « politiquement correct » ; en abrégé le « PC ». Un sigle qui, décidément, n’a pas eu de chance au vingtième siècle. En 1988, le cours d’initiation à Stanford élimine donc Platon, Aristote, Cicéron, Dante, Montaigne, Cervantès, Kant, Dickens ou Tolstoï, pour les remplacer par une culture « plus afrocentrique et plus féminine ». Les inquisiteurs relèguent par exemple dans les poubelles de la littérature un chef-d’œuvre du roman américain, le Moby Dick d’Herman Melville, au motif qu’on n’y trouve pas une seule femme. Les équipages de baleiniers comptaient en effet assez peu d’emplois féminins, au temps de la marine à voile… Autres chefs d’accusation : Melville est coupable d’inciter à la cruauté envers les animaux, critique à laquelle donne indéniablement prise la pêche à la baleine. Et les personnages afro-américains tombent à la mer et se noient pour la plupart dès le chapitre 29. A la porte, Melville ! (…) L’histoire des programmes d’éducation dirigistes (…) se fondent tous sur la mise à l’index de grands auteurs, auxquels les censeurs substituent des auteurs bien-pensants, selon leur point de vue : des serviteurs de la servitude.
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P416 : Mais l’effort intellectuel n’est plus considéré comme indispensable pour devenir un bon étudiant. Déplorer cette omission est devenue « réactionnaire ». La « société » porterait seule la responsabilité du résultat des études. D’ailleurs, on ne dit plus qu’un élève est paresseux, on dit qu’il est « en échec scolaire », fléau anonyme qui s’abat sur le malheureux comme la pluie ou la rougeole. Le bon vieux flemmard a disparu. (…) J’ai toujours goûté, dans les "Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps" de François Guizot (chapitre XX), une Circulaire de la commission de l’Instruction publique aux professeurs des collèges, datant de 1820, qui adressait [aux enseignants] de l’époque de la Restauration cette précieuse et concise exhortation : « Ce n’est point ici un cours de faculté. Le professeur ne peut espérer d’être utile à ses élèves qu’en se mettant toujours à leur portée ; c’est pour eux, et non pour lui, qu’il doit faire sa classe. »
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P271 : Il n’y a pas de culture, il n’y a que des gens cultivés. Il n’y a pas plus de culture en général, hors les individus, qu’il n’y a d’art du piano dans l’abstrait, en l’absence de pianistes. Une culture meurt quand disparaissent ceux qui l’incarnent, non comme institution officielle, mais dans l’originalité unique de leur propre sensibilité, de leur propre intelligence. Le reste n’est que colportage. Selon la sarcastique et pertinente formule d’Etiemble : la plupart des gens, au lieu de commencer une phrase en disant « je pense que », devraient dire « je répète que » (Cours à la Sorbonne sur Le Mythe de Rimbaud en Russie, 1964). La culture se transmet en se renouvelant, entre esprits qui, au lieu de répéter les goûts et les idées reçus, les revivent, les réévaluent et les refondent pour eux-mêmes et en eux-mêmes.
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