AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de alicejo


Cher Lion,

La logique voudrait que j'écrive directement à Michel Rostain, ton père. Mais tout comme ce dernier t'a choisi comme narrateur de son récit, c'est par ton intermédiaire que je souhaite m'adresser à lui.

La première fois que j'ai fait la connaissance de ton père, il y a de ça plusieurs semaines, ce n'est pas par le biais d'un opéra lyrique (je dois bien t'avouer que je n'y connais rien) mais sur le plateau télé d'une émission de santé présentée par deux médecins, chroniqueurs littéraires à leurs heures perdues.
Il m'avait à l'époque beaucoup émue et je m'étais promis de lire son livre très rapidement. Comment, m'étais-je étonnée, ce père peut-il parler de la disparition si brutale de son fils unique et adoré avec tant de sérénité ? La réponse, je le sais maintenant, on la doit en partie à son ami Daniel, « on peut vivre avec ça ».

Ça va peut être te paraître bizarre et déplacé et surtout ne le prends pas mal, mais j'envie beaucoup ton père (même si l'envie n'est pas un sentiment très honorable). Je vais essayer de t ‘expliquer pourquoi.

J'envie évidemment ses talents artistiques, d'écrivain, de metteur en scène qui lui ont permis, par une trouvaille narrative astucieuse, de nous offrir, de t'offrir, ce livre magnifique, plein de pudeur et pourtant totalement impudique, émouvant, bouleversant mais sans une once de pathos. Un vrai tourbillon de vie, une éruption d'amour.

J'envie le couple qu'il forme avec ta mère, tellement à l'unisson et soudé pour traverser une tragédie dont bien des couples ne se relèvent pas.

J'envie son cercle d'amis précieux, toujours présents même dans les moments les plus durs mais sachant conserver la distance nécessaire pour laisser tes parents exprimer leur chagrin, leur révolte.
Des amis, comme Daniel, qui n'hésitent pas à dire ces mots qui paraissent tellement difficiles à entendre juste après une telle tragédie, mais qui avec le recul vous aident à vous reconstruire, à avancer.
Même ses amis morts sont merveilleux à l'image de Simon qui,« grâce » à ses funérailles burlesques, aura donné à ton père la force de t'organiser une cérémonie d'adieu hors du commun.

Enfin, j'envie ces petits hasards de la vie et ces énormes coïncidences que chacun interprétera à sa manière, qui lui auront permis de te rende encore plus exceptionnel, plus éternel à ses yeux. Des signes dont on aurait trouvé les ficelles un peu trop grosses s'il s'était agi d'un livre de fiction.

Évidemment, je me doute que tout n'a pas été aussi évident et qu'avec quelques années de recul il a été plus facile de s'arranger avec la réalité en distillant ça et là une part romanesque dont vous seuls garderez le secret. Mais, en tant que maman (d'un enfant unique qui plus est), je ne peux pas faire autrement que de me projeter : Comment réagirais-je à une telle tragédie ? Aurais-je la force d'avancer ? Mon couple y survivrait-il ? Saurais-je trouver le moyen d'offrir à mon enfant un dernier cadeau aussi beau que celui que t'a donné ton père?

Ma fille, qui a trois ans et demi, se pose en ce moment beaucoup de questions sur la mort sans que je sache toujours très bien trouver les mots pour répondre à cette angoisse qui la taraude, « c'est quoi mourir ? ». Mon athéisme n'apporte sûrement pas les réponses adéquates qu'attendent les enfants de cet âge.
Alors, si tu le permets, peut-être la prochaine fois, lui parlerai-je de ce vieux volcan qui décida un jour d'avril de sortir de son très long sommeil pour aider un garçon disparu à rendre une dernière (?) visite à ses parents chéris.

Bien à toi.
Commenter  J’apprécie          560



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}