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Critique de elea2020


J'ai beaucoup apprécié ce premier recueil, qui nous présente deux nouvelles assez longues : Un Autre monde et Les Navigateurs de l'Infini, suivis de deux nouvelles brèves, le Jardin de Mary et Dans le Monde des Variants.

Je ne connais pas la littérature de l'auteur, n'ayant pas lu La Guerre du feu, mais j'ai découvert avec plaisir ces récits de la toute-première science-fiction, quoique l'ensemble de ces récits soient postérieurs aux ouvrages de Jules Verne. Avec Un Autre Monde, comme avec Dans le Monde des Variants, nous sommes confrontés à deux héros qui ont un statut intermédiaire - ils ne sont pas seulement humains, mais possèdent des sens différents, et sont capables de percevoir un monde connexe, peuplé d'espèces différentes. D'une certaine manière, il s'agirait davantage d'un récit merveilleux, adoptant un cadre marqué par le réalisme scientifique. L'auteur a fait des études dans le domaine des mathématiques, des sciences physiques et sciences naturelles, et son intérêt pour les différents règnes, végétaux ou animaux, ne manque pas d'apparaître, ainsi que pour les sources d'énergie. L'appartenance du personnage principal aux deux mondes est important, cela lui confère une identité mystérieuse, qui dans le premier cas attire l'attention d'un scientifique éminent, ce qui donne un but à son existence, une nouvelle famille, et dans le second cas, intéresse un être variant femme, et lui donne une approche de l'Amour Variant, très différent de l'Amour Humain (bestial selon l'auteur).

J'ai particulièrement été intéressée et intriguée par Les Navigateurs de l'Infini, qui m'a paru, pour l'époque, d'une grande modernité. Trois astronautes se rendent sur Mars pour un programme d'exploration et d'étude dans leur astronef, le Stellarium. Etant tous trois scientifiques, ils prennent des mesures, étudient le terrain, se posent des questions sur les différentes espèces rencontrées, font des expériences... L'intrigue progresse doucement, si tant est qu'il y ait une intrigue. le récit n'est pas dénué totalement d'action, car nos trois hommes sympathisent avec des Martiens qui ont au départ capturé l'un d'eux sans lui vouloir de mal ; ils apprennent à développer un langage par signes, les Martiens n'ayant ni nez, ni oreilles ni bouche. de fil en aiguille, les Terriens aident les Martiens à résister à l'invasion des Zoomorphes, dont les "colosses" sont trop forts pour eux. J'ai noté une volonté manifeste de l'auteur d'imaginer "complètement autre chose" pour caractériser ses Martiens, et la rencontre entre ces deux mondes ne manque pas d'intérêt ni de charme. D'ailleurs, le narrateur tombe amoureux d'une Martienne, Grace. Là encore, l'Amour n'est pas un acte, la conception et la procréation d'un enfant sont comme désincarnées. Il semble que J.H. Rosny aîné ait eu certaines obsessions curieuses quant à l'amour ou au sexe, un dégoût affirmé du charnel, et en même temps une libéralité anarchique des moeurs - les Martiens ne sont pas monogames, ils ne connaissent pas la jalousie. Ces thèmes, comme celui d'une civilisation (martienne) finissante, sur le déclin, sont toutefois bien en phase avec l'écriture, accessible et lyrique en même temps. C'est vraiment plaisant à lire, même si c'est assez pauvre en action, mais plutôt développé en observation, réflexion et imagination.

Enfin, le Jardin de Mary est une très courte nouvelle, plutôt à part, qui présente une vision magique du ciel, des constellations, et de la mort ; elle n'est pas à proprement parler un récit de science-fiction.

Je vais lire le deuxième tome, car je suis assez curieuse d'une vue plus étendue de ses oeuvres, et contente de découvrir cet auteur français, assez atypique et précurseur.
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