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Bruno Boudard (Traducteur)
EAN : 9782752903662
376 pages
Phébus (07/05/2009)
3.6/5   20 notes
Résumé :
1964 : Au crépuscule de sa vie, Jun Nakamaya, qui fut au début du XXe siècle une star du muet, est tiré de sa retraite par un jeune scénariste. Premier acteur japonais à se produire à Hollywood, Jun connut l’excitation des débuts du cinéma, les fêtes fastueuses sur Sunset Boulevard, la passion de quelques comédiennes et l’hystérie des fans… avant d’être confronté à la montée du racisme et à la fin des films muets. Est-ce pour ces deux raisons que sa carrière fulgura... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Site des éditions Phebus
Site de l'auteur et micro revue de presse et Article très complet du LA Weekly (en anglais)

Le titre me faisait un peu peur (d'ailleurs je pense que je préfère le titre original, plus révélateur), de même que les divergences des multiples avis de blogueurs francophones (on a ainsi reproché au livre une certaine lourdeur, un style touffu et technique, ainsi que la difficulté à entrer dans l'histoire) mais j'ai néanmoins été ravie de lire cet ouvrage arrivé dans ma boite la semaine dernière.

Les thèmes sont variés et, certains, assez inhabituels: la naissance d'Hollywood avec le cinéma muet qui compensait un handicap technique (pas de son) par une démarche artistique plus aboutie (compensation sur le travail de la lumière, l'utilisation du hors champs, le jeu des acteurs ...), interaction entre le film et les spectateurs, la carrière fulgurante d'un acteur japonais dans des temps difficiles pour les immigrés en Californie (sentiment anti japonais, ségrégation, etc ... la bibliographie indiquée par l'auteur à la fin de son ouvrage est d'ailleurs assez fournie sur ce thème), la nostalgie de la célébrité lorsqu'on est tombé dans l'oubli, la vieillesse solitaire bourrée de remords et d'actes manqués ( en un bref instant j'ai pensé au héros de "Un homme" de P. Roth), l'engagement politique de l'artiste.

Californie, années soixante. Jun est un homme déroulant sa vieillesse solitaire de façon confortable, anonyme et tranquille. Rien, sous cette façade si lisse, ne laisserait deviner que cet homme était une immense vedette du cinéma muet, dont la carrière s'est brutalement arrêtée en 1922.

Et ce, jusqu'au jour ou un jeune homme le contacte afin d'écrire un papier sur lui, à l'occasion de l'inauguration d'un temple du cinéma muet. Il décline au départ cette demande d'interview mais, par orgueil, finit par l'accepter. Mais se faisant, il met le doigt dans un engrenage qui le contraindra à explorer son passé, contacter les quelques anciens collègues toujours vivants, et revivre le drame qui l'a abattu en plein vol, en 1922, et dont il s'est toujours senti en partie responsable. En effet, de crainte que son histoire ne soit révélée, il contacte les protagonistes de l'époque afin de leur demander de rester discrets dans l'hypothèse où quelqu'un viendrait les interroger sur un épisode trouble de l'époque: le meurtre irrésolu d'un réalisateur à succès, meurtre auquel il est indirectement lié.

Je suis vite entrée dans l'intrigue, sans que le style touffu, très richement documenté et illustré ne soit un obstacle. Certes, on ne connaît pas forcément toutes les (nombreuses) références au préalable, mais j'ai eu le sentiment grisant qu'un monde inconnu s'ouvrait à moi au travers des souvenirs de notre personnage, et j'ai beaucoup apprécié cela.

En outre, le style narratif est très vivant, la traduction fluide, les personnages sont étoffés et touchants, et les allers et retours Présent (l'interview, la proposition de film, les déjeuners avec Mme Bradford) - Passé (début de sa carrière, portraits des artistes, relations avec certaines actrices comme Hanako ou E. Banks, ambiance hostile à l'encontre des japonais, le fameux scandale qui mit fin à sa carrière, etc.) ne perdent pas le lecteur.

