Dans le présent roman, Augusro
Roa Bastos dresse le portrait halluciné, déjà esquissé dans
Fils d'homme, son premier opus, de José Gaspar Rodríguez de Francia, « Dictateur suprême et perpétuel » du Paraguay, véritable père de la nation. L'homme d'état, nourri des Lumières, d'un jacobinisme austère et intransigeant, assura la stabilité, l'indépendance et la souveraineté de son peuple face aux ambitions portègnes et aux appétits de l'Empire Lusitano-brésilien.
Comme dans son premier roman où l'auteur s'affranchissait des cadres spatio-temporels,
Moi le suprême, présente l'aspect d'une narration éclatée, itérative, schizophrénique traduisant la solitude radicale de la toute-puissance du despote, prisonnier de lui-même dans l'atmosphère délétère et méphitique de son omnipotence. C'est un récit foisonnant, d'une extrême ambition dans sa forme et dans ses proportions, qui par cela même s'avère exténuant pour un lecteur moyen, peu au fait de l'histoire du Paraguay et qui n'est pas aguerri aux débordements baroques du roman latino-américain. Cuidado !
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