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Citations sur La légende des Akakuchiba / La légende des filles rouges (71)

Moi, je n’avais pas tout ce qu’il me fallait, ça c’est sûr. Tous les jours, je me répétais : je ne suis pas satisfaite. Mais je me disais : ça va, c’est normal. On ne peut pas passer sa vie avec des désirs disproportionnés, disait une voix dans ma tête pour me faire la leçon. « Je ne suis pas satisfaite », c’était la voix du cœur, alors que « Ça va, tout est normal », celle qui me faisait la leçon, c’était la voix de mon époque. Enfin, c’était mon impression. En réalité, j’avais peur. J’avais tellement la frousse que j’étais prête à crier. Mais crier contre quoi ?
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Sans réelle ambition, sans non plus le désir débordant de dépenser un argent fou pour quoi que ce soit, ni vraiment d’intérêt pour m’amuser dans les grandes largeurs. Je n’étais pas davantage prête à m’investir dans une carrière pour devenir quelqu’un dans une entreprise au point d’y perdre mon identité. Je n’avais aucune envie d’acquiescer ou de courber la tête pour des choses auxquelles je ne croyais pas. Ce qui n’empêchait pas de sentir, comment dire… la suffocation de ces journées qui m’entraînaient vers l’âge adulte. Je souffrais de penser que j’aurais dû m’appeler « Liberté ». J’avais de quoi manger sans problème, je n’avais rien à faire, mais étais-je libre ? C’était quoi la liberté, pour nous ? La liberté, pour une femme, qu’est-ce que c’est ?
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La crise qui faisait suite à l’explosion de la bulle économique se résorbait peu à peu, c’est du moins ce qu’on entendait dire, mais le nombre de gens qui restaient chez eux parce qu’ils n’avaient pas de travail ne baissait pas. De fait, la plupart de mes amis avaient un job précaire mais pas de véritable emploi, et même parmi ceux qui avaient fait quatre années d’études universitaires et avaient décroché un contrat dans une bonne entreprise, certains démissionnaient en un rien de temps. Je voyais aussi beaucoup de jeunes bohèmes d’élite. La fierté du professionnel, de l’homme de métier, pour qui chaque jour est un combat, qui trouve le plaisir de vivre dans le fait de travailler en donnant le meilleur de soi, cela semblait totalement impossible. Le monde avait grimpé, grimpé, puis il avait fait demi-tour et nous nous étions remis à glisser, et nous revoilà collés par terre les uns sur les autres tout en bas de l’escalier, comme il y a bien longtemps le frère de Midori.
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— Si ça gaze ? Eh bien, pour les études, c’est l’horreur. Dès la deuxième année, tu dois choisir entre la filière littéraire et la filière scientifique, et au milieu de l’année, ça se divise encore selon si tu vises une université nationale ou privée. Les matières principales changent en fonction. À chaque cours, tu te trouves avec des gens différents. En anglais et en math, il y a un classement, qui évolue chaque mois selon le résultat au test mensuel.
— Je pige pas un mot de ce que tu racontes.
— T’inquiète, pas besoin de comprendre.
Chôko mélangea son milkshake qui commençait à fondre avec sa paille.
— Mais là où ça devient l’horreur, c’est que si tu es un génie et moche, alors tu n’as aucune valeur en tant que femme. Faut te faire un brushing, te mettre du rouge à lèvres, les ongles et tout.
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Au début, il y a une fille qui voit la possibilité d’utiliser les répondeurs téléphoniques pour un usage pas tout à fait conforme à la loi. Puis, cette fille convainc quelques copines de marcher avec elle, une petite aventure excitante et hautement rémunératrice. Je me suis renseigné, il paraît que des choses similaires ont commencé à apparaître un peu partout dans le pays. De façon générale ça vient surtout de la capitale et ça se diffuse petit à petit. Il faut voir que les rose virginal, comme tu les appelles, sont écrasées par la Guerre des concours. Elles se détruisent petit à petit de l’intérieur. Leurs parents ne sont pas au courant, leurs amies non plus.
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Ton gang, c’est baston et raids à moto, rien d’autre, ou peut-être quelquefois un peu de chourave, pas de souci. Mais regarde un peu à l’extérieur, Kemari, le monde est en train de changer, tu n’as pas remarqué ? Et certaines personnes que tu n’aurais jamais imaginées capables de faire ça s’immiscent et se mettent aux affaires pas clean du tout. Ça fout les boules. L’époque où le voyou de base faisait des voyouteries de base, c’est fini. Regarde Takeshi, il est hyper sérieux, maintenant.