Le mystérieux événement se dévoile au fur et à mesure, et la "chute" n'est pas trop prévisible (bien que quelques révélations soient de trop, comme celles du policier, qui orientent très fortement le lecteur) , ce qui donne l'impression d'une intrigue bien ficelée.

Le personnage principal, celui de Jun, est souvent irrité ... et parfois irritant. Il est vrai qu'il pêche souvent par orgueil (mais comme l'a dit ailleurs une blogueuse, ce métier en nécessite), mais ce que personnellement je lui reprocherais serait une espèce de veulerie, une tendance au compromis, et surtout une "courte vue" agaçante, en contraste avec le personnage flamboyant et intransigeant incarné par Hanako. Mais son attitude à la fin du livre le rend plus attachant et gomme en partie cette impression.

C'est donc un roman que je recommanderais chaleureusement, à condition de le lire avec enthousiasme, sans quoi la richesse des renseignements et détails techniques / historiques risquent de décourager.

On en parle quasiment partout (c'est un envoi de chez les filles que je remercie à mon tour ainsi que les éditions Phebus), notamment chez (par ordre d'apparition sur google - ce qui vous évitera accessoirement de vous fader les paroles lénifiantes d'une chanson au titre similaire) :
Sylire, Amanda, Leiloona, Lael, Praline, Papillon, Alfie, Cathulu, Clarabel, Vero, Sassenach
Lien : http://lelabo.blogspot.com/2..
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Quatrième de couverture :
" 1964 : Au crépuscule de sa vie, Jun Nakayama, qui fut au début du 20ème siècle une star du muet, est tiré de sa retraite par un jeune scénariste. Premier acteur japonais à se produire à Hollywood, il connut l'excitation des débuts du 7ème art, les fêtes fastueuses sur Sunset Boulevard, la passion de quelques comédiennes et l'hystérie des fans... avant d'être confronté à la montée du racisme et à la fin des films muets. Est-ce pour ces deux raisons que sa carrière fulgurante s'arrêta brutalement en 1922?
Le scénariste aimerait faire tourner Jun de nouveau, mais celui-ci se montre très réticent, redoutant que son retour à la lumière ne remue la boue du passé. Car le nom de Jun est associé au meurtre jamais élucidé d'un grand réalisateur, qui avait choqué l'opinion dans les années 20. L'heure semble venue pour Jun d'affronter les fantômes d'hier..."

Jun est le narrateur, entrelaçant le récit de sa vie actuelle en 1964 et de sa carrière au début du siècle dernier, ses souvenirs revenant petit à petit à sa mémoire. On saisit vite qu'il ne dit que ce qu'il a choisi de dire mais pas ce qu'il a - consciemment ou inconsciemment- décidé de taire. Il donne parfois l'impression d'être toujours coincé, sur la réserve, et cette raideur se retrouve (volontairement) dans le style. Nina Revoyr a ainsi bien mis en valeur la personnalité de Jun et toute cette politesse japonaise de l'époque, ces excuses, ces inclinaisons, qui n'empêchent d'ailleurs pas les tensions de percer.
Ce style peut déconcerter mais je pense qu'il correspond bien à la personnalité du narrateur.

Ce Jun qui peut sembler assez imbu de lui-même est finalement poussé à faire une sorte de bilan nostalgique:
"J'ai l'impression d'avoir toujours été planté là, avec le bonheur à portée de main, brûlant de m'en emparer, mais m'en retenant toujours." Oui, beaucoup d'occasions manquées, mais la fin montrera un Jun apaisé et, disons le, heureux.

Le roman présente un merveilleux moment où Jun se lâche un peu, quand il visite avec Hanako sa collègue (et plus s'il avait voulu, hein?) l'extraordinaire Oasis des Livres si bien nommé. Un des plus beaux passages du livre, qui en comporte un certain nombre (l'épilogue, la réaction de Jun quand il assiste à la représentation théâtrale, ...).

