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Critique de keisha


Quatrième de couverture :
" 1964 : Au crépuscule de sa vie, Jun Nakayama, qui fut au début du 20ème siècle une star du muet, est tiré de sa retraite par un jeune scénariste. Premier acteur japonais à se produire à Hollywood, il connut l'excitation des débuts du 7ème art, les fêtes fastueuses sur Sunset Boulevard, la passion de quelques comédiennes et l'hystérie des fans... avant d'être confronté à la montée du racisme et à la fin des films muets. Est-ce pour ces deux raisons que sa carrière fulgurante s'arrêta brutalement en 1922?
Le scénariste aimerait faire tourner Jun de nouveau, mais celui-ci se montre très réticent, redoutant que son retour à la lumière ne remue la boue du passé. Car le nom de Jun est associé au meurtre jamais élucidé d'un grand réalisateur, qui avait choqué l'opinion dans les années 20. L'heure semble venue pour Jun d'affronter les fantômes d'hier..."

Jun est le narrateur, entrelaçant le récit de sa vie actuelle en 1964 et de sa carrière au début du siècle dernier, ses souvenirs revenant petit à petit à sa mémoire. On saisit vite qu'il ne dit que ce qu'il a choisi de dire mais pas ce qu'il a - consciemment ou inconsciemment- décidé de taire. Il donne parfois l'impression d'être toujours coincé, sur la réserve, et cette raideur se retrouve (volontairement) dans le style. Nina Revoyr a ainsi bien mis en valeur la personnalité de Jun et toute cette politesse japonaise de l'époque, ces excuses, ces inclinaisons, qui n'empêchent d'ailleurs pas les tensions de percer.
Ce style peut déconcerter mais je pense qu'il correspond bien à la personnalité du narrateur.

Ce Jun qui peut sembler assez imbu de lui-même est finalement poussé à faire une sorte de bilan nostalgique:
"J'ai l'impression d'avoir toujours été planté là, avec le bonheur à portée de main, brûlant de m'en emparer, mais m'en retenant toujours." Oui, beaucoup d'occasions manquées, mais la fin montrera un Jun apaisé et, disons le, heureux.

Le roman présente un merveilleux moment où Jun se lâche un peu, quand il visite avec Hanako sa collègue (et plus s'il avait voulu, hein?) l'extraordinaire Oasis des Livres si bien nommé. Un des plus beaux passages du livre, qui en comporte un certain nombre (l'épilogue, la réaction de Jun quand il assiste à la représentation théâtrale, ...).

La petite intrigue policière qui baigne dans les non dits de Jun est subtilement annoncée au tiers du roman et peut relancer l'intérêt du livre d'après certains avis.

On ne peut passer sous silence le racisme anti -japonais, Jun y fait souvent allusion, tout en niant l'importance du phénomène dans sa vie, mais là encore nous savons qu'il ne dit pas encore tout. Saviez vous que les enfants d'origine japonaise ne fréquentaient pas les mêmes école? Qu'il a existé une "Anti-Jap Exclusion League? Quant à l'interrogatoire de Jun par les policiers, c'est franchement choquant!

Sans oublier l'évocation fort intéressante des débuts du cinéma, où tout était à découvrir. Un monde passionnant.
"Le muet était bien plus qu'un simple prélude au parlant. Il était également une forme à part entière. Nos films compensaient le manque de son par d'autres qualités : la photographie, la mise en scène, le montage, les éclairages, les histoires et, enfin, l'interprétation. Les meilleurs muets étaient des oeuvres subtiles et magnifiques, fraîches et parfois exaltantes. Ces films possédaient une pureté qu'il est impossible de retrouver en ces temps tapageurs, dominés par les effets spéciaux et la parole. Nous qui les créions savions que, comme dans la vie, la partie vraiment essentielle des récits ne pouvait jamais se réduire seulement à des mots. Nous comprenions que les images animées agissaient tels des catalyseurs de rêves et qu'elles étaient plus éloquentes encore lorsqu'elles n'étaient pas paralysées par des voix."

Et là j'ai très envie de revoir des films muets...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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