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Critique de lebelier


Neuf nouvelles de Salinger où les personnages sont en décalage avec ce que la société de l'époque attend d'eux – ces nouvelles datent d'après-guerre et ont été en grande partie publiées dans le New Yorker entre 1948 et 1953 – ou ce que même le lecteur s'attend à trouver dans une nouvelle : une histoire bien ficelée et une chute en conséquence.
Or rien n'est moins sûr. Déjà les personnages principaux ou les personnages tout court n'existent que par les autres, leurs conversations aux moult références, toutes en understatement. de l'innocence on passe à une expérience extraordinaire, une vision particulière du monde (Teddy), la guerre ou le destin ordinaire fait basculer une situation que l'on croyait acquise (Pour Esmé avec amour et abjection), la folie et le drame parcourent aussi ces récits (Un jour parfait pour le poisson- banane), de même, l'intérêt que l'on accorde à une histoire ( l'homme hilare, dans laquelle un entraînement de base-ball maintient ses troupes en leur racontant une histoire à épisodes après les efforts sportifs.)
D'autres nouvelles méritent certainement une relecture car la première approche nous laisse dans l'obscur. Mais comme le précise Teddy, nous ne voyons les choses que d'un côté logique, étant passé à côté de l'expérience mystique qu'il a vécue.
Ginnie Mannox dans"Juste avant la guerre avec les esquimaux" se sent perdue et de plus en plus mal à l'aise dans ce monde de bourgeois, d'argent et de mesquinerie lorsqu'elle se trouve chez son amie Selena. On n'est jamais loin de retrouver des traces de l'Holden Caulfield de l'attrape-coeurs.
Reste, à mon sens une nouvelle qui m'a marquée plus que les autres : "la période bleue de Daumier-Smith" dans laquelle tout est mensonge. le narrateur se fait passer pour un professeur d'art et s'invente un passé français où il a rencontré Picasso et intègre une école d'art par correspondance encore plus étrange tenue par un couple de japonais à Montréal. de là il découvre le talent extraordinaire d'une nonne et lui fait savoir mais le directeur du couvent souhaite qu'elle interrompe ses cours…Tout bascule toujours à chaque coin de page, d'un paragraphe à l'autre.
Une lecture qui demande donc pas mal de concentration et de retours en arrière mais qui vaut largement les détours.

Poets are always taking the weather so personally. They're always sticking their emotions in things that have no emotions. (Teddy)
(Les poètes prennent toujours les intempéries pour eux. Ils collent toujours des émotions aux choses qui en sont dépourvues.)
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