La petite intrigue policière qui baigne dans les non dits de Jun est subtilement annoncée au tiers du roman et peut relancer l'intérêt du livre d'après certains avis.

On ne peut passer sous silence le racisme anti -japonais, Jun y fait souvent allusion, tout en niant l'importance du phénomène dans sa vie, mais là encore nous savons qu'il ne dit pas encore tout. Saviez vous que les enfants d'origine japonaise ne fréquentaient pas les mêmes école? Qu'il a existé une "Anti-Jap Exclusion League? Quant à l'interrogatoire de Jun par les policiers, c'est franchement choquant!

Sans oublier l'évocation fort intéressante des débuts du cinéma, où tout était à découvrir. Un monde passionnant.
"Le muet était bien plus qu'un simple prélude au parlant. Il était également une forme à part entière. Nos films compensaient le manque de son par d'autres qualités : la photographie, la mise en scène, le montage, les éclairages, les histoires et, enfin, l'interprétation. Les meilleurs muets étaient des oeuvres subtiles et magnifiques, fraîches et parfois exaltantes. Ces films possédaient une pureté qu'il est impossible de retrouver en ces temps tapageurs, dominés par les effets spéciaux et la parole. Nous qui les créions savions que, comme dans la vie, la partie vraiment essentielle des récits ne pouvait jamais se réduire seulement à des mots. Nous comprenions que les images animées agissaient tels des catalyseurs de rêves et qu'elles étaient plus éloquentes encore lorsqu'elles n'étaient pas paralysées par des voix."

Et là j'ai très envie de revoir des films muets...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Cinémuet

Ne vous fiez pas au titre, honnêtement, il n'a aucun intérêt ni lien direct avec l'histoire.
L'histoire elle, est intéressante, envoûtante. Au gré de ses souvenirs, le personnage principal nous emmène découvrir le cinéma muet et les premiers jours d'Hollywood. On y découvre les débuts de la technique, le star-système et ses travers, déjà à l'époque, en y croisant des Chaplin et autres vedettes en noir et blanc. C'est délicieusement suranné, délicat. L'atmosphère oscille entre Gatsby et la vieille dame qui raconte sa jeunesse dans le film Titanic. Sont abordés aussi les soucis de la société américaines d'alors, tels que la prohibition, les relations houleuses avec le Japon, et de fait les difficultés d'intégration de la communauté japonaise. La fin est un peu facile...mais on s'en contentera.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Très jolie balade dans le passé, sur fond de meurtre non élucidé. Parce que les stars du muets savaient très/trop bien se taire...

Un dernier mot pour le personnel de la médiathèque de Conflans Sainte Honorine où je me fournis en partie pour mes lectures : merci pour vos mentions coups de coeur, sans lesquelles je n'aurais pas découvert ce roman. J'arrête là ; j'ai l'impression de remercier après avoir reçu un César.
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Nous sommes en 1964. Jun Nakayama est une ancienne star du muet qui se produisait autrefois à Hollywood. Sa carrière s'est arrêtée brutalement en 1922 en raison notamment de la montée du racisme anti-jaune et de fin du cinéma muet. Alors qu'un jeune scénariste contacte le vieil acteur pour lui proposer de tourner à nouveau, ce dernier éprouve le besoin de revisiter un passé qu'il avait choisi d'oublier et notamment le crime jamais élucidé d'un grand réalisateur de l'époque. Nous découvrons à cette occasion que d'autres raisons ont motivé la fin de la carrière de l'acteur.

Je craignais en commençant ce roman d'être un peu perdue dans un milieu que je ne connaissais pas, celui du cinéma muet. Cela n'a pas été le cas, j'ai apprécié la découverte. Je dois dire toutefois que la première partie m'a semblée un peu longue en raison de nombreuses digressions (qui ont leur importance, mais je ne l'ai compris qu'après). Je me félicite d'avoir persévéré car j'ai adoré la seconde partie du roman, concentrée sur les raisons qui ont provoqué la chute professionnelle de l'acteur.

