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Critique de Diabolau


Après avoir enchaîné Au bagne d'Albert Londres et La vie des forçats d'Eugène Dieudonné, je termine cette "trilogie du bagne" par le témoignage d'un autre forçat rendu célèbre par Londres, comme Dieudonné : Paul Roussenq, dit l'Inco (c'est-à-dire "l'Incorrigible")
L'évocation qu'Albert Londres fit de lui dans Au bagne, qui figure d'ailleurs en post face de celui-ci, était si impressionnante qu'elle engendra, comme pour Dieudonné, une campagne nationale, menée par les organes du parti communiste français (reniés ensuite par Roussenq), qui mena finalement à sa libération après 25 ans de bagne, dont plus de la moitié au cachot, où le bougre se signala par une opposition systématique à tout l'appareil répressif de son pays, d'où son surnom.
Il faut dire qu'il avait été, à l'origine, condamné à 5 ans de réclusion pour avoir jeté quelque chose, dans un moment de colère et sans conséquence, à la tête de l'avocat général qui voulait l'envoyer en prison pour vagabondage. À sa sortie, il fut envoyé aux Bat-d'Af, les tristement célèbres bataillons disciplinaires de l'armée où, à force de brimades quotidiennes et de mises en cellule abusives, il finit par mettre le feu à sa tenue de prisonnier, ce qui lui occasionna 20 ans de travaux forcés pour "tentative d'incendie volontaire d'un bâtiment de l'armée"... Il avait donc bien de quoi être révolté, et est un exemple flagrant de ce qu'un homme peut devenir quand il n'a plus rien à perdre.
La vie des forçats de Dieudonné était déjà factuel, L'enfer du bagne l'est plus encore. En quelques chapitres assez courts, voire très courts, Roussenq décrit froidement et méticuleusement les mécanismes du bagne à la française, effrayants d'incurie. Il confirme presque tout ce que dit Dieudonné, et ajoute peu de choses. Ces deux témoignages corroborent largement les impressions externes d'Albert Londres, la lecture de ces trois ouvrages donne donc une vue globale assez indiscutable (et épouvantable) de ce qu'était le bagne.
La préface de Jean-Marc Delpech est assez intéressante et complète le propos. Je partage ses soupçons sur le caractère apocryphe des deux derniers chapitres, car je vois mal comment l'anarchiste impénitent qu'était Roussenq aurait pu écrire ces bondieuseries.
En définitive, les ouvrages de Dieudonné et Roussenq comportent pas mal de redondances, et la lecture de celui de Dieudonné, bien plus long et riche en anecdotes, peut suffire.
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