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Le meilleur de James Ross. le seul et unique également, ceci pouvant expliquer cela...

Smut Milligan pensait qu'ouvrir un Roadhouse en cette contrée quasi désertique de Caroline du Nord touchée par la "grande dépression " l'aiderait à se refaire la cerise. Pas facile d'envisager de renflouer les caisses lorsque l'alcool et les jeux y sont aussi bienvenus que la peste et le choléra. Aidé de Jack McDonald, qui n'a pas de ferme, et de quelques autres paires de bras tout sauf vaillantes, il est bien décidé à faire tourner son tripot afin d'honorer ses échéances. Problème, vouloir n'est pas forcément pouvoir. Pas défaitiste pour un sou, Milligan met alors en branle son plan B en enrôlant McDonald à l'insu de son plein gré, Virenque n'étant pas dispo ce jour-là, dans l'optique de se réserver une petite poire pour la soif, histoire de retrouver la pêche. Bienvenue dans le monde sordide et crapuleux de Smut l'entourloupe.

Le contexte économique semble aussi prometteur que l'avenir de nos deux principaux protagonistes. Seule perspective envisageable, ce mur qui se profile dangereusement un peu plus chaque jour. Smut picole trop, joue trop, flippe trop, finit fatalement par déconner, faisant de Jack une victime collatérale.

L'ambiance de ce roman est d'une noirceur profonde et d'une amoralité absolue.
Dans le comté de Corinth, tout le monde se pratique depuis la nuit des temps. L'on s'estime, se déteste, s'envie, se trompe allègrement tout en faisant comme si de rien n'était. Une Poire pour la Soif y décrit formidablement tous ces liens invisibles qui pourtant les unit, liens annonciateurs d'une tragédie sans précédent.

Ce fait avéré, Ross disséquera habilement, et sans parti pris aucun, les états d'âme diamétralement opposés de nos deux " as " du crime que plus rien ne rattache si ce n'est ce fait divers sanglant un certain 31 février, à 15h58 PM, in the morning...

L'écriture de Ross tient presque de la Rolls.
Grosse faculté à vous en mettre plein la vue. Tenue de route irréprochable.

Si l'envie soudaine et lumineuse vous prenait de vouloir vous balader dans un bled paumé, gangrené par la misère, l'alcool, le jeu et la convoitise, alors James Ross devrait parfaitement remplir le cahier des charges...
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Fin des annees 30, les annees d'apres la grande depression. Une petite ville perdue de la Caroline du Nord et ses environs immediats. Tout le monde se connait, ou presque, tout le monde s'envie, tout le monde essaie de rouler son voisin, ou presque. Chacun essaie de survivre, et pour tirer ses marrons du feu tous les moyens sont bons. Ou presque? Ben voyons!

Y'a pas comme les amerloques pour extirper de ca un bon polar. Et y'a pas comme James Ross pour le shooter en beaucoup plus que ca.


Le narrateur, Jack McDonald, crible de dettes, doit abandonner son petit lopin de terre pour travailler dans une station d'essence que le patron rehausse en roadhouse, un etablissement ou on peut boire, manger, boire, danser, boire, jouer, boire, et plus si affinites. Mais ses difficultes financieres amenent le patron a tenter un mauvais coup pour se faire de l'argent, un coup macabre ou il entraine Jack. A partir de la, le roadhouse devient le centre du recit, ou passent toutes sortes de personnages, des clients des environs, des jeunes qui viennent faire la bringue, la femme d'un magnat de l'industrie en quete d'emotion fortes, un sheriff corrompu qui doit enqueter mais dont le seul souci est de se faire reelire, et jusqu'au grand maitre de la politique locale, le prototype du maffieux. On parle beaucoup, de base-ball, de baise, les rumeurs et les nouvelles se propagent dans les vapeurs d'alcool, et la tension monte entre nos deux comperes, qui se surveillent, essaient de se rouler et finissent par se hair. Et Ross fait monter la tension sur l'incertitude ou ils vivent jour apres jour, jusqu'a la fin, en un denouement qui ne fait que nous ramener en arriere, au debut, car en ce coin d'Amerique rien ne peut changer vraiment, le reve americain n'est qu'un reve.


