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Critique de Alfaric


Nous sommes en présence d'un chef-d'oeuvre de 80 pages auquel il ne manque presque rien pour égaler les plus grands et entrer dans l'éternité. Les auteurs font parfaitement la transition entre le film d'Irwing Pichel et Ernest B. Schoedsack intitulé "Les Chasses du Comte Zaroff", inspiré par la nouvelle de Richard Donnell intitulée "The Most Dangerous Game", et leur oeuvre qui se veut une suite directe de l'oeuvre d'origine…
Cette dernière inventait à la fois les concepts de serial killer et de survival, mais cela allait bien plus loin que cela puisqu'on allait au bout du bout des délires suprématistes des élites autoproclamées (dont pour le salut de l'humanité il faudrait à mon humble avis se débarrasser au plus vite), à savoir l'exploitation de l'homme par l'homme illustrée par la maxime antique « Homo homini lupus est » (« L'homme est un loup pour l'homme »)... Ici les prédateurs deviennent proies et les proies deviennent prédateurs (et inversement, et à plusieurs reprises), et les esprits affûtés auront reconnu que le scénariste Sylvain Runberg qui est décidément beaucoup plus à l'aise dans le thriller que dans d'autres genres reprend beaucoup de thèmes et de rebondissements de son autre oeuvre intitulée Sept Cannibales (et mine de rien on revient à l'ADN premier des récits fantastiques où le Mal est en chacun de nous : "L'Homme Invisible", "L'Île du Docteur Moreau", "Docteur Jeckyll et Mister Hyde"….)
Nikolaï Zaroff aristocrate russe expatrié passionné de chasse a poussé le vice jusqu'à chasser ses congénères, mais vaincu par Sanger Rainsford, il a déménagé du Brésil au Vénézuela sans retrouver la passion de la traque… C'est là qu'il reçoit la déclaration de guerre de Fiona Flanagan fille d'une de ses anciennes victimes qui après avoir tué son beau-frère lui annonce que sa soeur Katarina, son neveu Dimitri et ses nièces Anastasia et Alyona ont été lâchés dans sa nouvelle réserve de chasse et que le premier qui les retrouvera aura droit de vie et de mort sur eux… le suspense est total, d'autant que les auteurs cultivent le mystère autour de leur personnage principal au-delà du bien et du mal : sociopathe ou psychopathe, pragmatique fan de Marc-Aurèle ou sadique fan de Caligula ? Ses ennemis le voit comme un monstre, sa soeur comme un fou, ses neveux et nièces comme un héros : nous touchons du doigt la quintessence de la sulfureuse philosophie nietzschéenne !
J'ai à un moment regretté qu'on ne fasse pas un "Crime de l'Orient Express" à l'envers, mais à proie exceptionnelle il fallait des prédateurs exceptionnels à savoir la crème de la pègre new-yorkaise menée par le chasseur expert Joao Pedro Dos Anjos qui ne sait que trop bien à quel surdoué ils sont confrontés...

Les dessins du formidable artiste québécois François Miville-Deschênes sont comme toujours proches de la perfection, mais ici il fait en plus preuve malice en s'inspirant de l'autre film auquel a participé Ernest B. Schoedsack à savoir le légendaire "King Kong" ! du coup l'Île du Docteur Moreau, euh pardon l'Île du Chasseur Zaroff ressemble à s'y méprendre à un sosie de Skull Island. Et cela ne fait que rajouter de la supracoolitude à l'ensemble !
Lien : http://www.portesdumultivers..
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