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Critique de fbalestas


Quatre saisons en quatre pages. Nous sommes en décembre 1943, dans les montagnes italiennes, et le narrateur se souvient. Malgré l’horreur des camps, la nature est très présente.
« Un tiède soleil montait dans le ciel verdâtre pour me réchauffer, et des cheminées du lointain village s’élevait une fumée odorante et légère. Une cigogne arriva sur l’étang à peine dégelé et à ce moment-là je m’aperçus que les bouleaux du bois, là, sous mes yeux, ouvraient, sans ordre de personne, leurs branches printanières en un vert tendre. »
Dans les journées dans le Nord-Est, l’un des cinq chapitres qui composent ce recueil, Mario Rigoni Stern rassemble ses souvenirs de garnison. Enfermé dans un camp de prisonniers tenu par des soldats prussiens, il est installé non loin du campement russe. Malgré les conditions épouvantables, la solidarité entre les soldats russes et l’auteur rend la vie un peu moins sévère et il leur arrive même de se souhaiter un « Buno Natale » le jour de Noël.
Dans la partie III de ces journées, il raconte une scène improbable : pour la fête de la St Hubert, les rares chasseurs restés au village du fond de la vallée ne veulent pas que la tradition séculaire de chasse se perde. Et comme il n’y a plus d’hommes valides, ils ont l’idée de venir demander 3 ou 4 soldats disposés à les aider. Le narrateur fait partie des heureux élus. Commence alors une fantastique chasse au cerf dans le froid transalpin. Avec une surprise finale dont bénéficiera tout le camp quelques jours plus tard :
« Un dimanche de novembre, nous eûmes une surprise, une incroyable surprise, si l’on pense à ce qu’était cette époque : après l’habituelle louche de raves et de patates à l’eau, nous eûmes tous un morceau de viande nappé d’une sauce épaisse, succulente, et un bout de pain noir. C’était le cerf, tout le cerf, que les vieux chasseurs avaient voulu donner aux prisonniers : eux, le trophée leur avait suffi. »
Témoin privilégié de la vie du XXème siècle dans les montagnes de l’Altopiano, Marie Rigoni Stern a été profondément marqué par le passage des deux guerres sur ces territoires.
Les autres récits s’intitulent « Avec le ciel et les forêts », « Saisons de vie en compagnie des abeilles », « Travaux de montagne » ou encore « Le dernier voyage de l’émigrant ». L’auteur y décrit la vie rude des montagnards de l’époque : on y apprend ce qu’est une tourbière, une carrière de marbre rouge, ou encore un four à chaux. On y apprend comment se déroule la vie dans les pâturages, la vie des bergers ou des bûcherons.

Une vie rude, mais toujours en harmonie avec la nature qui l’environne.
Et même si on y pratique la chasse, c’est toujours avec un profond respect pour les animaux. Avec un hommage particulier à tous les chiens qui ont accompagné l’auteur.
Un respect qui est à l’image de ce récit d’une chasse au renard :
« Pour chasser au fusil, en revanche, il fallait beaucoup de patience, et encore plus de résistance au froid, car tout le monde n’était pas capable de rester immobile dans la neige pendant des heures. »
De très beaux récits, qui rappellent le magnifique Vent largue de Francesco Biamonti, par un auteur amoureux de sa région d'origine, le plateau d'Asiago dans la province de Vicence en Vénétie. La nature est au cœur de ses thèmes favoris, à laquelle il rend hommage dans de nombreux ouvrages avec une grande simplicité et sincérité. Hommes, bois, abeilles en est un exemple accompli.



Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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