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Critique de kielosa



La pandémie et la guerre actuelle sur 2 fronts, Ukraine et Gaza, poussent probablement à des considérations nostalgiques du "bon vieux temps".
À la lecture du sort des enfants condamnés au bagne, jusqu'à une date relativement récente, c'est une tout autre réalité que l'auteure nous présente.

Ce qui m'a frappé dans cette analyse approfondie de Marie Rouanet, c'est que le traitement inhumain des gosses en marge de la société, orphelins ou abandonnés,
a perduré si longtemps en France, berceau du siècle des lumières. Il est vrai que l'auteure se limite à la France et qu'ailleurs la situation n'était vraisemblablement guère mieux. Souvenons-nous des malheurs de David Copperfield, le petit héros de Charles Dickens, dont la première édition de ses aventures remonte à 1849.

Toujours est-il que les choses n'ont commencé à changer qu'après une visite de l'impératrice Eugénie au centre de la Petite Roquette de Paris, le 22 juin 1865. Comme le note l'auteure : "Ce n'est pas que l'impératrice eût pitié...mais elle fut conspuée."
Dès août 1865, le quartier cellulaire de la Petite Roquette fut fermé et les enfants détenus envoyés dans d'autres colonies.

Pour rédiger son ouvrage, Marie Rouanet, née en 1936 à Béziers dans l'Hérault, a patiemment épluché de nombreuses archives et s'est entretenue avec maints témoins.
Comme elle indique dans l'avant-propos de son livre, paru initialement en 1992, c'est l'ignorance générale du pouvoir exorbitant des parents ou des tuteurs qui pouvaient faire enfermer un enfant mineur et indocile. Elle ajoute : "Nous ne savions pas grand-chose non plus des maisons de correction".

Ses recherches se sont concentrées sur quelques centres types, tels ceux de la Petite Roquette de Paris, du Pénitencier du père Barthier à Toulouse, celui de Sainte-Radegonde près de Rodez, celui de Pezet près de Villefranche-de-Rouergue, la Colonie agricole de Vailhauguès près de Montpellier, etc.

Ce sont les exemples concrets que Marie Rouanet cite dans son opus qui nous font comprendre pleinement l'horreur des abus que ces pauvres enfants, filles comme garçons, ont dû subir.
Ainsi, sur les 281 enfants détenus au pénitencier de la capitale en 1858, 58 avaient commis de vols simples et pour les autres, il ne s'agissait que de mendicité et de vagabondage.
Honoré Cabanier par exemple, un petit berger, a écopé jusqu'à 20 ans dans une maison de correction pour le vol de comestibles !

L'auteure nous décrit également comment une journée standard se passe pour ces enfants dans des centres pénitenciers, et qui se caractérise par de longues heures de travail et une nourriture pauvre et insuffisante.

Bref, Marie Rouanet a accompli un travail des plus rigoureux sur un sujet fort méconnu, mais fatalement, de par le thème même, dur et donc pas exactement agréable à lire.
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