Je suis une fille ordinaire. J’ai été ordinaire toute ma vie. Mais à certains moments je me sens extraordinaire. Invincible. Capable de vaincre n’importe quelle peur et de sortir de ma zone de confort. Ce ne sont plus des illusions, je ne vis plus dans l’imaginaire. Je suis capable de grimper une barre de douze mètres. Je peux voler à vingt-cinq mètre de hauteur. Je peux toucher les étoiles.
Je vis un rêve.
Chaque jour. Avec lui.
-Pendant longtemps, je ne savais pas pourquoi je te voulais auprès de moi. Je savais que tu m'attirais, mais il n'y avait pas que ça. Ton énergie, ton idéalisme, ton optimisme… ces choses me manquaient. Pendant des années, j'ai recherché ces choses qui me rendaient vivant chaque samedi soir.
Pendant son after-show. Le seul moment où il s'autorise à lâcher du lest et se sentir libre.
- J'ai réalisé, continue-t-il à voix basse, que tu étais mon samedi soir. Etre avec toi me donne l'impression d'être à nouveau vivant.
- Un jour tu m’as demandé si c’était possible d’aimer deux choses autant l’une que l’autre, me rappelle-t-il. À l’époque... je ne le croyais pas. Je n’ai jamais aimé personne autant que j’ai aimé être sur scène, ce soir, avec toi.
Il lève la tête vers le plafond et ses lumières suspendues tandis que de la fausse neige virevolte délicatement autour de nous.
Le cirque. Sa famille.
- Mais j’ai trouvé la forme d’amour la plus vraie, la plus pure. Ce sont deux amours qui peuvent vivre en harmonie.
Il baisse les yeux vers moi.
Je lève les yeux vers lui. Mon cœur s’envole.
- Le cirque, et toi, murmure-t-il. Amour Amour.
Deux amours. Deux passions. En parfait équilibre.
Je le sens moi aussi, enfin.
Il me met à nu, couche après couche, comme s’il défaisait un lit. Avec précipitation. Sans faire attention au matelas en dessous. Ça me rend nerveuse, vulnérable.
Je fais confiance à cet homme.
Je lui confie ma vie.
Mon cœur.
Mon âme.
On traverse les vies des uns et des autres, laissant des empreintes derrière nous. Certaines petites, d’autres plus grandes, mais il y a toujours une trace. On ne peut pas la faire disparaître d’un coup de balai.
Le cirque, c'est la famille.
- [...] Souvent il m'est arrivé de me réveiller et de me demander... c'est tout ?
Je marque une pause.
- Est-ce cela ma vie ? Ou suis-je censée vivre quelque chose de plus excitant ?
- Mon coeur est ici..., commence-t-il.
Il caresse mon cou de son pouce.
- ... et il est plein d'amour.
« Avec elle, et seulement avec elle, le mort en moi devient vivant. »