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Critique de jeranjou


Patron, vous pourriez me remettre une tranche d'histoire des Etats-Unis dans les années 30 !

Direction le sud Ouest des Etats-Unis. « Une poire pour la soif » relate l'histoire peu banale d'un roadhouse, sorte de bar-restaurant, station-service, hôtel et dancing, qui voit converger une population très hétéroclite venant de Corinth principalement. Ce roman écrit par l'auteur américain James Ross est paru en 1940 sous le titre original « They Don't Dance Much ». Ross voulait surement faire référence au fait que les clients du Roadhouse, préféraient largement la boisson à la danse !

Le titre en français possède une toute autre signification qui ne m'était pas familière. « Garder une poire pour la soif » est une expression française issue du XVIe siècle signifiant « en mettre suffisamment de côté pour assurer des besoins futurs ». Il est amusant de signaler qu'en Belgique (1), en Espagne ou aux Pays-bas, on garde une pomme pour la soif !

Mais revenons à nos moutons… Dans cette période de crise dans les années 30 aux Etats-Unis, il est très difficile de gagner sa croûte et encore plus ardu d'épargner pour faire face aux difficultés à venir. La culture du coton, qu'exerce Jack McDonald, le narrateur de l'histoire, s'avère une catastrophe cette année. Ne pouvant plus payer ses dettes, il décide de tout arrêter et vendre ses biens pour accepter la proposition d'embauche de Smut Milligan, l'heureux propriétaire d'un flambant Roadhouse tout neuf, intégralement payé à crédit par l'intermédiaire d'une banque de Corinth.

Son Roadhouse fonctionnant pourtant à merveille, Smut Milligan n'arrive pas honorer les échéances de son prêt et, pire encore, perd beaucoup d'argent aux jeux, initialement dans le but de se refaire. Pour couronner le tout, Smut fait tout pour plaire à la belle Lola, la femme de l'homme le plus riche de Corinth. Ainsi, pour faire face à ses dettes et ses nombreuses autres dépenses, Smut élabore un plan macabre pour dérober de l'argent. A vous de découvrir la suite à travers le récit de Jack, la bonne poire de l'histoire…

Quel dommage que James Ross, journaliste, n'ait pu publier que ce roman, s'avérant être un flop commercial à sa sortie ! Que j'aurais aimé pouvoir continuer à scruter cette Amérique rurale et rustique, décrite sans concession aucune par James Ross. La corruption de fonctionnaires et les trafics en tous genres gangrènent complètement l'économie. le roadhouse, avec ses jeux clandestins, sa gnôle de contrebande et sa location de cabines pour les liaisons extra-conjugales symbolise à lui seul cette époque révolue.

Au fil des pages, j'imaginais complètement ces personnages pas très catholiques, buvant comme des trous le week-end, abusant du crachoir comme ce n'est pas permis et mettre une pièce dans le nickelodéon, sorte de sténographe, pour écouter les vieux tubes de l'époque pour oublier les turpitudes de leur existence.

Comme vous pouvez le deviner, j'ai adoré ce style peu académique et très noir. A travers le quotidien de Smut et Jack, l'auteur a su également distiller une intrigue déconcertante et très éloignée des polars classiques. Pour ma part, je n'imaginais pas du tout une telle fin aussi cynique. La poire (ou la pomme pour les belges) sitôt terminée, j'aurais tellement aimé que l'on m'en serve une nouvelle tranche pour étancher ma soif de roman noir…

(1) Nos amis belges pourront confirmer ou infirmer cette expression avec la pomme plutôt que la poire.
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