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Critique de The_Noir


Oui, trois mois ou plus ont passé depuis la fin de ma lecture. Un mois pour oublier le superflu, ressasser l'essentiel, un mois pour trouver des mots et des éclats de lumière au fond de ma mémoire, un mois pour écrire les lignes qui suivent. Mais qu'est-ce que le temps à l'aune d'un poète éternel.

Lire les Élégies se fait à voix haute puis à voix basse puis semble-t-il comme chantée au fond de notre mémoire. Non pas tant pour leur musique mais pour la densité de la parole, l'intensité de celui qui a pris la parole, a osé la prendre pour poser ces vers sur le papier, les suspendre à la légèreté de l'air ambiant.

Ni fredonner ni déclamer, les élégies sont faites pour être, comme une prière, récitées: réciter est noble, cela implique récit et récitant: le récit d'un monde qui naît sous nos yeux, à nos oreilles, le récitant y exprime sa grâce si mélancolique, son don d'apercevoir, de dire cet Ange qui par delà la vie, en deçà de la mort habite notre conscience et exulte.

Cette densité de la parole chez Rilke nous appelle, on lit, relit, relit encore la phrase, le poème, et ce que l'on y relit est neuf à chaque fois, n'a jamais été lu... on redécouvre cette "dansité" qui fait des entrechats autour des lignes sur le papier, qui virevolte autour de notre intelligence du texte.

''Nous, nous infiniment risqués, que de temps nous avons!
Et la mort qui se tait, seule à savoir ce que nous sommes,
ce qu'elle gagne, à chaque fois qu'elle nous baille un prêt."

Ce qui danse et forme le noyau dense des Élégies c'est l'approche lente, prudente mais jamais timorée de la compréhension de l'essence de l'homme et du comment de sa présence au monde. Là est l'Ange, ce terrible mais sublime compagnon de notre identité. Cet Ange qui ne nous répond pas sinon par son invisible présence.

Quant aux Sonnets, écrits dans la même période, il s'affirment comme une remontée vers la lumière, une catharsis contre cette profonde descente dans l'âme humaine. Ainsi ce XXIe sonnet:

"Voici le printemps revenu. La terre
semble une enfant qui sait des poésies ;
beaucoup, ô beaucoup... Apprendre fut long
et pénible, elle en est récompensée."

Ce temps donc entre ma lecture et l'écriture de ces quelques lignes fut le temps pour l'Ange de se retirer à pas feutrés.
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