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Critique de kuroineko


Avec Globalia, Jean-Christophe Rufin s'inscrit comme héritier des Orwell, Huxley et compagnie. Globalia consiste en une démocratie universelle à l'échelle mondiale. Elle se targue d'assurer la liberté et la sécurité à tous ses citoyens (sujets?). Ceux-ci vivent dans des zones sécurisées par des dômes de verre qui assurent un climat continu autant que la sûreté.
Globalia représente également la garantie de la démocratie et du bonheur absolus. Ce monde sous verre coule les Globaliens dans une béatitude artificielle. Consommer est l'activité principale. Les écrans omniprésents vantent à tout instant les mérites des produits à acquérir d'urgence. L'espérance de vie a été repoussée à des limites à peine imaginables grâce à la chirurgie esthétique et le remplacement des organes et éléments défectueux par des pièces renouvelables. Ça m'a fait penser au film Immortel, ad vitam d'Enki Bilal en 2004.
Avec ce processus de régénérescence s'est opéré un renversement des préférences. La jeunesse est dénigrée, voire haïe, au profit de la maturité. L'âge moyen pour son premier enfant est d'environ soixante ans. Certains jeunes subissent des opérations pour se vieillir et échapper à l'opprobre anti-jeune.

A côté de ces cités idéales fusionnées en un seul et même État existent des territoires sauvages, à l'air libre, indéfinis. Tant et si bien qu'ils sont appelés "non-zone". Il existe bien évidemment une propagande globalienne à propos de ces espaces. Et qui se met un peu trop en contradiction avec les valeurs de la cité se retrouve exilé dans ces non-zones.

L'histoire de Baïkal le rebelle, Kate sa fiancée et Puig un journaliste remercié avant que d'être permettent au lectorat de lever le voile des réalités de cette planète Terre à la fois si proche et si éloignée de nous. Manigances politiques et militaires parcourent le roman, chassant un terrorisme omniprésent créé par eux-mêmes. Et oui, la peur fédère plus que tout autre chose et c'est le constat cynique sur lequel se base une sorte d'éminence grise plénipotentiaire.

Globalia est une uchronie où se mêle aventures et réflexion. le roman se lit sans ennui et offre du grain à moudre pour penser l'avenir. Tant d'un point de vue politique (cette démocratie absolue produit plus d'effroi que d'envie) que de l'humanité. En le lisant, j'ai songé aux divers articles lus à propos du transhumanisme et de l'humanité améliorée. Ici, on est en plein dedans avec la mort sans cesse repoussée grâce à la technologie médicale. le Globalien, en vieillissant, devient un assemblage de pièces détachées, rivé à ses écrans, à ses achats et aux fêtes qui ponctuent quasi quotidiennement le calendrier de Globalia.

Jean-Christophe Rufin a créé un monde plausible et bien orchestré. Il reste des zones d'ombre sur lesquelles il a vite passé (les voyages d'une zone sécurisées à l'autre notamment et d'autres plus importantes). En même temps, il se devait de coller à son intrigue sans se perdre dans les explications didactiques. On suit avec intérêt ses personnages principaux, bien qu'ils souffrent parfois d'aspect caricatural. J'ai beaucoup apprécié l'association Walden et le personnage de Monsieur Wise (un nom qui lui va comme un gant).
Un petit bémol pour l'écriture, comme pour Katiba. Je n'ai pas trouvé son style extraordinaire. Efficace et agréable à lire mais sans plus. le fond rattrape sans problème la forme et Globalia restera, je crois, longuement fixé dans ma mémoire.
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