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Critique de Melisende


Attention, spoilers sur le premier tome !

Deuxième et dernier tome du diptyque baptisé Phaenix, le Brasier des souvenirs fait partie de ces livres qui déchaînent les coups de coeur sur la blogosphère et qui semblent indispensable à toutes bibliothèques qui se respectent. Malheureusement, comme ça a pu être le cas avec d'autres titres grandement appréciés par le plus grand nombre, je suis grandement déçue. La fin du premier tome m'avait laissée sceptique malgré une introduction prometteuse et je suis dans le regret d'avouer que ce deuxième opus est dans la lignée du dénouement précédent.
Si la mythologie offerte par Carina Rozenfeld n'est pas inintéressante, les personnages qui la mettent en oeuvre m'ont particulièrement agacée, sans parler de leur histoire à laquelle je n'ai jamais cru. Au final, malgré des bases originales et intrigantes, j'ai eu l'impression que l'auteure choisissait la facilité ; je n'ai été ni surprise, ni touchée. Dommage, il y avait du potentiel !

Alors qu'Anaïa, l'héroïne, m'avait complètement charmée dans les toutes premières pages de ce diptyque - violoncelliste, étudiante en arts et lettres -, je ne l'avais plus du tout comprise à la fin du premier tome et malheureusement, dans ce deuxième tome, elle n'est pas remontée dans mon estime. Alors qu'elle vient d'apprendre deux ou trois choses assez claires, notamment sur les deux garçons qui l'entourent : Eidan et Enry, elle continue, aveuglément, à suivre celui qu'il ne faut pas. Certes, elle ouvre enfin les yeux sur la vraie nature du « gentil » mais elle continue, malgré tous les éléments qu'elle a entre les mains, à fréquenter le « méchant ». Oui, le lecteur étant extérieur à l'histoire, il peut peut-être plus facilement voir les choses clairement… mais je crois juste qu'Anaïa est un peu neuneu et qu'elle aime bien foncer droit dans la gueule du loup ! Je modère légèrement mon propos en reconnaissant que tout de même, au bout d'un moment, la demoiselle ouvre ses mirettes et « grandit » un petit peu. Mais il en aura fallu du temps !
Eidan et Enry, les deux -E qui lui courent après. L'un a toute l'apparence de la vertu, tandis que l'autre, malgré son caractère discret et taciturne, semble sincère (non non, ce n'est pas un mauvais remake d'Orgueil et préjugés…). J'avoue qu'aucun des deux ne m'a véritablement convaincue. Enry est définitivement trop dans la caricature pour que j'ai cru un seul instant à son personnage et son histoire avec Anaïa (la vraie, l'ancienne), ne m'a finalement pas touchée (c'est trop tranché, pas assez subtil). Eidan est quant à lui… du genre parfait. Belle gueule, riche, il en a dans le ciboulot, c'est un musicien (guitare et piano) et un chanteur accompli… et en plus, il est gentil. Mouais… ça existe vraiment ? Je pense qu'il incarne l'idéal de pas mal d'adolescentes (l'ancienne adolescente que je suis y compris) mais il est tellement parfait qu'il en devient fade, lisse. Par contre, quelle patience il a ! Face à une gourde comme Anaïa, je ne suis pas sûre que j'aurais résisté à l'envie de me barrer… :p
Le trio entretient donc des relations amoureuses, amicales, fraternelles… qui m'ont laissée assez de marbre et ne m'ont pas du tout surprise. Lorsqu'Anaïa - et donc le lecteur - comprend qui sont véritablement Eidan et Enry pour elle, ça n'a pas été désagréable parce que c'est ce que j'imaginais. Mais j'aurais aimé plus de surprises, des retournements de situation… quelque chose de moins « attendu ».

Et c'est avec cet adjectif que j'ai envie de qualifier l'intrigue : « attendue ». Certes c'est mignon et on est content de lire que machin est en fait le grand amour d'Anaïa, que truc est entre les deux mais que finalement, malgré les embuches, tout est bien qui finit bien… mais où est la folie là-dedans ? Où est le suspense ? Je dois être complètement blasée, mais le plan d'Enry et le dénouement le concernant étaient courus d'avance à mon goût ! J'ai l'impression que Carina Rozenfeld joue la carte de la facilité pour ne pas se tromper. Alors oui, ça fonctionne, oui ce n'est pas désagréable… mais ça manque grandement de subtilité, il manque une étincelle... J'attendais beaucoup plus de cette intrigue, c'est dommage.

En revanche, et c'est un peu le point positif de ce diptyque (et notamment de ce deuxième tome), j'ai aimé la mise en place du mythe du Phaenix. Pourquoi cette graphie pour commencer ? En quoi est-ce que ça un rapport avec Anaïa et les deux garçons qui l'entourent ? J'ai aimé en apprendre un peu plus au fil des pages et j'ai apprécié les flash-back (bien que rares). Encore une fois, certaines choses auraient pu être davantage développées (l'implication du Phaenix dans l'Histoire avec un grand -H par exemple) mais ce n'est pas si mal. Et ça a le mérite d'être assez original et de mettre en avant une créature merveilleuse qu'on ne rencontre que trop peu dans la littérature (à part à Poudlard !). Par contre, le coup des oiseaux géants qui volent comme ça, en pleine journée, mais qui n'inquiètent personne parce que « les gens ne regardent plus le ciel »… euh, mouais.

J'avais déjà apprécié le style de l'auteure dans le premier tome et c'est à nouveau le cas ici. J'aime assez la plume de Carina Rozenfeld et j'ai été heureuse de retrouver des références très contemporaines, aussi bien au niveau de la musique que dans l'utilisation systématique (entre chaque chapitre) de Facebook. Malgré tout, certaines conversations entre Anaïa et ses amis paraissent un peu (beaucoup) superficielles, mais soit.
Je salue aussi le choix de l'auteure qui offre quelques scènes dénudées à ses lecteurs. C'est assez rare en Young Adult (où je vous rappelle qu'on ne va pas plus loin que le baiser… naméoh !) pour être souligné. Et j'ai été surprise devant la relative maturité qui ressort des descriptions de ces scènes. Et c'est tout le paradoxe de ce tome : certains passages - aussi bien dans le fond que dans la forme - peuvent sembler très enfantins (voire « simplistes » puisqu'ils choisissent la solution de simplicité… cf quelques lignes plus haut) et d'autres, comme ces scènes amoureuses, font preuve d'une belle dextérité.
Cela résume bien mon sentiment général concernant ce diptyque : un beau potentiel, une plume qui a ce quelque chose d'agréable mais un texte « gâché » par le public visé, définitivement jeunesse. Les personnages sont donc à la limite du caricatural et l'intrigue - bien qu'offrant un moment non-désagréable - est tellement attendue qu'elle laisse penser que l'auteure a préféré jouer la sécurité. Dommage, dommage !
Lien : http://bazardelalitterature...
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