Ross nous donne quelque chose de tres different des hardboiled de l'epoque, abondants en bagarres, en coups de feu, en poursuites. Ici pas de grands malfrats, pas de grands detectives, que des paumes. Plus que le recit d'un crime – car il ya quand meme un crime – ce qui interesse Ross c'est de presenter et decrire les nombreux personnages qui peuplent sa narration. Et son regard sur ce petit univers est empreint d'une tendresse amere et triste: pour se tirer de la misere tous les moyens semblent valables, et beaucoup ne sont diriges que par la cupidite, mais cela aussi est humain.

En fait Ross, bien qu'il ecrive un polar, est plutot a rapprocher du Caldwell de la route au tabac et du Petit arpent du bon Dieu, du Steinbeck de Tortilla Flat et de Rue de la Sardine, decrivant la precarite d'une epoque et des tentatives de survie plus ou moins picaresques. Plus tard, dans une veine proche, Charles Williams ecrira son celebre Fantasia chez les ploucs. Et surement aussi le Pottsville 1280 habitants de Jim Thompson est a rapprocher de cette veine. Ross n'a pas l'humour ou excellera Williams, mais il a un style bien a lui, minimaliste, concis, nerveux. Les dialogues sont muscles, comme les relations entre les differents personnages, et les descriptions extremement visuelles, de vraies photos ou de vraies scenes de films. Hemingway ne desavouerait pas ce style car meme les descriptions sont comme de l'action.


Je n'arrive pas a comprendre comment ce livre a connu un insucces notoire a sa parution en 1940. A tel point que personne n'a voulu publier d'autre chose de Ross. Il est reste l'homme d'un seul livre. Ce n'est que des dizaines d'annees plus tard qu'il a trouve une audience grandissante, toutefois moins grande que celle qu'il merite. A mon humble avis. Parce que pour moi, c'est un must.
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Patron, vous pourriez me remettre une tranche d'histoire des Etats-Unis dans les années 30 !

Direction le sud Ouest des Etats-Unis. « Une poire pour la soif » relate l'histoire peu banale d'un roadhouse, sorte de bar-restaurant, station-service, hôtel et dancing, qui voit converger une population très hétéroclite venant de Corinth principalement. Ce roman écrit par l'auteur américain James Ross est paru en 1940 sous le titre original « They Don't Dance Much ». Ross voulait surement faire référence au fait que les clients du Roadhouse, préféraient largement la boisson à la danse !

Le titre en français possède une toute autre signification qui ne m'était pas familière. « Garder une poire pour la soif » est une expression française issue du XVIe siècle signifiant « en mettre suffisamment de côté pour assurer des besoins futurs ». Il est amusant de signaler qu'en Belgique (1), en Espagne ou aux Pays-bas, on garde une pomme pour la soif !

Mais revenons à nos moutons… Dans cette période de crise dans les années 30 aux Etats-Unis, il est très difficile de gagner sa croûte et encore plus ardu d'épargner pour faire face aux difficultés à venir. La culture du coton, qu'exerce Jack McDonald, le narrateur de l'histoire, s'avère une catastrophe cette année. Ne pouvant plus payer ses dettes, il décide de tout arrêter et vendre ses biens pour accepter la proposition d'embauche de Smut Milligan, l'heureux propriétaire d'un flambant Roadhouse tout neuf, intégralement payé à crédit par l'intermédiaire d'une banque de Corinth.

Son Roadhouse fonctionnant pourtant à merveille, Smut Milligan n'arrive pas honorer les échéances de son prêt et, pire encore, perd beaucoup d'argent aux jeux, initialement dans le but de se refaire. Pour couronner le tout, Smut fait tout pour plaire à la belle Lola, la femme de l'homme le plus riche de Corinth. Ainsi, pour faire face à ses dettes et ses nombreuses autres dépenses, Smut élabore un plan macabre pour dérober de l'argent. A vous de découvrir la suite à travers le récit de Jack, la bonne poire de l'histoire…

Quel dommage que James Ross, journaliste, n'ait pu publier que ce roman, s'avérant être un flop commercial à sa sortie ! Que j'aurais aimé pouvoir continuer à scruter cette Amérique rurale et rustique, décrite sans concession aucune par James Ross. La corruption de fonctionnaires et les trafics en tous genres gangrènent complètement l'économie. le roadhouse, avec ses jeux clandestins, sa gnôle de contrebande et sa location de cabines pour les liaisons extra-conjugales symbolise à lui seul cette époque révolue.