Plusieurs lecteurs de ce roman ont ressenti une certaine antipathie envers Jun, lui reprochant son égoïsme et la haute opinion qu'il a de lui-même. Je ne l'ai pas vu ainsi. Il est certes un peu égocentrique, mais ne faut-il pas l'être pour devenir acteur ? Des erreurs de jeunesse, il en a commis quelques unes, c'est indéniable, mais on ne peut pas lui attribuer la série de catastrophes qui en découlent. Il est loin d'être le seul responsable. On comprend d'ailleurs à la fin du livre qu'il a été berné, voire manipulé. Ses erreurs il les a chèrement payées. On peut lui toutefois lui reprocher son manque de réaction face au racisme ambiant, je suis d'accord.

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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[...] "Si loin de vous", de Nina Revoyr, nous entraîne dans un monde qui m'était totalement étranger. Parce qu'il faut bien le dire, le cinéma muet, je n'en ai que des clichés éculés de personnes avançant trop vites sur l'écran et faisant des grimaces à la caméra ! Sauf qu'à travers son histoire qu'il nous conte sur un mode autobiographique, Jun nous permet de découvrir l'envers du décor et met en lumière toutes les qualités qu'il fallait à l'époque pour être un bon acteur : les sentiments, les émotions, ne pouvaient passer que par l'attitude, les mimiques, la gestuelle, puisque les seuls mots qui accompagnaient les films étaient ceux des inter-titres.

Parrallèlement à cette thématique sur le cinéma muet, Nina Revoyr aborde dans son livre la question de l'anti-japonisme (je suis pas sûre qu'on le dise ainsi, mais on va faire tout comme !) aux Etats-Unis. Ne connaissant rien à la question, j'avoue avoir été étonnée d'apprendre que la Californie était (et est toujours d'après ce que j'ai pu lire depuis) l'un des Etats avec Hawaï ayant la plus grosse communauté japonaise, en raison de l'aspect géographique (les côtes californiennes sont les plus proches côtes continentales par bateau de l'archipel japonais) mais aussi législatif (en 1924, un texte interdit l'immigration japonaise sur le continent, seules les arrivées sur Hawaï sont tolérées).

[...] On ne rechignera pas devant un roman au goût de rêve américain qui nous entraîne en plus dans les rues de Little Tokyo au début du siècle !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« Quatre ans peuvent être toute une vie. Et le monde dans lequel tu t’apprêtes à entrer s’ouvrira sur de nombreux autres mondes […]. Je ne suis pas surpris que tu t’en ailles. De tous mes enfants, tu es celui qui regarde toujours devant lui, qui voit toujours ce qu’il y a après le prochain virage. Mais tu ne dois pas oublier de sentir le sol qui est sous tes pieds. Songe à vivre là où tu te trouves, pas seulement là où tu crois que tu devrais te trouver. Sinon, tu finiras par ne vivre nulle part. »
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Pendant plus de dix ans, et plus particulièrement entre 1915 et 1922, j'ai accordé d'innombrables interviews, posé pour des séances de photographies et été l'objet de nombreux articles dans les revues de cinéma. Les somptueuses réceptions que je donnais dans ma propriété des collines de Hollywood attiraient parfois jusqu'à cinq cents invités, tandis que la première de chacun de mes nouveaux films faisait salle comble dans les cinémas les plus prestigieux du pays. J'étais un personnage aussi célèbre et reconnaissable qu'il était possible de l'être en ce temps-là.
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Quatre ans peuvent être toute une vie. Et le monde dans lequel tu t’apprêtes à entrer s’ouvrira sur de nombreux autres mondes […]. Je ne suis pas surpris que tu t’en ailles. De tous mes enfants, tu es celui qui regarde toujours devant lui, qui voit toujours ce qu’il y a après le prochain virage. Mais tu ne dois pas oublier de sentir le sol qui est sous tes pieds. Songe à vivre là où tu te trouves, pas seulement là où tu crois que tu devrais te trouver. Sinon, tu finiras par ne vivre nulle part.
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