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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Long monologue, entrecoupé d'un court récit à la troisième personne, Avenue Nationale est l'histoire de Vandam, peintre en bâtiment dont le fait de gloire est d'être celui qui, en 1989, aurait lancé la Révolution de Velours en donnant le premier coup lors d'une manifestation sur l'avenue Nationale.
Pas sûr que tout cela ait véritablement servi Vandam. Pas sûr non plus qu'il le comprenne vraiment, ce fan de Jean-Claude van Damme fasciné par la violence, obsédé par l'idée qu'il faut être constamment prêt à se battre pour sa vie et pour maintenir l'ordre. L'ordre tel qu'il le voit, du moins, lui qui aime à tendre le bras autant pour attraper une chope de bière que pour faire ce qu'il appelle pudiquement le salut romain.
De ce discours confus d'un homme submergé à la fois par son désir de puissance et son impuissance, obsédé par un ordre illusoire qu'il ne saurait lui-même respecter mais dont il attend des autres qu'ils s'y plient, Jaroslav Rudis extrait un portrait en creux d'une classe populaire tchèque délaissée et gagnée par le populisme le plus crasse, nourrie d'une pensée politique pour le moins trouble, mais surtout maintenue dans la misère et l'ignorance.
De la nécessité d'enchaîner 200 pompes par jours pour être en mesure de survivre à la convocation de l'esprit des antiques Germains en passant par les considérations sur les arbres ou les relations homme-femme, on est partagé entre affliction et rire nerveux face à une logorrhée qui finit parfois par approcher de la poésie.
Autant dire qu'il faut parfois s'accrocher face à ce drôle d'objet littéraire qui, pour autant, n'est pas dénué de charme ni d'intérêt. Une véritable curiosité.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Ce qui marque avant toute chose, c'est le style de l'auteur. Résolument moderne et oral. Brutal parfois, direct et poétique. J'ai peu de références en la matière, mais je le rapprocherais d'un écrivain étasunien dont j'ai lu quelques livres, Larry Fondation (ici, ici, et là). C'est âpre, rugueux et ça dérange. Heureusement que le livre est court et aéré, 500 pages du même calibre et j'aurais sans doute abandonné, mais je dois dire que le rythme, le style, et l'énergie qui se dégage m'ont largement tenu jusqu'au bout.

Ce sont les propos et la vie d'un homme qui a sans doute eu de l'espoir en 1989 et qui n'en a plus. Il a toujours vécu dans le lotissement préfabriqué, n'en est que peu sorti et n'espère plus grand chose de la vie. Les espoirs sont derrière lui, oubliés avec la came et la taule. Lorsqu'il parle avec ses copains de boisson, on se rapproche des brèves de comptoir, qui parfois sont plus profondes qu'il n'y paraît : "Quand t'es jeune, tu détestes ton père. Et plus tu vieillis, plus tu lui ressembles. Et pour finir t'es la même brute que lui. La vie, c'est rien que des mystères cosmiques, pas vrai ?" (p.85)

Voici donc la vie d'un néoextrémiste, mal dans sa peau, violent et irritable. Un type ordinaire totalement perdu dans le monde contemporain qui va trop vite pour lui. Il sait d'où il vient, mais tout a tellement changé vite qu'il ne sait plus où il est, où il va et ce qu'il va transmettre à son fils. Alors, il transmet ce qu'il connaît bien : la peur de l'autre, la violence : frapper avant de se faire frapper. Pour lui la paix n'est qu'une période entre deux guerres. Il s'inscrit totalement dans la montée des fanatismes et des extrémisme à laquelle on assiste depuis plusieurs années un peu partout en Europe, en France itou, puisque nous avons l'un des -sinon le- partis d'extrême droite le plus fort.

Jaroslav Rudis met tout cela en mots très brillamment. Vandam n'est pas tout noir, ce serait trop facile. Il n'est pas vraiment fréquentable, certes, il est perdu, largué. La lecture est dure mais belle et rapide, et si certains passages sont un peu longs, eh bien on les passe vite pour se retrouver quelques pages plus loin.

Mirobole m'a habitué à des textes forts, barrés, décalés, ce roman ne déroge pas à cette règle. Dérangeant et pas confortable. Bonne pioche pour la maison d'édition.
Lien : http://www.lyvres.fr
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Vandam, un surnom à la sauce tchèque pour un fan de Jean-Claude, amateur de pompes en série, de bière au comptoir, de bastons et grand défenseur du salut romain. Ça donne un aperçu du personnage… Et pourtant, ça va plus loin que ça.

Du rude boy pur jus tendance facho qui incarne ici un anti héros dans toute sa splendeur. Vandam frise la quarantaine. Il a connu la drogue et la prison, il s'est aujourd'hui un peu rangé, avec un job de peintre en bâtiment, il vit dans une cité grise de Prague et se ressource en buvant des coups à la taverne, où il peut refaire le monde avec ses potes, et s'imaginer un autre futur avec Lucky, la serveuse. En attendant, on le sent rempli d'amertume avec un esprit revanchard couplé d'un sentiment d'injustice, et il propulse dans ses idées politiques toutes ses frustrations.

Le personnage n'est pas spécialement charismatique, il est même franchement agaçant. Nous assistons dans ce roman à des monologues intérieurs assez obsessionnels, qu'il n'est pas toujours évident de suivre, où l'on peine à se familiariser, à s'identifier. L'auteur joue de ce manque de dialogue. Il nous coupe la chique, et une fois refermé le bouquin, on est à la fois déstabilisé et sidéré. C'est un grand plongeon en République tchèque, avec un fond d'histoire et de culture locale qui pose l'ambiance. Nous sommes à la fois dans l'instant et dans le souvenir, avec ce texte à sens unique qui véhicule une sorte d'urgence absolue, tout en se recroquevillant dans un passé idéalisé.

C'est un roman très sec, entêtant, violent, rude, beaucoup moins fluide que son précédent, La fin des punks à Helsinki. En revanche nous restons dans un thème similaire, à savoir la marge. Ici il change de bord, ce gars-là est imbuvable et un peu au ras des pâquerettes. Avec le recul on prend la teneur du bouquin, l'auteur nous parle de son pays, du climat social et politique actuel. Alors c'est très actuel, même si ce type d'extrémiste n'est pas nouveau. On le découvre peut-être dans les médias et il se répand sans doute davantage, mais il est toujours intéressant d'en parler. Pour autant, le credo « il y a un homme sensible derrière ce facho » (je raccourcis mais l'idée est là) me laisse perplexe. J'imagine bien les motivations de l'auteur mais je m'interroge.

Toujours est-il que Jaroslav Rudis est un écrivain à découvrir et à suivre.
Lien : http://casentlebook.fr/avenu..
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