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Critique de GaletteSaucisse


Après « Qu'est-ce qu'on mange ? » et « Où c'est qu'j'ai foutu ces putains de clefs ? », la question que l'être humain se pose le plus dans sa misérable existence, c'est bien : « C'est quoi, la mort ? »

Enfin, j'imagine que l'être humain se demande souvent ça. En tous cas, moi, oui.

C'est donc en toute logique que je me suis tournée vers ce livre, en me disant que si Jules Romains choisit d'en faire le sujet d'un de ses romans, c'est que je vais avoir une réponse.

Enfin, au moins un début.

L'ami Jules y sera-t-il parvenu ? Je tâcherai de répondre à cette question un peu plus bas.

Bon. Déjà, l'histoire.

Ça se passe au début du XXe siècle, vers 1908, par là. C'est l'histoire d'un mec qui s'appelle Jacques. Jacques habite à Ménilmontant. Jacques n'est plus tout jeune – environ soixante-cinq balais –, il n'a pas d'enfants, et il est veuf depuis cinq ans d'une femme de laquelle il était semble-t-il encore très attaché.
Il a encore ses parents, de très très vieux parents, des paysans qui habitent dans le Velay. Mais ses parents, Jacques ne les voit pas beaucoup.

Oui, sur le plan de la solitude, Jacques cumule un peu.

Le problème, c'est qu'un après-midi, alors qu'il s'ennuie, Jacques se dit qu'il n'est jamais monté sur la haute plate-forme du Panthéon. Donc il y va. Sauf qu'il a oublié de mettre une écharpe. Il prend froid et meurt dix jours plus tard. Seul, comme il a toujours vécu depuis la mort de sa femme.
Et là, paf, voisins, anciens collègues de travail, membres d'associations que Jacques côtoyait avant de mourir seul comme un chien et quelques anonymes, qui de son vivant le remarquaient à peine, se souviennent brusquement de lui. Comme par magie.

Oui, ça paraît être un livre super gai, le genre à être lu un dimanche soir pluvieux, quand il fait tout gris, avec la grosse voix de Jean Ferrat en fond sonore qui te chante « Nuit et brouillard » des larmes dans la voix.

(Non non, ce n'est pas du vécu...)

Eh bien, sur le papier, je trouve que c'est pas mal. C'est un livre dont le sujet parle à tout le monde. On a tous un voisin qu'on croise vaguement dans la cage d'escalier et qu'on salue machinalement. Et puis un jour, quand il meurt – ou qu'il est laissé pour compte dans une maison de retraite, donc décédé, en quelque sorte –, on s'aperçoit qu'en fait, on l'aimait bien. Et au fond, on est tout triste qu'il soit parti.

Bah là, c'est le cas. Jacques Godard, c'est ton oncle, ton père, ton voisin. Et Toi. Eh oui. On est tous un peu insignifiant, un peu inconnu. En somme, on est tous le Jacques Godard de quelqu'un.

(Même si j'espère quand même que tu ne mourras pas tout seul dans ton lit, et que l'amour que les autres te voueront ne sera pas qu'un amour posthume.)

Alors, Mort de quelqu'un, bien ou pas ?

Eh bien, mitigé.

Ce n'est pas un mauvais livre, m'enfin... Ça ne casse pas trois pattes à un canard, quoi.

L'écriture, bon. Je n'ai pas réussi à m'y plonger dedans, mais c'est possiblement dû au fait que pendant que je le lisais, mes voisins étaient en train de se disputer. J'ai cru comprendre qu'une jante de voiture éclatée sur un trottoir était en cause.

Par contre, le message est très intéressant. L'émotion pitoyable des braves cons qui ne commencent de se soucier d'un pauvre bonhomme qu'au moment où il est mort est très bien dépeinte.

Alors, l'ami Jules a-t-il réussi à répondre à l'un des questionnements les plus propices à l'insomnie ? Bonne question. Moi-même j'ignore la réponse.

Oui, le développement est bien. Oui, le sentiment étrange des voisins qui savent qu'un homme est mort en les murs de leur maison et qui continuent de dîner, travailler, rire, faire l'amour, en bref : vivre, est très bien retranscrit. Oui, les réflexions du père de Jacques sur la mort et donc le deuil de son fils sont intéressantes, et presque émouvantes.

Mais presque seulement. Je n'ai pas eu l'émotion que j'attendais. A certains moments, une petite larmichette commençait à pointer le bout de son nez, puis finalement elle disparaissait. Et pourtant, je puis assurer que je peux avoir la larme facile. Mais par moments, l'écriture est trop lourde, désagréable à lire, et donc je n'arrivais pas toujours à saisir ce que l'auteur voulait dire.

Je pense notamment au dernier chapitre du livre. Si j'ai bien compris, un an plus tard, un jeune homme ayant assisté aux funérailles de Godard se surprend à se souvenir de ce jour, alors qu'il ignorait tout du défunt – n'ayant fait qu'accompagner son père.
Le jeune homme est perdu, voudrait fuir le monde et courir « jusqu'à la courbe de l'horizon » (ce n'est pas moi qui le dit...). Et le voilà qui se met à penser à Godard, quand tout le monde l'a oublié.

De l'épilogue d'un livre ayant pour sujet la mort, le deuil, et la vie des vivants une fois qu'un gus a tiré sa révérence, je m'attendais à une apothéose en matière d'émotions, mais là, non. Au contraire, je regardais avec envie les dernières pages restantes et ne lisait plus qu'en diagonale, bien plus intéressée par le chat qui avait établi ses quartiers sur mes genoux que par le livre que j'avais entre les mains. Ce qui est bien dommage...
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