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Critique de Bouchondesbois


Mon avis : J'ai longtemps tergiversé par rapport à cette chronique… Allais-je vous dire ce que j'avais sur le coeur dès le début, au risque de vous faire prendre peur, ou allais-je devoir ronger mon frein pendant toute une chronique, pour ne vous en toucher deux mots qu'à la fin ? Allez, j'opte pour un compromis : nous avons là du bon, du très bon, MAIS… faut pas pousser mémé dans les orties. Quand j'ai eu vent de l'opération masse critique qu'organisait Babelio, je n'avais jamais entendu parler de ce livre. Mais j'ai quand même sauté sur l'occasion, le résumé étant particulièrement intéressant. Alors, quand je l'ai reçu, plusieurs choses m'ont intriguée : "sortie mondiale le 31 octobre 2013", "…la chance de découvrir en avant-première…", "Le nouveau phénomène de fantasy…". Bref, j'ai trouvé que cela faisait vraiment gros pour une sortie lambda. Mais je n'y étais pas du tout ! Car il s'agit de tout sauf d'une sortie lambda : La voie de la colère n'est autre que l'ouvrage phare de Bragelonne pour cette rentrée, le livre dont les éditions parlent depuis des années et des années, l'annonçant comme le digne successeur du Trône de Fer. Et là, moi, je dis stop. J‘ai passé un très bon moment avec cette lecture, mais voir ensuite à quel point on la monte aux nues… Ben, ça m'a un peu énervée, je n'aime pas être "trompée" sur la marchandise. Alors ok, il y a des intrigues politiques, tout ça… Mais rien à voir avec le Trône de Fer, rien à voir. Même si Antoine Rouaud signe là un très bon livre -et c'est tout à fait méritoire puisqu'il s'agit de son premier roman-, et bien cela reste, justement, un premier roman, avec ses maladresses, tant du côté du fond que de la forme (torve et fat peuvent aisément être suppléés par une foule de synonymes, j'en suis persuadée). Voilà, il fallait que je vous le dise : prenez cet ouvrage comme un bon roman de dark fantasy, sans plus, et vous serez ravis, parce que oui, il est bon. Mais ne voyez pas en lui LE livre de fantasy à lire absolument tant il est méga-giga-super cool : j'ai peur que vous soyez déçus. Ouf, ça fait du bien ! Enfin, si je vous ai plombé le moral, allez faire un tour ici, ou encore là : vous y trouverez des lecteurs en-chan-tés qui, eux, n'ont rien trouvé à redire :)

