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Critique de SChaptal


Exceptionnellement, cet article n'est pas forcément une recommandation de livre, mais un témoignage sur le chemin parcouru en science-fiction depuis le début du XXe siècle. Dans les années 1970, les éditions J'ai Lu réalisaient en effet, des anthologies de textes de science-fiction sous l'égide de Jacques Sadoul, son directeur de collection et fin connaisseur du genre. Certaines de ses anthologies étaient dédiées à des titres de pulps américains. C'est le cas pour celle-ci, Les meilleurs récits de Famous Fantastic Mysteries parue en 1977 et qui rassemble elle quatre textes parus entre 1912 et 1919. Si ce sont effectivement les meilleures publications de cette revue américaine, alors la production de l'époque devait être bien inégale. Chaque texte est préfacé pour présenter l'auteur et ses conditions de parutions.
Et nous commençons par Les ténèbres et l'aurore de George Allan England, écrit en 1912.. Lu 110 ans plus tard, c'est… douloureux. La trame est pourtant intéressante : un ingénieur et sa secrétaire ont travaillé tard dans un gratte-ciel new-yorkais, se sont endormis à leurs bureaux et se réveillent quelques siècles plus tard. La ville est redevenue sauvage, tout part en lambeaux (à commencer par les vêtements de la dame entièrement volatilisés bien moins solides que les haillons qui restent à monsieur) et ils vont devoir survivre et reconstruire la civilisation. Mais comme dans La Machine à explorer le temps (d'H.G.Wells parue en 1895), ils vont trouver un peuple dégénéré et cannibale qu'ils devront affronter. En quoi, est-ce douloureux à lire ? L'histoire a de bons relents de machisme avec le patron qui va classiquement tomber amoureux de sa secrétaire en l'appelant sans cesse « petite fille », mais celle-ci ne se contente pas d'être une belle plante en détresse et prend parfois l'initiative. Ce qui pose problème c'est le racisme violent du texte. Quand les monstres arrivent de nuit, le héros croit qu'il s'agit de personnes noires et avant qu'ils aient fait quoi que ce soit se lamente déjà sur la fin de la civilisation ! Puis quand il les voit de jour avec leur peau bleu-grisâtre, il va leur trouver des traits « mongoloïdes » (comprendre asiatique) pour expliquer une dégénérescence si rapide… Si en 1912, ce genre de préjugés rances pouvaient passer, j'aurais apprécié d'avoir au moins quelques lignes dans la préface de Jacques Sadoul, écrite elle plus de 50 ans après pour avertir des tons douteux de l'histoire (au lieu d'avertir de la fin « socialiste » des deux suites non publiées en français).
Le deuxième récit, L'Ile amie date de 1918 et est lui l'un des rares textes écrits par une femme de l'époque, Gertrude Barrows sous le pseudonyme de Francis Stevens. C'est un texte plaisant qui, avec ses gros sabots, imagine un monde où les femmes sont le sexe dominant et un récit de naufrage où l'impolitesse du seul mâle va mettre en danger la survie des naufragés. Pas inoubliable, mais il se lit vite et fait sourire.
Le troisième récit est finalement le plus ciselé du lot. Écrit en 1919 par Abraham Merritt, Trois lignes de vieux français arrive à mêler dans un cours texte onirique, traumatisme de guerre, hypnose et voyage dans le temps. Une oeuvre mineure pour Abraham Merritt, mais un petit bijou parmi ces quatre textes.
Enfin le dernier a également été écrit en 1919. La fille dans l'atome d'or de Ray Cummins est de nouveau un récit d'exploration avec une belle dame en détresse à sauver. Sauf que… Cette exploration se fait dans l'infiniment petit et que la fin ne nous dit pas si la dame fut sauvée ou si le preux Chimiste venu à sa rescousse connut un sort tragique. le tout a un petit arrière-goût des Voyages de Gulliver et finit, ma foi, sur une note honorable si ce n'est assez convenue cette anthologie.
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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