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Critique de Meygisan


La lecture de ce premier tome fut pour moi une bien belle surprise. Je ne m'attendais pas à ce genre de contenu.
Sylvain Runberg utilise ce premier tome pour poser les jalons de son histoire mais il ne s'en contente pas. Ses personnages principaux sont déjà bien étoffés et les bases d'une réflexion sur le sujet de la guerre sont également abordées.
Le scénario semble de prime abord assez simple. Pourtant très vite, Runberg propose une seconde grille de lecture; plus profonde, qui appelle la réflexion.
Il nous montre le quotidien de son héroïne, Louise, pilote de drones et mère de famille, qui tente tant bien que mal d'allier le boulot et ses obligations familiales. Elle n'y parvient pas très bien, et se berce même d'illusions quant au précaire équilibre qu'elle tente de maintenir. Runberg lui assigne une famille antimilitariste ce qui ne facilite pas les choses. C'est pour lui l'occasion, non seulement de donner une réelle profondeur à son personnage, mais également d'explorer toute la dimension psychologique, avec tout ce que cela peut entraîner d'interrogations sur sa santé mentale. Il fait alors immédiatement référence aux soldats en général, traumatisés par la guerre, quelle qu'elle soit. Ce traumatisme va devenir d'ailleurs le centre du récit, ou plutôt l'absence de traumatisme. On ne saura pas vraiment si Louise souffre réellement d'une maladie mentale ou si elle est véritablement équilibrée, comme le prétendent ses deux collègues.
À cela, Sylvain Runberg ajoute une réflexion intéressante sur les jeux videos. En faisant de son personnage principal, un pilote de drones, il la place loin des conflits, contrairement à l'autre personnage important de l'histoire, Yun Chao, présentée comme une terroriste catholique. il aborde ainsi la déresponsabilisation du soldat face à ses ennemis, qui ne sont plus humains, mais simplement réduits à de simples cibles à abattre sur un écran. On assiste à une véritable déshumanisation du soldat. Ce n'est pas lui qui tue, c'est le drone. le soldat ne fait qu'obéïr aux ordres, appuyer sur les boutons et manipuler les commandes de son jouet. Cette déshumanisation est d'autant plus rendue violente et absurde qu'elle est mise en contraste avec Yun Chao, qui elle affronte physiquement les machines. Elle est confrontée au sang, à la sueur, à la mort de près. Son monde à elle est réel alors que celui de Louise reste virtuel, même la mort. À l'image d'ailleurs de sa vie de famille...
Voilà, le contexte étant posé, les conséquences viendront dans le tome 2....
Je n'adhère pas aux dessins qui sont plus que moyens, le style de Louis est... particulier! Mais l'histoire est tellement prenante qu'on finit par ne plus faire attention aux dessins. Donc l'un dans l'autre....
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