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Critique de anniefrance


Un coup de coeur pour ce livre à l'écriture limpide et à la construction simple.
Deux personnes décédées hantent les personnages principaux: le père de Bérénice, exilé qui a toujours caché son origine et Taym, la soeur d'Asim: une activiste idéaliste qui déplore l'aveuglement de son frère: il veut qu'elle quitte le pays pour échapper à la mort; il organise un faux mariage pour passer la frontière mais trouvera la jeune mariée dans la fosse des cadavres, décapitée.
Deux histoires se passent de nos jours en Syrie, en Turquie et au Rojava. Asim n'a plus de sa soeur qu'une clé USB où elle avait enregistré toutes les horreurs que vivaient les syriens.
Il était pompier pour sauver des vies, il devient fossoyeur pour tous ceux qui ont été exterminés; il finira faussaire créant papiers et passeport pour aider à fuir ceux qui'espèrent encore.
Bérénice, archéologue française, détourne des objets antiques pour une galerie parisienne.
"Il enterre, elle déterre.
Depuis un camp, une femme donne une petite fille à Bérénice qui décide de la sauver.
Asim repense à la joie qui avait éclaté lors de la révolution. Son peuple s'était levé mais le monde est resté assis (cette amertume revient souvent: l'Occident n'a pas bougé). Ceux et celles qui avaient milité pour des actions pacifiques ont été les premiers exécutés. C'est l'état et Bachar al-Assad et ses mafieux qui répandent la violence. La révolution est renversée par la folie "La violence s'était insinuée partout comme l'infection dans une plaie"
Bientôt les crimes de l'état ont été aggravés par l'arrivée des hommes en noir: les djihadistes . le rôle des femmes avait été important; parmi les militants pour une transition démocratique, certains voulaient que les femmes ne participent pas, par sécurité mais Taym avait explosé: Si les syriens ont des raisons de se révolter contre la dictature, les syriennes en ont dix fois plus. nous marcherons dans la rue, avec ou sans vous.
Et ce sont elles les premières victimes des djihadistes: elles n'ont plus aucun droit! Pour sauver une petite fille des mains d'un homme en noir, Asim feint de l'insulter et de la battre puis la ramène à ses parents.
Contre vents et marée Bérénice veut rentrer en Europe avec l'enfant. Sa logeuse turque lui indique un faussaire pour le passeport nécessaire. ce sera "le pompier syrien." Asim est parvenu en Turquie comme Bérénice: les deux histoires se rejoignent. La petite fille n'a pas encore reçu de nom; c'est Asim qui donne les noms de suppliciés aux demandeurs de papier (c'est à la dernière phrase du roman qu'on apprendra le prénom qu'il a choisi) Asim demande à Bérénice de traduire le contenu de la clé USB; après l'avoir fait, elle demande à recueillir les témoignages des exilés.
Le passeport est bientôt prêt et Bérénice suggère à Asim de s'en faire un pour lui.
Bérénice est grillée, on sait qu'elle a volé: elle ne peut plus quitter la Turquie. Paradoxalement, on lui propose de regagner la Syrie mais au Rojava où les peshmergas luttent contre l'état islamique: territoire autonome et démocratique. Ce sont des combattantes qu'elle rencontre, elles luttent pour Femme, vie, liberté. Mais les turcs passent la frontière. C'est toujours la guerre.
Bérénice et l'enfant parviennent en Allemagne...la vérité des horreurs ne peut plus être estompée.
Un texte très émouvant qui devrait culpabiliser l'Occident, reconnaître le pouvoir des femmes dans leur lutte pour la paix et se demander pourquoi des jeunes rejoignent les hommes en noirs...
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