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Critique de PhVl


J'imagine – et je dis bien « j'imagine », ça n'a donc aucune prétention de réalité, c'est juste une façon de parler du livre – j'imagine donc l'auteure en train de se reposer au milieu d'une course en montagne, dans le vallon de Susanfe ou un de ses voisins, et se dire soudain, presque malgré elle en regardant les sommets qui l'entourent : « et si, après tout, il n'y avait que ça ? S'il ne restait plus que cela, ce panorama à contempler, pour toujours ? », en même temps que naît en elle, à la faveur de la fatigue de la marche et de la plénitude dépouillée que nous procurent ces instants, cette idée folle que cela pourrait lui suffire, qu'elle pourrait même aspirer à cela, comme à un repos, celui de la simplicité, de l'immanence, du réel enfin rencontré. Poser le fardeau, être là et regarder la montagne changer et se reproduire à l'infini au gré de la course du soleil – chaque jour – et du cycle des saisons – chaque année.
Ce roman serait la trace, après un certain temps et beaucoup de réflexion et d'invention qui sont le travail de la romancière, de cette légère et fugitive hallucination pas totalement dissipée, mise en musique et habillée d'une catastrophe écologique balayant sur son passage la quasi-totalité des biens matériels terrestres, bien sûr, mais aussi, on s'en rend compte progressivement, des choses moins tangibles et peut-être plus profondes comme la science et la culture, la capacité à se projeter dans l'avenir, l'utilité des rites et croyances, tout ce qui fait l'humanité de manière bien plus décisive que la pierre bâtie et les avancées technologiques.
Le style de Noëlle Roger, bien sûr, a cent ans et fait parfois son âge. Les personnages qu'elle construit pour porter ses réflexions manquent parfois de substance au-delà de ce qu'ils symbolisent (le savant, le paysan, la jeunesse, la famille, la bonté ou la blessure…) ; l'épisode presque final de l'hôtel est incongru, peut-être superflu, pas très abouti en tout cas, mais la peinture de la catastrophe, dans les premiers chapitres, est très vivante et prenante, et une fois celle-ci advenue, la réflexion de la romancière est très bien posée, et on se prend fréquemment à adhérer à son propos, et plus intéressant encore, à se demander avec elle : « c'est vrai, et si … ? ».
J'ajoute pour fini que la lecture de ce livre aura coïncidé et résonné avec, d'une part, la survie des quatre enfants colombiens durant quarante jours en pleine jungle, et d'autre part le visionnage de la première saison de la série télévisée « Abysses ».
Lien : https://www.bookcrossing.com..
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