Au fil des pages, j'imaginais complètement ces personnages pas très catholiques, buvant comme des trous le week-end, abusant du crachoir comme ce n'est pas permis et mettre une pièce dans le nickelodéon, sorte de sténographe, pour écouter les vieux tubes de l'époque pour oublier les turpitudes de leur existence.

Comme vous pouvez le deviner, j'ai adoré ce style peu académique et très noir. A travers le quotidien de Smut et Jack, l'auteur a su également distiller une intrigue déconcertante et très éloignée des polars classiques. Pour ma part, je n'imaginais pas du tout une telle fin aussi cynique. La poire (ou la pomme pour les belges) sitôt terminée, j'aurais tellement aimé que l'on m'en serve une nouvelle tranche pour étancher ma soif de roman noir…

(1) Nos amis belges pourront confirmer ou infirmer cette expression avec la pomme plutôt que la poire.
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Une poire pour la soif est l'unique livre de James Ross. Et quel livre ! Au début de l'ouvrage, James Ross est interviewé chez lui en Caroline du Nord, c'est déjà un vieux monsieur en 1983, quand le jeune homme venu le voir lui demande s'il a déjà connu des endroits comme le roadhouse décrit dans son livre, il dit qu'il en connaissait bien un, assez dangereux, et qu'il n'y était jamais allé (mis à part une fois où il avait commandé une tasse de café et où ils l'ont tous regardé d'un drôle d'air, apparemment, pas une boisson habituelle dans ce genre d'endroit)... James Ross ajoute : "Mais tout le monde dans la région savait ce qui se passait dans un roadhouse. Pratiquement tout ce que j'ai écrit comme fiction est basé sur des gens que j'ai connus." Et ce n'est pas étonnant, ce roman n'en est pas un comme les autres, on s'y sent dans la réalité.
Une réalité dérangeante, misérable mais vivante.
J'ai vraiment adoré ce livre qui est totalement unique, alors évidemment, ça sent la gnôle frelatée, les parties de poker truquées, les hommes boivent et jouent, les crachoirs sont plein de chiques, certains sont riches, d'autres miséreux, certains sont honnêtes, d'autres sont de vrais salopards, chacun d'entre eux essaie de survivre du mieux possible...
Le livre de James Ross n'a pas été accueilli chaleureusement, il n'était pas politiquement correct dans cette Amérique puritaine des années 40.
James Ross est ensuite parti faire la guerre en Europe et à son retour est devenu journaliste pour gagner sa vie.
Je n'ai qu'une chose à dire : j'men vais aller mettre un tite pièce dans le nickelodeon, sers moi une bière, Badeye, mais entre nous le Smut Milligan, c'est un sacré enfoiré, ouaip mon gars...
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Attention....Diamant pur .

Merci pour ce petit bijou Mr Ross , votre seul publié (helas)

Une pépite du roman noir qu'il faut avoir lu , qui va vous transporter dans le sud des États-Unis .

Bon vous avez compris que j'ai adoré ce voyage dans les années 1930 début 1940 .

