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Critique de kristolikid


Ma première rencontre avec Les Confessions s'est faite à l'occasion du Bac français, et je n'en ai sûrement pas tiré le meilleur parti à l'époque. J'y ai au moins retrouvé le même inconfort de lecture en face de confessions indécentes, absurdes, futiles, choquantes, délirantes. Les six premiers livres m'ont marqué par la sincérité avec laquelle Rousseau explore ses souvenirs les plus douteux. Il ne passe aucune de ses vexations ou fantaisies, et effectivement le récit en tire une valeur toute particulière. On suspecterait même quelquefois Rousseau d'y rechercher l'humiliation.
Les six livres suivants sont très différents. Ils sont établis sur un mode moins introspectif et plus accusatoire. Difficile de ne pas mettre en regard, la place ténue faite à l'explication du placement de ses cinq enfants à l'assistance publique, et l'énergie déployée pour dénoncer le vaste complot qu'il suspecte être à la cause de ses malheurs.
L'ouvrage, au delà sa qualité littéraire, tire sa force, à mon goût, de l'esquisse d'un profil psychologique très singulier qui y est dessiné. Rousseau donne tellement de matériel psychologique à son lecteur qu'il est difficile de renoncer à dessiner à grands traits sa névrose. Dans la fin de sa vie, l'auteur est paranoïaque. Mais sa jeunesse et son adolescence sont un réservoir incroyable d'histoires déstructurantes ou pour le moins ambiguës. Que dire de son rapport hors norme avec Mme de Warens ?... Comment ne pas mentionner cet impérieux besoin de se faire aimer par tous ceux qui ont commerce avec lui ? Comment ne pas remarquer cette recherche éperdue d'une domination bienveillante ? Comment exclure de l'intérêt littéraire porté à ce livre, cet appel subjuguant des profondeurs de l'être de Rousseau à se soumettre corps et âme à un être totalisant qui l'inclut et le protège, un être qui détruise sa particularité et la refonde dans un Tout ?
En laissant à chacun la liberté de se faire une opinion sur sa vie, Rousseau adopte une position si humble et si pleine de grandeur, que nul ne pouvant le payer de retour, l'auteur finit par s'employer lui-même à donner toute sa valeur à ses confessions et user de vanités pour les défendre. Si seulement quelqu'un avait pu dédier sa vie à l'en louer, Rousseau aurait peut-être simplement tout à fait fini par retourner à l'enfance et gazouiller selon l'inclination de son bon coeur irresponsable.
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