Là où le tome 2 des "Chroniques des vampires" m'avait réconcilié.e avec
Anne Rice après un premier tome décevant au vu de sa réputation, La Reine des Damnés ramène la série à son niveau d'origine, à savoir quelque chose qui se lit, mais qui n'a rien de transcendant.
Si le début du volume renouait avec les lourds passages mystiques sans queue ni tête chers à l'auteure, là n'est pas son principal défaut. En effet, si les chapitres mettant en scène Lestat en contiennent encore, ceux-ci sont mieux narrés, moins nébuleux.
Non, le vrai problème de la Reine des Damnés, c'est que pendant la moitié du volume (soit près de 400 pages!), on nous rabâche encore et toujours la même histoire, sous forme de puzzle, en insistant au cas où le lecteur bébête n'aurait pas saisi la teneur des rêves, avant, finalement, de nous livrer l'histoire originale en trois morceaux, sur 150 pages supplémentaires, sans vraiment ajouter quoi que ce soit de réellement inédit. Alors, certes, c'est bien beau d'avoir le fin mot de l'histoire sur la genèse des vampires, mais ces 150 pages auraient largement suffi. On a clairement l'impression que le reste ne sert qu'à rassembler les personnages au même endroit...
En effet, toute la fameuse première partie se déroule en même temps que les évènements rapportés dans le livre précédent, et en dépit du fait que l'on change de personnage et donc de point de vue à chaque chapitre, on n'évite pas une importante sensation de redondance, malgré la joie de retrouver certains protagonistes (parfois inattendus), ou d'en découvrir de nouveaux sacrément attachants: le chapitre de Jesse relève à lui seul tout le niveau du livre.
Bref, La Reine des Damnés renoue avec le côté longuet que pouvait avoir Entretien avec un Vampire, mais pas pour les mêmes raisons. le texte manque aussi singulièrement d'émotion, en particulier dans les passages censés en être empreints.
(
Notamment la mort d'Akasha, aussi rapide qu'anecdotique, laissant un méchant arrière-goût de "tout ça pour ça", alors qu'Anne Rice avait prouvé, avec la scène du concert, être capable de donner dans le grandiose, l'épique. Et toute la relation que Lestat entretient avec. de façon générale, "l'amour" que se portent les vampires est rendu de façon assez superficiel, alors qu'il est, au contraire, décrit comme étant très profond. La relation de Jesse et Mael m'avait laissé une grosse lueur d'espoir de ce côté là, mais est totalement passée à la trappe, finalement... dommage. Quant à la légendaire "sensualité" des vampires d'Anne Rice, j'ai beau chercher, je ne la vois encore nulle part.)
En revanche, la fin s'avère bien meilleure, une vraie fin, travaillée, posée, concluant de façon très satisfaisante le dyptique formé avec le tome précédent, voire même la série pour qui voudrait s'arrêter là, sans omettre pour autant de lancer des pistes pour la suite.
Bref si la Reine des Damnés n'a pas été une lecture déplaisante en elle-même, ni une aussi cruelle déception qu'avait pu l'être Entretien avec un Vampire, le livre s'avère très en deçà du précédent, trop répétitif, et, au final, relativement creux.
Peut-être me laisserai-je tenter par le volume suivant un jour, mais, pour l'instant, je n'en ressens pas le besoin ni l'envie comme à l'issue de la lecture de Lestat le vampire. Toujours pas convaincu.e!