La parenthèse incandescente

Je me suis enfermée dans les toilettes du Café du Nord. Les basses assourdies faisaient vibrer les murs. J'ai lu sa lettre du début à la fin puis j'ai posé le téléphone contre ma poitrine en fermant les yeux. Un petit moment d'éternité. Ils étaient si rares, celui- là serait peut-être mon dernier.

Au cours des années que j'avais passées à ses côtés, d'abord en tant qu'amie fidèle puis en tant qu'épouse fidèle, j'avais cru que le mensonge était une prouesse irréalisable.
Finalement, j'en étais tout à fait capable, du moins sur le moment. J'ignorais encore que les mensonges devenaient des cancers, avec le temps.

Pendant deux heures, nous avons joué avec les mains et les mots. Si j'évitais l'acte sexuel, cela n'avait rien à voir avec cette idée stupide selon laquelle les préliminaires ne constituent pas une infidélité. Simplement, je prenais mon temps, une étape après l'autre, et comme nos attouchements me procuraient une ivresse que je n'avais jamais connue, même durant le coït, attendre ne me pesait nullement.