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Critique de gruz


Il ne faisait pas bon vivre en 1914, où la Grande Guerre commence sa boucherie et met à genoux les populations européennes. Tarn Richardson place Les maudits à cette époque, dans le nord de la France. En mêlant la grande Histoire avec la petite, celle du quotidien des habitants avec le fantastique. Pour un résultat détonnant !

Vous avez du mal à imaginer une histoire de loups-garous dans les tranchées ? Croyez-moi, vous risquez de changer d'avis, vu la qualité du résultat. Présenté comme un hommage aux séries Z, ce roman se révèle d'une profondeur et d'une puissance plus grande que ça.

Il faut saluer au premier chef l'effort pour recréer l'ambiance de l'époque, et le contexte que l'intrigue va développer. Un travail considérable et formidablement bien mené pour décrire les conditions de cette sale guerre et la vie dans le nord du pays, où les privations deviennent la norme.

Un anglais qui décide de parler de la France du passé, ce n'est pas si fréquent. Il fallait à l'auteur un contexte pour son mélange de genres et son idée un peu folle, loin de beaucoup de livres mettant en scène des lycanthropes.

Au point de l'imaginer comme une trilogie, dont Les maudits est le premier de la série. Une tétralogie même, puisque l'écrivain a proposé ensuite un préquel gratuit sur son site. Nous verrons ce que l'éditeur français Sonatine fera à ce sujet, le deuxième livre sortant en tout cas la même année que le tome initial pour bien rester dans l'ambiance.

Sur le front à Fampoux, petite commune du Pas-de-Calais, deux tranchées se font face sans que rien ne bouge vraiment, à part le pilonnage en règle par les Allemands, chaque nuit, où les bombes pleuvent. Jusqu'à une nuit où le silence se fait assourdissant. Et où les soldats allemands semblent avoir déserté leur position. Et si une réalité plus surprenante se cachait derrière cette fuite incompréhensible ?

La reconstitution est étonnante, le boulot réalisé sur l'ambiance est épatant. Et à côté, ça saigne et ça gicle.

Voilà un roman qui effectivement n'invente pas sa (ses) légende(s) mais en propose un traitement étonnant. L'aspect religieux est étonnement très présent, puisque l'un des personnages principaux est un Inquisiteur, à une époque où ce genre de profil n'est plus sensé exister dans l'Église catholique.

Poldek Tacit est un homme dur, qui peut sembler sans émotion. L'alternance des chapitres entre 1914 et son passé personnel va permettre de découvrir l'homme torturé qui se cache derrière cette fonction d'inquisiteur, à travers son passé terrible. Et aussi ses capacités hors-normes.

Ce n'est pas le genre de la maison que de proposer des protagonistes lisses et bien sympas, mais l'auteur sait néanmoins faire passer des émotions entre ses scènes dures.

C'est vraiment la caractéristique de cette histoire, le mélange de genres. Livre de guerre, récit fantastique lycanthropique. Une grosse dose sur les dessous du Vatican, une louche de purification, et quelques scènes dignes de L'exorciste.

Une explication étonnante sur l'origine des loups-garous ? Et une critique au vitriol de l'Église catholique, des horreurs qu'elle a pu commettre en son nom dans le passé, et toujours en secret durant ce début de siècle.

Le roman propose son lot de scènes crues, mais sans excès. le sang coule, mais pas sans raison. Ce n'est pas un roman au rythme effréné, mais dense (500 pages), et qui permet vraiment de développer des personnages et une intrigue qui a la place de s'étendre.

Avec Les maudits, Tarn Richardson propose un roman atypique, hybride. Livre de genre assurément, mais qui en mélange plusieurs et qui se révèle plus profond qu'il n'y parait, la notion d'humanité et d'inhumanité y étant questionnée.

Méfiez-vous de la pleine lune, vos hurlements risquent d'être couverts par ceux des loups-garous ! Pour la suite, je signe (avec mon sang) pour le tome deux.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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