Un soir, au cours d'un dîner, nous avons démarré sur la négation chez Shakespeare pour aboutir à l'impasse d'une virgule qui nous tint éveillés toute la nuit. Mais une virgule qui , suivant sa place, éclairait d'une coloration neuve l'énigme de la destinée humaine, selon qu'elle transformait la phrase en interrogation ou en affirmation : "To be or not, to be, that is the question."La ponctuation classique ("To be or not to be, etc.) consiste en un pas de danse entre la vie et la mort "être u ne pas être) qui questionnait Hamlet. Celle du Gros ("To be or not, to be", etc;) décryptait sous forme de réponse : malgré la '"difficulté d'être", il faut choisir de vivre.
L'antipathie crée des liens.
... Lacan, "Les non-dupes errent". En ce temps-là, aucun autre jeu de mots n'aurait pu mieux me coller à la peau : j'errais.
... l'on ne peut é-clore que lorsqu'on est éjecté de ce qui est clos.
Le coup de pied au cul, c'est l'électrochoc du pauvre.
La jouissance est un état de plénitude qui se suffit à lui-même. C'est pour cela qu'on ne peut rien en dire - si on l'éprouve.
Il fallait avoir l’exceptionnelle envergure de Lacan pour passer d’une rive à l’autre, analyser, se battre, douter, s’indigner, vivre, chercher, jouir, souffrir. Franchir sans dommage les cercles entrelacés des trois ordres déterminés par lui, symbolique, réel, imaginaire. Et dans le retour de la folie, toucher terre à chaque fois dans la rigueur absolue de la parole pleine, intact, afin que tout s’ouvre encore ailleurs, sur autre chose.
Avec Lacan, j’ai appris à nommer les choses. Ne reculant jamais devant un mot, il m’était difficile, dès lors qu’elle valait la peine d’être défendu au titre d’une éthique, de battre en retraite devant une situation. N’ayant plus peur des mots, comment aurais-je pu craindre les choses ?