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Critique de Alfaric


Avec la BD "Reconquêtes" c'est dans un Orient ancien fantasmé que le prolifique scénariste belge Sylvain Runberg et le talentueux dessinateurs québecois François Miville-Deschênes nous racontent la saga de la Horde des Vivants, alliance scythe qui associe les amazones sarmates de la reine Simissée, les dresseurs de bêtes callipides du roi Marak et les guerriers cimmériens du roi Kymris, qui en affrontant l'Empire Hittite des souverains Hattushili et Puduhepa nous rejouent les éternelles opposions entre nomades et sédentaires, entre « barbarie » et « civilisation » mais aussi entre liberté et tyrannie ! Tout est vu à travers les yeux de Thusia, scribe envoyé par le Royaume de Babylone observer les événements. Mais au fil des événements la strong independant woman passe de spectatrice à actrice du conflit : il faut qu'elle choisisse son camp, et pour avoir un avenir elle va devoir se débarrasser du poids de son lourd passé...
Le monde crée car les auteurs est fascinant voire envoûtant, mais il est si fantasy qui l'ancrage historique fausse les pistes qu'autre chose : on a des bêtes préhistoriques, des cavaliers chevauchant sangliers, taureaux, ours, éléphants ou mastodontes, on a des griffons et des sorciers atlantes, sans parler du ce roi cimmérien qui ressemble peu ou pour au Conan de R.E. Howard (bref la Fantasy avant que des yankees en panne d'inspiration ne dévoie le tolkienisme pour faire de l'argent facilement avec des machinlogies de pavés formatés et édulcorés, avec des héros adolescents orphelins devant accomplir une prophétie dans laquelle il doit récupérer un truc magique pour vaincre un méchant millénaire éco+). Alors oui on est plus proche de la Fantasy que de l'Histoire ou de l'uchronie, et c'est d'autant plus vrai que visuellement cela ressemble un peu à l'univers de Khans of Tarkhir de Magic the Gathering. Mais il s'agit aussi d'une série pour un public averti car la nudité est abondante et le sexe et la violence abordée crûment, avec deux camps qui s'avèrent sans pitié : malheurs aux vaincus avec d'éprouvantes scènes d'exécution ou de torture… Tout cela n'est pas sans rappeler certains titres de l'inusable Jean-Yves Mitton ! ^^
Les séries transgenres créés par François Miville-Deschênes sont toujours pleines de promesses mais elles ne sont pas toujours tenues, et cela me fait de la peine de le dire si Sylvain Runberg aime sincèrement la fantasy il est plus à l'aise dans le polar et le thriller. Qu'en est-il ici ? Alors certes il y a des naïvetés avec un roi fantoche manipulable à merci et une reine garce qui manipule à qui mieux mieux, qui s'amusent à humilier et torturer tout ceux qui osent le manquer de respect (c'est-à-dire ne pas se plier immédiatement et totalement à ses caprices versatiles de pétasse narcissique) avant de s'étonner que le ciel lui timbre sur la tête quand l'une de ses victimes chercher à venger et y parvient… Naïf aussi la manière dont on met en scène l'ennemi intérieur de la Horde des Vivants avec un traître encapuchonnés qui traînent dans tous drames qui vont finir par la faire imploser : on dirait un vieux film hollywoodien, et il avait moyen d'amener tout cela plus finement… Mais le souffle de l'aventure et bel et bien là, car c'est une tragédie intime qui va faire basculer les destins collectif : le sort du monde va se jouer dans l'âme d'une seule femme, et c'est epicness to the max avec une Boîte de Pandore qui après avoir déversé toutes ses calamités va nous offrir l'Espoir que le TINA reagano-thatchéro-macronien veut nous refuser !


Ce tome 1 intitulé "La Horde des Vivants" est clairement un tome d'exposition, et c'est à travers les yeux de la scribe babylonienne Thusia que nous découvrons le who's who de la grande alliance scythe tandis que le narrateur omniscient nous montre les tenants et aboutissant du game of throne hittite… Chaque camp pousse ses pions et les peuples situés à la frontière doivent fuir ou périr !
Chaque souverain présente son peuple à Thusia l'envoyée de Babylone, tout en lui faisant les yeux doux et si la strong indepedant woman se sent proche des Amazones elle n'est pas insensible au charme du roi Kymris. Mais on se demande comment les femens misandres peuvent cohabiter avec les Callipides et les Cimmériens virilistes pour ne pas dire machistes… Diviser pour régner : un sorcier atlante se prend le chou avec une sculpteuse d'ombre sarmate au sujet de leurs prédictions respectives (l'un voit une hydre à trois têtes dévorer la horde, l'autre voit celui qui la découvrira en premier se faire tuer), et quand on retrouve Mestor décapité avec ses deux amantes d'un soir c'est la Horde toute entière qui se retrouve divisée ! Car les sorciers atlantes sont aussi les stars du show, et ils ressemblent trop aux psioniques de la saga "Scanners" de David Cronenberg pour que cela soit une coïncidence : le flashback qui leur est consacré est excellent et aurait pu nourrir un excellente série à lui tout seul, car ces 5 rescapés en exil perpétuel en perdant leur passé, leur patrice et leurs famille sont fascinants… Quand tu as tout perdu, que te reste-il à gagner ? Chacun d'entre eux se pose la question, et chacun d'entre eux va y apporter une réponse différente : de leurs choix aussi dépend le sort du monde !
Le cliffhanger ? Les Hittites décident de combattre le mal par le mal, et qu'est qu'il y a de mieux que des barbares dresseurs de bêtes pour combattre des barbares dresseurs de bêtes ? le Destin est en marche !
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