AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lilylelfe


Tout d'abord un grand merci à Taifu comics pour ce beau partenariat et pour la gentillesse de leur accueil.
J'aime beaucoup la couverture de ce manga. Très douce, avec des couleurs presque pastel, elle est le vrai porte-parole de l'histoire qui s'annonce. Je trouve l'étreinte que Yuki donne à Keiichirô très tendre, et en même temps, le fait qu'on ne voie pas le visage de ce dernier symbolise bien l'idée que Yuki se fait de l'impossibilité de cet amour inavouable. Au dos, on trouve pourtant la fin de l'image, avec un Keiichirô qui embrasse tendrement la main de Yuki, montrant la douceur et la complicité de leur relation. La mention « Il y a des gens… dont on ne peut pas tomber amoureux » renforce l'ambiance ambivalente de cette couverture très bien choisie pour illustrer ce joli manga rempli de douceur et de questionnements.
Je ne suis pas une grande fan des dessins de ce manga, mais ils ont leur charme, et une chose est sûre, ils sont très doux. Les visages ne sont pas forcément toujours très expressifs (à part quand ils rougissent, que Yuki est mignon quand il rougit, d'ailleurs !! ^^), et en même temps, il y a cet aspect d'amour secret et interdit qui coïncide bien avec le choix de dessins plus neutres. Dans l'ensemble, ils restent léger et plutôt jolis, et les scènes érotiques, si elles sont explicites, sont bien faites et plutôt softs. Au final, avec un sujet aussi sérieux que celui de la mort de la soeur de Yuki et la relation interdite et culpabilisante de Yuki et Keiichirô, ces dessins apportent une touche de fraicheur et de légèreté à l'histoire.
Si l'on n'a pas lu le quatrième de couverture, on découvre peu à peu, à demi-mots, que toute l'histoire est basée sur la mort de la soeur de Yuki, trois ans plus tôt. On démarre avec une scène de la vie quotidienne, montrant un Keiichirô très tête en l'air et un Yuki qui s'occupe de lui tel une parfaite « maitresse de maison ». Bien qu'étudiant, Yuki gère tout dans la maison : le jardin, les repas, le ménage, et il va même jusqu'à aider Keiichirô à s'habiller, celui-ci n'ayant aucun sens de l'esthétique, ou bien simplement n'ayant pas vraiment les yeux en face des trous le matin au réveil !
On perçoit immédiatement l'immense tendresse qui lie les deux hommes : il est flagrant que Yuki est profondément amoureux de Keiichirô, et concernant ce dernier, il suffit de le voir interagir avec ses collègues de bureau lorsqu'il parle de son beau-frère pour se dire qu'il y a anguille sous roche… Il l'encense, tout en faisant preuve de jalousie. Pourtant, lorsqu'il est près de Yuki, il se montre relativement distant. Pas froid, non, au contraire, il est très proche de son « beau-frère chéri » (comme il dit lui-même), mais il a cette dualité en lui, qui le pousse à clamer les qualités de Yuki lorsqu'il n'est pas près de lui et à se montrer beaucoup plus posé et calme quand il est avec lui.
La relation des deux hommes est vraiment très intéressante. Il y a toujours cette tension sous-jacente, basée à la fois sur les non-dits, sur des paroles difficiles à interpréter (comme lorsque Keiichirô demande à Yuki de rester à ses côtés et de ne pas partir pour travailler loin de chez lui) et, surtout sur la culpabilité. Culpabilité qu'on retrouve des deux côtés, même si on suit plus le déroulement des pensées de Yuki que celui de Keiichirô. Il y a ce poids immense qui pèse sur la relation des deux hommes : la mort de la soeur de Yuki, épouse de Keiichirô. Il y a ce désir de faire vivre son souvenir, de respecter sa mémoire, et de ne pas la trahir par un amour qui n'aurait jamais dû être. Pourtant, certaines paroles de la jeune femme avant sa mort questionnent Keiichirô.
Yuki, lui, a toujours été amoureux de Keiichirô. Sa culpabilité envers cet amour impossible remonte à avant la mort de sa soeur. Evidemment, tomber amoureux du mari de sa soeur n'est pas foncièrement une bonne idée. Il a donc appris à garder secret ce grand amour, du moins, c'est ce qu'il pense. Mais ce n'est pas forcément parce qu'on est silencieux et qu'on garde les choses pour soi qu'on ne peut pas être deviné et compris…
J'aime beaucoup ce côté « non-dit », dans cette histoire. Yuki et Keiichirô se cherchent, tout en culpabilisant et en tentant de garder leurs distances, de sauvegarder leur relation telle qu'elle est, même si au fond, elle ne leur convient pas telle quelle. Ils taisent leurs pensées, leurs conclusions, leur amour, leurs désirs. En fait, ils n'osent les prononcer à haute voix que devant l'autel monté en souvenir de la soeur de Yuki, ou devant son cerisier, deux lieux où ils aiment se recueillir et parler avec la défunte, lui confier leurs joies et leurs difficultés… Yuki a la sensation que sa soeur l'a toujours compris, et pourtant, il s'en veut de ses propres sentiments. Il est finalement dans une forme d'ambivalence, entre son envie d'être étreint par Keiichirô, de l'entendre lui dire des mots d'amour, et son obstination à considérer qu'il ne faut pas, que c'est mal. Quant à Keiichirô, il joue majoritairement à faire l'autruche. Quelque part, c'est assez cruel de sa part. Même s'il ne fait pas vraiment exprès, et que son « indifférence » est en fait sa propre manière d'étouffer sa culpabilité à lui…
J'ai trouvé cette histoire touchante d'innocence et de tendresse. Ce n'est pas une de ces histoires très colorées et joyeuses, pas non plus vraiment une histoire triste. Elle est constituée d'une infinité de nuances, avec un côté très doux-amer, finalement. Un brin de poésie, avec ce cerisier qui n'a jamais fleuri et qu'on attend de voir renaître à la vie, un jour… Un manga plaisant à lire, pour un bon moment de tendresse à passer en compagnie de nos deux gentils héros au coeur pur.

Aurélie, pour le blog d'Amabooksaddict
Lien : http://amabooksaddict.blogsp..
Commenter  J’apprécie          00







{* *}