J'espère que vous ferez le voyage et que vous saurez l'apprécier autant que je l'ai Aimé.
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Un grand roman.
On pourrait s'arrêter là, on ne dirait jamais combien ce roman est bon. Il y a assurément du Faulkner chez James Ross, on pense aussi beaucoup à Jim Thompson et à Charles Williams. Faulkner est plus subtile, Thompson plus cynique, Williams plus délirant, James Ross est juste James Ross, un sacré bon écrivain.
Caroline du Nord, la fin des années 30, une campagne sinistrée, peu éduquée, voire même très peu civilisée, et une industrie de la bibine qui fonctionne à plein régime. James Ross va décrire dans Une poire pour la soif toute l'industrie d'un Roadhouse, un club monté en périphérie de Corinth, bled paumé de Caroline du Nord.
Dans un roadhouse, on s'arrête d'abord pour faire le plein d'essence, ensuite pour s'en jeter un petit en passant, après ça on peu déjeuner, danser, jouer de l'argent dans l'arrière-salle, et peut-être même finir la soirée en charmante compagnie si l'on est un brin chanceux et que les filles de l'industrie textile de Corinth ont decidé de s'encanailler un vendredi ou un samedi soir.
Une poire pour la soif raconte l'histoire de Smut et Jack, leurs ciboulots marchant à plein régime pour espérer s'extraire un peu du bourbier ambiant. de l'envie au crime il n'y a qu'un pas, et dans la clandestinité d'un roadhouse, qui irait chercher un ou deux meurtriers ?
Il faut lire une poire pour la soif en s'imaginant machouiller une chique à tabac, le crachoir aux pieds, le bocal de gniole sur le comptoir. Il faut s'imaginer un livre où'qu' les gens, y parlent comme ça, l'air de pas y toucher, qui trainent ou pas, mais que le rendu, ben il est rudement bien, ouais.
James Ross est présenté abondamment dans la préface comme l'écrivain d'un seul livre, devenu presque mythique avec le temps, un rudement bon bouquin, ouais.
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C'est ce qui s'appelle regarder l'Amérique profonde par le petit bout de la lorgnette. tel un témoin privilégié qui pourrait assister à la corruption qui gangrène et ronge Corinth, une petite ville de la Caroline du Nord, peu après la Grande Dépression.

Ici, les gens bien vont à la messe le dimanche et s'ils veulent s'encanailler avec de la "gniole" ou de la fesse, ils sont priés de le faire avec discrétion.

Jack McDonald est un paumé de chez paumé ! Son coton ne donnera rien cette année non plus, faut payer les impôts, l'enterrement de sa mère qui a eu lieu il y a au moins 6 mois.

Cerné par les dettes, avec juste pour horizon la boisson qu'il écluse à la verticale, notre Jack ne voit pas ce qu'il l'empêcherait de bosser dans le futur roadhouse que Smut Milligan veut ouvrir pour tenter lui aussi de s'en sortir.

Quésako un roadhouse ? C'est un truc qui n'existe qu'en Amérique… Une sorte de bar-restaurant, station-service, hôtel (de passe), dancing, tripot clandestin où l'on joue et où l'on boit de l'alcool du gouvernement (on a payé les taxes dessus) ou distillé par Catfish, un homme de main de Smut Milligan.

Attention, pas de putes dans les cabanons loués par Smut aux gens qui voudraient faire la chose sans que cela se sache et ailleurs que sur les sièges arrières d'une bagnole. Smut, il a une conscience – ceux qui ont lu le roman doivent rigoler – et donc, pas de putes ou de maquereaux.

Il est bien dommage que James Ross n'ait réussi à faire publier que ce roman là car il y a dedans un potentiel énorme ! Raymond Chandler ne s'était pas trompé en parlant de pépite car c'en est une que j'ai tenu entre mes mains. Une pépite noire.

Dans un style bien à lui, James Ross nous décrit avec brio cette petite ville de Caroline du Nord, un peu beaucoup raciste, sexiste, cette société phallocrate dont les notables ou ceux qui ont une situation doivent sauver la face et se cacher pour boire de la gnôle ou fricoter avec des filles (ou se faire sauter par des mecs, si vous êtes une fille).

Jack est notre narrateur et il ne s'embarrasse de phrases pompeuses pour nous conter sa drôle de mésaventure, donc, pour ceux qui aiment le phrasé haut-de-gamme, ça risque de pas le faire. N'oubliez pas non plus que nous sommes dans les années 30 et qu'à cette époque là, la population afro-américaine se nommait elle même « négro »parce que tout le monde les nommait ainsi (je ne cautionne pas, je précise, c'est tout).

Entre nous, je ne sais pas s'il y a parmi toute cette galerie de personnage un à sauver, un qui vaudrait la peine que l'on se penche sur lui pour le sortir de cette vie de merde. Ici aussi la politique gangrène le tout et le politicien du coin est aussi pourri que tout les autres, même plus pourri puisqu'il se comporte comme un mafioso… mafiosi puisqu'il est seul.

Quand à notre Jack, il va se retrouver impliqué dans une affaire dont il ne se doutait pas une seule seconde qu'elle prendrait un tour aussi horrible, et restera en spectateur impuissant de la folie furieuse de Smut qui voudrait du fric et qui est jaloux de ceux qui en possèdent.