Passons maintenant aux choses concrètes : qu'en est-il de ce livre, véritablement ? Il s'agit donc d'un roman de dark-fantasy, repérable à ses personnages éloignés de tout manichéisme : si l'on est tenté dans un premier temps d'opérer une scission claire et nette entre ceux que nous considérons comme "bons" ou "méchants", on se rend rapidement compte que les nuances sont bien plus profondes que cela. Plus on en apprend sur eux, et plus la limite devient tenue, perméable. L'univers reste, lui aussi, particulièrement sombre, l'intrigue se déroulant sur fond de guerre, complots, machinations, trahisons. Petit regret par rapport à l'univers en tant que tel : il m'a semblé très complet, le terrain de jeu de l'auteur particulièrement vaste. Une petite carte (je sais, je suis irrécupérable) n'aurait pas été de trop pour se repérer à travers l'Empire ! M'enfin, c'est ainsi.
La voie de la colère, sans être totalement un tome introductif -j'y reviendrai dans peu de temps-, s'attache tout de même à poser les bases du récit : l'auteur alterne intelligemment flash-back et scènes se déroulant dans le présent, permettant ainsi au lecteur de comprendre la situation dans laquelle il se trouve : L'Empire a été détruit, ses détracteurs ayant fait place nette pour l'avènement de la République. La destitution de l'Empereur nous est racontée par Dun-Cadal, ancien chevalier de l'Empire et héros de guerre, mais vivant désormais en reclus au fin fond d'une taverne, ressassant avec amertume le passé. Nous voyageons donc à travers le temps au gré de ses souvenirs, qu'il conte à Viola, une jeune historienne à la recherche de la mythique Eraëd, l'épée de l'Empereur. Mais les confidences de Dun-Cadal semblent avoir réveillé quelque chose d'autre que ses regrets : comme l'Empire avant elle, la République est mise en danger, un assassin frappant dans les rangs des conseillers. Perdu dans les méandres de son passé, Dun-Cadal va devoir faire face aux événements présents… Quoi qu'il puisse lui en coûter.
Parlons de cette narration en deux temps. Mon avis est assez nuancé en ce qui la concerne, pour plusieurs raisons : Antoine Rouaud la manie plutôt bien, je n'ai pas eu l'impression d'être perdue à aucun moment que soit. de ce côté là, tout va bien, cela donne même un certain rythme à l'ouvrage qui n'est pas désagréable : on a envie d'en savoir toujours plus, d'avoir accès à davantage de souvenirs pour mieux comprendre la situation présente. Par contre, j'ai vraiment trouvé qu'il en abusait : il évite certes le tome introductif -qui n'est, en soi, pas vraiment dérangeant-, mais j'ai surtout eu l'impression qu'il n'avait pas réussi à se décider entre présent et passé : l'ouvrage est très dense, il se passe autant de choses d'un côté comme de l'autre et pourtant… On voudrait que les événements soient davantage creusés. J'ai souvent été frustrée qu'il ne prenne pas plus de temps pour poser les bases de son récit, car il y a vraiment matière à développer. Cette précipitation avait quelque chose de lassant, et mon attention a parfois dérivé vers d'autres horizons. Il commence très fort, l'intérêt du lecteur lui est rapidement acquis, pourquoi ne pas pousser les choses jusqu'au bout ? Tout cela s'atténue cependant au cours de la deuxième partie, vraiment passionnante et pleine de rebondissements : j'ai eu du mal à lâcher ma lecture, ce qui explique le fait d'avoir dévoré ces quelques 500 pages en deux jours.
Concernant les personnages, je serai volontairement brève : la surprise doit être intacte. Dun-Cadal m'a plu, mais pas autant que je l'espérais : son comportement m'a parfois exaspérée, et mon empathie à son égard s'en est trouvée limitée. Les personnages féminins, peu nombreux, m'ont parus trop fades, trop peu creusés : ils passent systématiquement au second plan, ce qui est dommage. Pour les autres… Je vous laisse découvrir par vous-même :)
Résumons. Nous avons donc affaire à un ouvrage à l'intrigue fouillée et très intéressante, qui ne laissera pas les amateurs de machinations politiques indifférents. le rythme est soutenu, parfois un peu trop, mais sert l'ouvrage en ne cessant d'attiser l'intérêt du lecteur. Des bons points, donc ! Les personnages ne m'ont malheureusement pas touchée comme je l'espérais, sauf peut-être… Celui dont je ne vous ai pas parlé :)
En relisant cette chronique, je la trouve bien négative. Pourtant, j'ai tout de même passé un bon moment, et je pense que je continuerai l'aventure quand le tome 2 paraitra. Mais je me suis vraiment sentie flouée, et cela ressort indubitablement ici : ma lecture s'en est trouvée ternie, les petits défauts du livre n'en sont ressortis qu'avec plus de force. Pour autant, je ne voudrais pas vous faire passer à côté de ce livre : vous êtes maintenant prévenus vis-à-vis de ce que vous trouverez dedans. C'est un bon ouvrage de fantasy, mais pas non plus le meilleur. Vous dire cela me semblait être un minimum.

En bref, une lecture qui aurait pu être bien meilleure si on ne m'avait pas fait miroiter le St Graal : on s'attend à quelque chose de gigantesque et on nous donne un ouvrage bien ficelé, bien pensé, bon en somme. Mais pas extraordinaire. Et qui ne tient pas la comparaison avec ce que l'on avait imaginé, forcément.
Lien : http://leslecturesdebouch.wo..
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