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Critique de Plumefil


  Vue sur les étagères d'une boîte à livres, je me suis empressée de saisir cette biographie, étant une fervente admiratrice de la Callas. Je pensais que l'association de la destinée, hors du commun, d'une Grecque un peu gauche et bien en chair se transformant en sylphide à la voix sublime, alliée au pouvoir narratif d'Eve Ruggieri, musicienne émérite, férue d'art lyrique, me ferait passer un extraordinaire moment de grâce.

C'est fort déçue que je referme cet ouvrage, très documenté, voire un peu trop. J'ai eu l'impression de parcourir un catalogue de récitals, précisant partenaires, metteurs en scène, chefs d'orchestre et directeurs de lieux mythiques (comme La Scala de Milan, le Met de New-York, La Fenice de Venise, etc), sans aucune empathie pour quiconque. Écouter la célèbre voix en fond de lecture n'a pas atténué ma frustration. Certes, tous ces renseignements sont importants pour comprendre le parcours et l'ascension de la Diva, cependant, le néophyte se lasse vite de cette énumération de stars de l'époque (Di Stefano, Gobbi, Visconti, Zeffirelli, Bernstein, etc) ainsi que les pièces d'opéra phares (Médée, Norman Tosca, Traviata, Macbeth, etc) ayant laissé des traces indélébiles dans les mémoires. Un mot s'est imposé à mon esprit en cours de lecture : frénésie ! Pas le temps de s'attarder ni de s'attacher, il faut courir le cachet pour grimper au firmament de la gloire et côtoyer les plus grands.

La Callas est une voix, mondialement connue, toujours clivante, même presque 50 ans après sa disparition. Vouée corps et âme à son art, elle n'en était pas moins femme, souvent blessée par la mésestime de son entourage, tant familial que professionnel. Je reste persuadée que cette défiance est à l'origine de sa lutte acharnée, grâce à son caractère affirmé et à sa volonté d'acier, pour prouver à tous, et d'abord à elle-même, que rien ne lui était impossible. Elle a enchaîné les rôles aux registres difficiles et très différents, sollicitant sa voix sans l'épargner, jusqu'à sa perte.

La destinée de Maria Callas n'est pas banale. À côté de son talent incontestable, plus ou moins apprécié selon les goûts, sa vie à elle seule, est un véritable roman, une pure tragédie, à croire qu'elle n'a jamais eu le recul nécessaire pour différencier son quotidien de celui des héroïnes, aux destins dramatiques, qu'elle incarnait si viscéralement. Qu'on soit pour ou contre, tout le monde est unanime pour reconnaître son talent à avoir révolutionné l'art lyrique. L'interprétation académique et policée, toute théâtrale, a été supplantée par celle, intime et profonde, exprimant les émotions sur scène, partagées avec le public.

Ce livre est loin d'être inintéressant, mais pour moi, il manque de chaleur, d'humanisme, de naturel, tout ce qui peut provoquer l'empathie ou l'antipathie pour un personnage devenu mythique. Je n'ai retrouvé ni magnétisme, ni rage de vivre, ni blessures entre les pages, seulement quelques fêlures interprétées comme des caprices de diva. Son grand amour avec l'armateur Onassis est évoqué sans consistance. Sans vouloir, à tout prix, écrire pour ravir le voyeurisme des amateurs de people, il me semble que cette période déterminante dans la descente aux Enfers de la vie de Maria Callas, méritait mieux.

Je vais vite balayer cette déception, au goût amer, par d'autres lectures et qui sait, par une nouvelle biographie laissant enfin apparaître la femme discrète derrière l'image publique dont la voix est un passeport pour le divin. J'ai déjà quelques idées...
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