Un excellent roman noir de chez noir, sans une once de crème ou de sucre, même pas un grain de stévia pour adoucir l'affaire et un final d'un cynisme à aller se pendre au premier arbre qui passe.

Une réalité qui fait froid dans le dos, une description au cordeau d'une société de notables pour qui le qu'en-dira-t-on est plus important que tout, une plongée dans une société de minables (pour les autres) où boire est plus important que tout, où dépenser le peu de fric gagné à la sueur de son front est quasi une institution et où la cupidité des uns entrainera la chute de plusieurs.

Sûr que dans le roadhouse de Smut on ne dansait pas beaucoup (illusion au titre en V.O), qu'on buvait raide, qu'on jouait gros, qu'on crachait sa chique de tabac dans les crachoirs ou au sol et qu'il s'y est passé des vertes et des pas mûres, le tout sous le regard effaré du lecteur.

Ne rentrez pas dans ce roman noir pour y commander un café, mais demandez plutôt à Badeye, Sam ou Jack de vous servir une pinte de raide et méfiez-vous des dés truqués et des cartes biseautées de Smut qui, entre nous, est une véritable enflure de première.

Et surtout, surtout, montrez pas que vous êtes un paumé avec du flouze plein votre portefeuille !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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À la fin des années 1930, dans un pays qui subit encore les ravages de la Grande Dépression, Jack McDonald possède un semblant de ferme à Corinth, Caroline du Nord, et beaucoup de dettes, y compris auprès des pompes funèbres auxquelles il n'a toujours pas payé l'enterrement de sa mère. Exproprié, il trouve un emploi auprès de Smut Milligan, propriétaire d'une station-service aux limites de la ville qui envisage de transformer son établissement en roadhouse, sorte de restaurant-dancing. Mais Smut est lui aussi étranglé par les dettes, en particulier vis-à-vis d'Astor LeGrand, responsable local du parti démocrate et usurier. Alors quand Jack entend dire que Bert Ford, un ancien briseur de grève venu du Nord aurait enterré plusieurs milliers de dollars dans sa ferme, cela éveille sa convoitise et celle de Smut.

Il y a bien longtemps qu'Une poire pour la soif a acquis le titre de livre-culte et de livre maudit. Seul roman publié par son auteur, remarqué à sa sortie, en 1940, par Raymond Chandler, il fut pourtant un échec commercial, y compris après sa publication en format poche et lors de ses rééditions.
Ignoré ou perçu comme trop vulgaire à sa sortie, rattaché abusivement, comme le rappelle Philippe Garnier son traducteur français, à un illusoire genre, le « gothique sudiste », ce qui sous-entendrait, au grand dam de Ross, que ses personnages sont exagérés là où il n'a voulu que retranscrire une réalité, Une poire pour la soif a pâti de maintes incompréhensions et n'a jamais vraiment su trouver son public.
Il est pourtant clair que ce roman vaut que l'on s'y arrête. Dans un style réaliste qui n'est pas sans rappeler certains roman de James Cain ou, après lui mais bien plus connu, Jim Thompson, Ross fait la chronique acerbe du quotidien d'une petite ville du Sud et des tensions qui y sont à l'oeuvre : entre ceux qui ont de l'argent et ceux qui leur en doivent, entre ceux qui veulent préserver les apparences et ceux qui se sont assis dessus depuis longtemps. Sur fond de corruption, de contrebande d'alcool et de liens quasi féodaux, James Ross peint au travers d'un fait divers sordide le portrait d'un Sud arriéré dans ce qui est alors la plus grande démocratie du monde.

Une poire pour la soif est le récit d'une réalité crue, sans héros mais bourrée de salauds ordinaires, ni pire ni meilleurs que les autres, dans un monde qui cherche à se moderniser mais qui reste figé dans ses structures sociales et où, en fin de compte, ce sont toujours les mêmes qui raflent la mise.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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"Je me rappelle, ce soir-là, je traînais devant la station-service à Rich Anderson et Charles Fisher s'est arrêté devant la pompe à super. La Cadillac dernier modèle qu'il conduisait tournait tellement doucement que je ne l'avais pas entendue arriver".... Chapitre 1 verset 1 à 2

Celui qui narre ces propos se nomme JACK MC DONALD... Difficile de faire plus américain : le prénom d'un fabricant de Bourbon, et le nom d'un clown de la bouffe rapide.
Jack Mc Donald est fermier en Caroline du Nord...Enfin : essaye de l'être encore...car sa terre ne produit plus rien de bon, et il n'arrive plus à joindre les deux bouts... D'ailleurs, il est si pauvre qu'on se demande si il a encore deux bouts.. Même pas sur ! Sa pauvre mère est morte dans les semaines qui ont précédées le debut du récit, mais Jack n'a toujours pas payé les frais d'obsèques, car ses fonds sont aussi vide que le trou dans lequel sa mère repose... Elle repose, elle au moins...

