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Critique de camati


Une impression mitigée pour le premier roman de la Britannique Hannah Rothschild, « L'improbabilité de l'amour »: un certain nombre d'idées originales mais également des défauts à mes yeux.
L'histoire en quelques lignes :Annie McDee, jeune chef cuisinière, désargentée, achète par hasard un tableau sans savoir qu'il s'agit d'une pépite, une oeuvre originale d'Antoine Watteau. Elle finit par s'y intéresser et mener une petite enquête pour en percer les mystères, ce qui va la mener dans la gueule du loup.
Commençons par les points faibles : le lecteur doit attendre la page 268 pour voir l'intrigue réellement démarrer, soit près de la moitié du livre. C'est un peu long pour planter le décor et présenter les divers personnages, pas tous indispensables. Pourtant, certainement pour donner du rythme à ce roman volumineux, Hannah Rothschild a recours à une technique abondamment utilisée dans les romans policiers : le changement de personnages à chaque nouveau chapître, ce qui est censé créer du suspens et donner l'envie de dévorer la suite du livre. Mais c'est en même temps une faiblesse car, comme les changements de plan au cinéma, on y a recours parce que les plans longs sont plus difficiles à réaliser. L'on peut alors se demander pourquoi écrire un roman de 700 pages si l'on a du mal à tenir la distance. En toute honnêteté, ce roman a au moins 200 pages en trop.
Autre déception : la fin est excessive. Que Rebecca décide pour de multiples raisons de couvrir son père et son passé abject, soit, on peut l'admettre. Mais faire porter le chapeau à Annie m'a paru ignoble et totalement immoral. Certes, l'idée centrale de ce roman était de critiquer le monde de l'Art où règnent en maîtres l'argent, plus ou moins propre, le désir de puissance, l'excentricité, les apparences et l'absence de moralité. Ajoutez à cela l'accumulation interminable de candidats (y compris des gouvernements) à l'acquisition de ce fameux tableau. Tous les grands de ce monde le veulent, y compris ceux qui ne sont pas intéressés par l'art mais qui ont les moyens de se l'offrir.
Cependant, Hannah Rothschild a eu plusieurs idées originales dans l'écriture de ce premier roman. A intervalles réguliers, elle fait parler le tableau qui devient un personnage et sert de lien entre le passé et le présent. Il éclaire l'histoire et jette en même temps un regard critique sur le monde clos et richissime de la haute société new-yorkaise qui a les moyens de s'offrir des tableaux de maître à foison.
J'ai également apprécié l'authenticité d'Annie et Jesse. Ce dernier est tombé amoureux d'elle au premier regard (eh bien oui, il fallait bien ajouter une histoire amoureuse !), mais il ne semble pas intéresser la jeune cuisinière, qui sort d'une rupture sentimentale. Il vit de petits boulots et est donc du même monde que sa belle ; il peint et travaille dans un musée et c'est ce qui les relie puisque Jesse va chercher à gagner le coeur d'Annie en tentant ensemble de résoudre l'énigme de ce tableau car « l'amour se nourrit de liens et d'évènements partagés » (p.263). Tenter d'authentifier le tableau est pour lui un moyen de revoir Annie et qu'elle apprenne à le découvrir en même temps qu'elle percera les secrets de l'oeuvre. J'ai trouvé intéressante l'évolution de leur relation.
En dehors de l'intrigue elle-même, ce roman apporte de nombreux renseignements sur la peinture, et plus particulièrement comment on date un tableau et on l'authentifie, des siècles après la disparition de leur créateur. Cela a davantage été pour moi le coeur de l'intrigue que de savoir entre les mains de qui il allait finir sa trajectoire et à quel prix.
Et enfin, autre originalité de ce roman : le personnage d'Annie, la nouvelle propriétaire du tableau source de tous les maux , à l'opposé des habituels propriétaires d'oeuvres d'art. Elle est cuisinière et elle aime mettre en scène ses repas. Elle est aussi une artiste. Elle travaille dans la haute société, tous amateurs d'oeuvres d'art, et accorde ses menus et le décor qui les entoure à la période ou au créateur du tableau mis à l'honneur. Elle aime la cuisine thématique, recherche l'authenticité et veut recréer l'atmosphère de l'époque aussi fidèlement que possible afin de rendre ces repas inoubliables. Elle est brillante mais reste très modeste. Elle prend juste du plaisir à faire son travail.
En conclusion, une histoire intéressante à découvrir malgré des défauts dans l'écriture.



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