— Mais qu’est-ce que tu veux dire avec ça, Shinobu ?
— Les types qui viennent se renseigner sur les armes que je vends ici, à la boutique. Depuis l’année dernière, à peu près, ce ne sont plus les loubards typiques comme avant. Je vois de plus en plus de gosses normaux, des petits à lunettes qui paient pas de mine. Les filles qui utilisent le téléphone avec le répondeur dans leur chambre pour se prostituer, ce ne sont plus les loubardes avec des familles recomposées et des problèmes personnels compliqués.
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C’est aussi vers cette époque que commencèrent à se multiplier les cas d’enfants sérieux qui se mettaient soudain à craquer, comme incapables de supporter les fortes pressions de cette société de la compétence scolaire. Des enfants par ailleurs très calmes s’en prenaient à leurs parents avec une violence de bêtes sauvages, à coups de battes de baseball ou autre. D’autres se jetaient tout à coup du haut d’un immeuble. Une angoisse sans nulle part pour se mettre à l’abri se développait chez les enfants.
Par conséquent, les écoles changèrent de nouveau. L’âge de la violence au grand jour alla sur sa fin, et fut remplacé par celui du harcèlement vicieux, dans lequel les enfants ciblaient ceux qui étaient plus faibles. De moins en moins montraient les crocs aux adultes, ils s’adonnaient maintenant au sinistre jeu de détruire l’esprit des autres enfants.
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Tandis que Kemari plongeait dans la culture de la délinquance, et que Kaban se concentrait sur son rêve de devenir une idol, Kodoku pénétra dans l’univers des jeux vidéo, abandonnant derrière lui l’aride réalité du monde extérieur. Ce qui, aussi bien pour les uns que pour les autres, n’étaient que différentes façons enfantines de vivre cette époque de fiction.
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Pour les collégiens et lycéens de cette époque, les bandes de loubards, la violence scolaire et tout ce qui allait avec ne constituaient que la moitié de l’histoire. La majorité des élèves était surtout prise dans une rude bataille connue sous le nom de « Guerre des concours ». Les hommes forts, les ouvriers de Benimidori, ceux qui avaient travaillé à la reconstruction de l’après-guerre, commençaient à ressentir la futilité du travail. Ils avaient rêvé d’une vie stable, avec une maison individuelle en banlieue acquise grâce à un prêt immobilier. En d’autres mots, ils avaient rêvé de quelque chose de permanent. Ils souhaitaient que leurs enfants s’élèvent dans le nouveau système méritocratique et atteignent un statut social supérieur au leur.
À Benimidori, les boîtes à bachot privées furent le champ de bataille principal de la Guerre des concours. La majorité des élèves commença à suivre des cours du soir dans ces établissements à partir de la deuxième ou troisième année de collège. Là, ils découvraient que l’élève assis à côté d’eux n’était pas un ami, mais un rival. Ils apprenaient par cœur, passaient des tests blancs, et étaient divisés en classes de niveau, en fonction de leurs notes à ces tests. La valeur de chaque enfant était représentée par un nombre. Plusieurs boîtes à bachot ouvrirent dans les immeubles autour de la gare, et quand le soir tombait, les enfants étaient aspirés à l’intérieur, en colonnes de soldats aux boyaux noués par la peur de la bataille.
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Les jeunes de cette époque pas si lointaine s’étaient enthousiasmés pour la lutte politique et l’idéologie en vue de construire une société meilleure. Puis, à un moment donné, avant qu’eux-mêmes ne s’en rendent compte, l’époque avait changé. Les jeunes de maintenant, eux, étaient creux à l’intérieur.
Kemari et ceux de sa génération n’avaient pas d’idéologie, ni aucune conscience sociale. Ils n’avaient pas même d’yeux pour seulement voir le monde réel qui les indifférait au possible. Ils préféraient repeindre leur monde fictif à eux par-dessus. La culture loubards était l’illusion qu’ils partageaient tous. Kemari portait au pinacle les idéaux de bâtir une nation sous une seule autorité et de force supérieure à la bagarre, mais pour ce qui est de pour quoi ils se battaient, pour quoi ils chevauchaient, le cœur de leurs agissements n’était qu’un large trou. C’était vide et c’est cela qui les enthousiasmait. Ils s’enflammaient parce qu’il n’y avait rien.
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