Il erre, comme un pauvre hère dans la station-service d'un de ses potes et il attend que la journée se passe... Pauvre hère...mais il a un bon fond mais le fond de l'hère effraie..parait-il !

La Cadillac flambant neuve qui arrive appartient à M. Fisher... Héritier de d'une grande fortune du coin qui a des usines .... et il est accompagné de Madame : la sublime Lola.....

Jack se demande quel tournant sa vie va prendre quand un de ses potes, Smut Mulligan lui annonce son intention d'ouvrir un Roadhouse (ne cherchez pas d'équivalent en France....)... le projet prend forme, mais les formes de Lola sont toujours omniprésentes...d'autant plus que Smut fut l'amant de la jeune Lola, qui ne demandait pas mieux que de jouir du temps présent avec les gars du coin....Mais Lola avait la tête bien à sa place, et l'avenir derrière les fourneaux avec de la marmaille n'était pas dans ses projets de carrière... C'est pour cette raison qu'elle s'est laissée mettre, par Charles Fisher la bague au doigt....

Au debut, les affaires roulent....mais Lola déambule de plus en plus du côte du Roadhouse.... Ca ne sent pas bon ça !...

D'autant plus que les affaires stagnent....et des rumeurs courent comme quoi, un vieux (dont je tairais le nom) a un magot planqué...

Le drame est aux portes du Roadhouse et aux portes de la Cadillac.... le malheur à le contour de la bouche de Lola...

Et le bourbon n'est jamais aussi bon que lorsque il macère dans des conditions qu'il faut mieux ignorer...

Une poire pour sa soif ? en tout cas chez Mac Donald venez comme vous êtes.... pas sur que vous en sortirez indemnes...
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Exproprié de sa ferme où il cultivait du coton, Jack McDonald part picoler dans un bouge malfamé situé à l'extérieur de la ville. Un endroit où l'alcool n'est pas cher et où on vous laisse tranquille. le propriétaire décide de l'embaucher (pour un salaire de misère) afin de développer son affaire et en faire un véritable roadhouse : un endroit où boire, danser et jouer, loin des regards de la ville. Car Smut Milligan est un homme qui se joue des règles : alcool frelaté, cartes de jeux biseautées, employés noirs non payés, sans oublier les petites primes au sheriff pour qu'il ferme les yeux sur ces méthodes. Et puis il y a cette Lola, la femme d'un des hommes les plus riches de la ville, qui tournicote dans le coin (la femme fatale obligatoire dans tout polar qui se respecte !). Mais la roadhouse coûte cher et les dettes s'accumulent, malgré des recettes substantielles. Il faudra, pour Smut, trouver une solution pour se tirer d'affaire. Alors, cette rumeur d'un client qui aurait enterré ses économies chez lui ne laisse pas les deux hommes indifférents. Un moyen enfin de s'en sortir. James Ross dont « Une poire pour la soif » est l'unique roman nous décrit un monde sordide, où règnent alcool, misère, jeux, violence, ségrégation et racisme, trafics de gagne-misère en tous genres. Un monde finement observé par Jack McDonald qui est à la fois témoin et acteur de cette farce tragique. Car on comprend très vite que l'histoire va tourner au vinaigre. Et le pire dans tout ça, c'est que Jack le comprend également. Mais il y a toujours ce maigre espoir de miséreux pour croire au miracle. Un roman au mécanisme diabolique, aux personnages attachants malgré tout, dans la veine des polars de Charles WilliamsAux urnes les ploucs » et « Fantasia chez les ploucs », réédité récemment aux éditions Gallmeister sous le titre « le bikini de diamant », deux bijoux à lire absolument). Une vision sombre et réussie de l'Amérique de la Grande dépression.
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