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Critique de Page1382


Si vous êtes amateurs d'interdisciplinarité, des lectures croisées et de la réflexion qui passe à l'action, vous vous approchez de votre prochaine lecture. le postulat de base est que puisque ce qui affecte notre environnement, notre concurrent, notre voisin nous affecte également, autant agir selon les principes de respect et d'excellence car chacun en récoltera le bénéfice. L'idée a le mérite d'être très simple, accessible à tous et exploitable de mille façons.
En quelques chapitres très bien structurés, l'auteur développe le thème de la lassitude par rapport à une concurrence teigneuse et incite aux développements de cercles vertueux. Si vous êtes amateurs de citations, préparez-vous à un plaisir de gourmet car elles sont nombreuses ; personnellement, je viens d'acquérir 'Surveiller et punir' de Foucault grâce à l'évocation qu'en fait Loïck Roche et j'adore le fait qu'un auteur me donne envie d'aller lire ailleurs.
Quant au message, que vous soyez yogi, chimiste ou enseignant, vous comprendrez aisément que :
 Plus de paix en moi, c'est plus de paix dans le monde => pour tous les gens que je croise aussi puisque 'ma paix' rayonne;
 Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme => la jalousie, l'hyper-compétition, la concurrence de tous contre tous se transforment puisqu'elles créent des dépressions, des épuisements professionnels, du chômage. Ces conséquences négatives sont subies par tous, que ce soit directement par le biais du remplacement des collègues en souffrance ou indirectement via le financement de la sécurité sociale ;
 Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites => la violence faite aux autres, qu'elle soit martiale ou économique, me/nous frappe aussi puisque les demandeurs d'asile affluent, les démunis se tournent vers les institutions publiques, les victimes peuvent devenir bourreau ou encore kamikaze ;
 Bref, mieux vaut allumer une chandelle que pester contre l'obscurité, etc.
C'est évidemment bien mieux formulé dans l'ouvrage que je vous incite à lire pour ses vertus salutaires. L'opposition entre l'éthique de conviction, qui n'engage à rien, et l'éthique de responsabilité, qui force le respect, est un concept fort porteur qui devrait être soumis à la réflexion de nos édiles (voir citations).
Il me faut toutefois formuler certains avertissements ou plutôt quelques réserves.
Tout d'abord, le sous-titre "Les clés pour réussir le monde de demain" et la taille modeste du livre m'ont fait penser à certains articles du Reader's digest des années 1980 qui promettaient de doubler son cercle d'amis en 15 jours ou de perdre 30 kilos sans jamais les reprendre. Si des jeunes loups aux dents longues acquièrent le titre dans l'espoir de devenir le maître d'un bassin de requins, ils s'exposent à certaines déceptions... Quoique, vu la formation de l'auteur et une partie du "public cible" (hautes écoles françaises soit l'image d'Epinal de l'hyper-concurrence), ce malentendu est peut-être le résultat d'un marketing machiavélique qui serait fort réjouissant. Un bémol à cette critique s'impose, le quatrième de couverture est un excellent résumé et devrait écarter les lecteurs les plus enclins à être déçus par cet ouvrage.
Ensuite, la lisibilité du livre est une montagne russe. Certains passages pourraient être exploités avec fruit auprès d'élèves d'école primaire en cours d'éducation civique, d'autres nécessitent une formation philosophique plus poussée que le bac +6 en sciences humaines dont votre humble commentatrice dispose. Ainsi, les références à Paul Ricoeur et Jérémie Rostan (p.26) m'ont rappelé que mon examen de morale en deuxième candidature avait été réussi dans la douleur. Une leçon d'humilité peut être fort enrichissante, en tout cas en termes d'idées de lecture ou de piste à exploiter, mais c'est également assez déconcertant et ces variations pourraient inciter certains lecteurs à retrouver la constance ou l'accessibilité, que ce soit grâce à Spirou ou Schopenhauer.
Enfin, ma dernière critique porte sur la dimension franco-centriste de l'ouvrage qui aurait pu être atténuée. Certes, chaque lotissement est décrit comme la partie d'un lotissement plus grand et certains passages liés à l'écologie ont une vocation universelle. le départ de l'ouvrage est un conflit de voisinage (ou une querelle de fratrie ?) entre établissements d'enseignement voisins et il convenait de bien planter le décor pour ouvrir le débat. Mais la capacité des espagnols à s'indigner, celle des grecs à tout remettre en question et celle des belges à faire grève (quoique, la supériorité française en matière de grève impose pour l'instant le respect) pour n'en évoquer que quelques unes peuvent donner aux débats contenus par l'ouvrage une dimension bien plus grande.
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