Lorsqu'on passe ses journées devant un ordinateur, un stylo devient un objet suranné.
Parler "femmes" était tout un art. Nous ne nous en privions pas.
Avais-je le droit d'attendre la mort d'un autre pour pouvoir revivre ? Avais-je le droit d'espérer ?
Je le suivais à la trace tel un poisson pilote dans le sillage d'un grand requin blanc, et je jouissais de son amitié et de sa protection comme d'un privilège. Généreux, il me cédait de temps en temps une de ses conquêtes peu farouches comme un seigneur jetterait les restes d'un festin à son fidèle serviteur.
Je ne m'arrêtais jamais dans un square, où j'aurais pu me reposer un peu, s'il faisait beau. Peuplés de pigeons sales, de mères de famille proprettes, de retraités bavards, d'enfants bruyants, de poussettes regorgeant de braillards, j'évitais ces petits carrés de verdure fanée et de sable poussiéreux.
Elle prit le large, m'abandonna sur la plage de l’Écluse à Dinard comme on laisse une voiture en panne au bord d'une route déserte.
L'enregistrement de l'annonce d'accueil m'avait donné quelques soucis. Déclarer d'un ton désinvolte et joyeux : "Bonjour, vous êtes bien chez Bruce Boutard ! Je ne suis pas là, mais merci de laisser un message après le bip sonore ! Je vous rappelle ! A bientôt !" ne me convenait pas. J'optai pour un sépulcral : "Ceci est un répondeur. A vous." On me reprochait souvent la froideur expéditive de ce message. Mais elle me plaisait.
- tu ne m'aimes plus ? bredouilla - t- elle comme une fillette punie.
J'embrassai son front.
- J'aime ce que nous avons été, mais pas ce que nous sommes devenus.
Et avec ces mots un peu enigmatique, je la renconpagne à la porte.
[...] Je me suis couché, seul et fatigué.
Une certitude m'a effleurer juste avant de m'endormir.
Celle qu'il ne me reste plus très longtemps à vivre.
"[...] j'ai une préférence pour une approche plus humble de la musique de Mozart. Ne trouvez-vous pas, [...], qu'elle ressemble avant tout à la vie ? Elle est à la fois gaie et triste, optimiste et pessimiste, vivace et morbide. [...] La vie est ainsi."
Je suis malade de toi, ma souffrance s'appelle amour