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Critique de Bchara


"Le contrat social" de Rousseau, un livre considéré comme essentiel dans l'histoire des idées: enfin, je l'ai lu, plus par acquis de conscience que par curiosité, cependant.

L'édition que j'ai lue, comprend un avant-propos, un commentaire et des notes par Gérard Mairet; or ce qui est étonnant, est que cet auteur consacre la plus grande partie de sa glose à parler de Bodin et de sa théorie de la souveraineté. Ce qui laisse chez le lecteur l'impression que Rousseau n'a fait qu'ajouter la cerise à un gateau déjà préparé par Bodin. Ce dernier avait déjà, au 16e siècle, degagé la théorie de la Souveraineté comme définition de l'Etat, l'avait distinguée du Gouvernement, et l'avait rendue exercée soit par le peuple (idée qu'il écarte) soit par le Roi (idée qu'il retient). Rousseau a retenu l'idée de Souveraineté exercée par le peuple, et l'a fondée par l'idée d'un Pacte social entre les individus du peuple (citoyens), créant par là un peuple "personne morale". A noter que l'idée d'un contrat social elle-même n'est pas nouvelle, Hobbes l'avait proposée, mais en faisant un contrat entre le peuple et le Prince.

De manière générale, il est intéressant de lire ce que pensaient les philosophes du 17e siècle de la politique, la terminologie qu'ils utilisaient, et de voir comment les libres esprits argumentaient contre les idées en vigueur en leurs temps.
Mais c'est également intéressant de constater l'injustice dans la mémoire réservée aux penseurs. Rousseau est porté aux nues, Bodin est inconnu des non-specialistes (tel que moi, avant de lire le livre).

Il me parait que la construction politique de Rousseau s'éloigne un peu du réalisme. Par exemple, il parait prendre comme exemple Rome (ce qui apparait encore plus nettement dans les derniers chapitres), ou le gouvernement de Genève (tel qu'il apparait dans la 6e lettre écrite de la montagne, incluse en annexes dans l'édition que j'ai lue). Or, ceci influe directement sa préférence pour la démocratie directe, irréalisable dans un Etat moderne.

En conclusion, d'une part, il y a un apport - un apport nouveau, tout de même - dans l'ouvrage de Rousseau, mais un apport en grande partie redevable aux pensées de Bodin (et Hobbes); et d'autre part, il y a une construction osée d'un Etat, satisfaisante en théorie, mais irréelle dans les faits.

Et comme le pragmatisme finit par toujours avoir le dessus, les systèmes modernes ont pris de Rousseau ce qui est réalisable; et l'expression "contrat social", tellement usitée par les politiciens ainsi que leurs contestataires, ne couvre plus les mêmes exactes notions voulues par Rousseau. du moins, telle est mon impression.
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