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Critique de Maldor


Malheureusement cet ouvrage, tout comme La Nouvelle Justine, n'est disponible que dans l'édition de la Pléiade. Il est pourtant extraordinaire. Sade est inexorablement et absolument libre. Il y a certes des longueurs (on distingue trois types de textes, comme souvent dans les romans de Sade : narration, dialogues philosophiques, scènes de coïts parfois très violentes), mais on est souvent surpris par l'imagination - qualité nécessaire à tout libertin - de l'auteur (ici une messe noire avec le pape ; là une exécution depuis le sommet du Vésuve ; ici une sorcière douée de pouvoirs presque magiques, capable de faire apparaître d'étranges personnages, des cadavres, et de prévoir l'avenir de Juliette et de Clairwil ; là un géant sanguinaire vivant dans un château isolé, relique des 120 Journées ; et une floppée d'intrigues criminelles expertement ficelées). Ce roman est unique. Qui d'autre écrivit de si sordides horreurs avec tant de poésie ? Un personnage est prêt à se "distiller en foutre".
Pour des raisons plus ou moins évidentes (il fut l'un des premiers à exhiber avec un art immense la part la plus immonde de l'homme), Sade est peut-être l'auteur du 18ème siècle qui demeure le plus moderne. Il ne faut tout de même pas oublier de se méfier, et surtout ne pas trop céder à l'admiration. Sade est encore dangereux, notamment par son relativisme qui peut être attrayant.
Mais il faut lire Juliette. Pour le style, pour le romanesque, pour les réflexions précieuses, très précieuses sur l'homme et la société. Et pour ses personnages. Pour la première fois chez Sade, les libertins semblent un tantinet plus fragiles, et sont presque attachants. Certes ils demeurent des hommes-machines, en ce qui concerne les libertins. Et que dire de Juliette ? Non seulement le personnage est intéressant, mais c'est surtout le personnage féminin le plus autonome, et le plus intelligent de la littérature du 18ème. Il donne son nom à l'oeuvre. Et pourtant, Sade n'était pas connu pour son féminisme.
Lisez-le. Vous serez surpris, horrifiés, fascinés et surtout, vous penserez.
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