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Critique de MarcelP


Où l'on retrouve Nathan Zuckerman -anobli puisque devenu l'unique narrateur de ce Bildungsroman facétieux- en visiteur idolâtre d'un pontifiant auteur juif, le bedonnant E.I. Lonoff.

Durant une poignée d'heures, notre écrivain en herbe va aller de désillusions en désillusions : son maître ès lettres se révèle un despote vétilleux ; son épouse aimante, une harpie geignarde ; son ermitage, un Parc-aux-cerfs où le vieil intellectuel a installé une jeune maîtresse enamourée, la séduisante Amy Bellette...

Taraudé par sa conscience et sa libido, Zuckerman -mauvais fils, piètre amant et Juif renégat*- profite de cette pause pastorale pour relire et réécrire (il est là, l'écrivain fantôme) sa courte existence : il s'imagine alors intellectuel reconnu, amoureux d'une Anne Frank rescapée des camps et ayant enfin reçu l'absoute de son père et des siens. La vie est décevante ? Trahissons-la et créons-en une qui nous satisfasse : c'est le travail des artistes.

D'évidence, on trouve dans ce premier volet de la trilogie Zuckerman enchaîné des accointances avec la verve roublarde d'un Woody Allen, le cousin de Roth en humour : monologues comiques, scènes de ménage mesquines, culpabilité castratrice, hommages littéraires à Kafka, Tolstoï ou Singer, ...

Drôlatique, impertinent et d'une vulgarité réjouissante (notre héros ne se branle-t-il pas copieusement après avoir piétiné -au sens propre- un volume d'Henry James ?), le romancier américain nous enchante dans ce songe d'une nuit d'hiver ; son écriture bifurque, se carapate ou implose soudain et n'en finit pas de surprendre. On en redemande.

Stardust memories !

* Ses nouvelles encourageraient l'antisémitisme : ce qui nous vaut une hilarante semonce épistolaire du juge Wapter "le Juif le plus admiré de (Newark) peut-être après Ellenstein et le rabbin Joachim Prinz."
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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