AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de isabellelemest


Merci à Babelio et à l'opération Masse critique ainsi qu'aux éditions Hoëbeke qui m'ont permis de lire ce beau roman

Ouvrir le livre de Paolo Rumiz, c'est partir pour une lecture paresseuse et sinueuse, nonchalante et rêveuse au fil de la descente d'un fleuve si célèbre qu'il en est devenu invisible et méconnu, le Pô.

Le fameux écrivain voyageur italien, raconte comment il a entrepris de redécouvrir avec quelques amis, en le parcourant sur diverses embarcations, ce fleuve qui irrigue la partie septentrionale de l'Italie, la plus peuplée et industrielle, la plaine padane ou "pianura padana" où se concentrent les trois-quarts de l'activité économique de la péninsule. Quoi de mieux que de le parcourir de l'amont vers l'aval, d'abord en canoé, puis en barque, enfin sur un petit voilier, pour y recueillir la vérité du fleuve, sa voix, son atmosphère, ses paysages, sans compter les innombrables rencontres avec riverains et passionnés du cours d'eau.
Les découvertes sont surprenantes : le silence d'abord, malgré la proximité géographique des autoroutes, le chant des galets, les rives sauvages en amont de Turin, l'isolement de la rivière canalisée entre de hautes levées, l'ignorance du Pô chez la plupart des habitants de la plaine, et bien sûr les dégâts d'une industrialisation forcenée qui n'a pas épargné la nature : décharges, digues, barrages, mais aussi les mutations de la faune avec l'apparition de poissons géants exogènes, les silures, et aussi les trafics, l'absence totale de police ou de contrôles, un espace de liberté au sein même d'une région surpeuplée.

Toute cette exploration ne serait rien sans les multiples rencontres avec des amis du fleuve ou des riverains qui entretiennent une étrange histoire d'amour avec Pô, car peu à peu, Paolo Rumiz va personnifier et féminiser le flot qui le porte.
Une femme étrange et mystérieuse, une apparition récurrente, sert de fil conducteur au voyage qui conduira le narrateur jusqu'à l'île de Susak en Croatie, pour mener le périple à son terme

Il s'agit somme toute d'un journal de voyage, ponctué d'escales et de bombances, d'échanges pittoresques avec les amis embarqués dans l'aventure, agrémenté de notations littéraires, poétiques et profondes, mais d'où l'humour n'est jamais absent, qui suit son rythme indolent au fil de la descente du cours d'eau.
.
Des cartes personnelles à l'auteur, aux toponymies subjectives, marquent les temps forts du parcours, et illustrent le récit. Un regret toutefois : un peu trop de noms propres, de lieux ou de personnes, que le lecteur a du mal à tous situer ou retenir.
Mais il ne s'agit là que d'une mince réserve, car la lecture, même si elle ne tient certes pas en haleine, reste un moment de plaisir et de rêverie, que l'on aime à retrouver dans la durée.
Pour ceux qui considèrent la lecture comme un voyage imaginaire, il n'est pas de meilleur roman, pour partir à la découverte de l'âme d'un fleuve et de celles des hommes qui l'aiment et le parcourent.
Excellente traduction de Béatrice Vierne.
Commenter  J’apprécie          162



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}