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Critique de LaBiblidOnee


Cette collection revisite les mythes de l'intérieur, sous forme "d'autobiographie" romancée du personnage principal de chacun d'eux.
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« Moi, Eve » est un texte court, émaillé de reproductions de tableaux sur le commencement du monde tel que nous le connaissons. L'harmonie est belle entre le récit et le pinceau, qui se mettent parfaitement en lumière. Dans ce texte j'ai aimé la plénitude du début, où la plume se faisait charnelle et emplissait nos sens. J'ai aussi apprécié le passage du questionnement, où Eve doit choisir entre garder son innocence, ce qui l'ampute d'une partie de sa liberté, ou bien prendre la liberté de croquer le fruit défendu mais devoir gérer les conséquences de cette liberté.
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On peut en effet décliner cette question inhérente à toute société sous divers angles, comme une parabole de l'humanité transposable à toutes choses et qui se résume par la fameuse interrogation : La curiosité est-elle un vilain défaut ? Sous l'angle de la science notamment, le savoir va-t-il nous élever, nous délivrer, ou au contraire nous mener à notre perte ? Par exemple, notre volonté d'explorer le monde des intelligences artificielles alors même que l'on craint, comme dans tout bon scenario catastrophe qui se respecte, qu'elles prennent le contrôle, nous anéantissent ou volent notre liberté. Sous un angle purement sociétal et idéologique, les interdits doivent-ils être respectés dans une société, ou transgressés ?
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La question de la liberté, de ses limites et du libre arbitre nous est consubstantielle, en tant qu'être de pensée. Au-delà de l'aspect moralisateur qui semble émerger de l'histoire originelle, on peut donc effectivement aussi imaginer qu'Eve n'a pas vécu la sentence comme une punition mais bien, finalement, comme une (belle ?) aventure : celle qui lui manquait dans sa vie d'avant, où elle n'était peut-être pas si comblée puisqu'elle a eu envie d'autre chose. Plutôt qu'une transgression dont on doit passivement accepter la punition, l'acte peut alors devenir un choix souhaité dont on assume pleinement et activement les conséquences, sans regrets inutiles.
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"Aujourd'hui, je vais rejoindre Abel. Adam m'a devancée. Bientôt, je ne serai plus que poussière parmi la poussière, mais je vous le dis à vous tous, innombrables enfants d'Adam, aimez la vie, malgré la violence et les souffrances qu'elle sous-tend, chérissez-la jusqu'à votre dernier souffle, car si la douleur s'émousse, le bonheur, lui, demeure toujours aussi ardent.", conclura magnifiquement Eve.
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L'idée est intéressante et, sur le principe, cette réécriture offre donc de belles pistes de réflexion. Sur le fond, j'ai pourtant été moins convaincue et séduite par la suite du texte, où la sensualité s'effrite pour laisser place à la dure réalité d'une vie de travail et de souffrance pour de menues satisfactions. J'ai eu une furieuse envie de retourner au Paradis calme et tranquille malgré les conseils avisés d'Eve et la sensation inconfortable qu'il était insuffisant malgré tout. Donc oui j'ai vécu son dilemme, mais peut-être à cause de mon humeur du moment, j'ai finalement trouvé peu d'intérêt à cette réécriture sauf à profiter de la plume du début, se remémorer l'histoire, la vivre de l'intérieur pour tenter de ressentir les questionnements - mais au détriment des personnages autour qui semblent transparents, inconsistants, ce qui finit par déteindre sur l'entièreté du texte. Bref, je suis hélas passée complètement à côté de ce livre. Une déception pour moi, malgré un début prometteur.
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