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Citations sur Le Proche-Orient : De Pompée à Muhammad (2)

Le monolinguisme de certains groupes ou de certains individus confère toute leur importance aux interprètes occasionnels ou professionnels. L'organisation du clergé fait d'ailleurs une place aux interprètes chargés de traduire, lors de l'office, lectures et homélies. De même, à la fin du IV°s, des représentants du pouvoir impérial, envoyés à Antioche à la suite d'une grave sédition, se font traduire les propos d'un moine, qui leur parle en araméen, par "l'interprète", c'est-à-dire sans doute par "leur" interprète, chargé de faciliter leurs contacts avec la population. Il faut tenter, à partir des quelques exemples dont on dispose et des comparaisons qu'on peut trouver au gré de sa propre expérience, de prendre la mesure du temps passé à ces traductions, des interférences et des malentendus possibles, des situations de dépendance linguistique où l'on pouvait parfois se trouver, mais aussi, à l'inverse, des joies de l'apprentissage et de la découverte, et des multiples possibilités offertes par la diversité même des langues en présence. Il faut aussi garder à l'esprit la variété des situations possibles, de l'intellectuel capable de s'exprimer à l'oral comme à l'écrit, avec le même niveau de compétence, en deux langues - c'est ce que l'on appelle le bilinguisme - voire plus, au paysan illettré, qui ne connaît que le dialecte en usage dans son village, en passant par l'ouvrier locuteur d'une langue araméenne qu'il n'écrit pas, et capable en revanche d'écrire son nom en grec alors qu'il ne peut déchiffrer un texte complexe dans cette langue. Ce plurilinguisme généralisé et cette diversité de situations linguistiques individuelles sont des traits structurels qui confèrent au Proche-Orient une partie de son identité culturelle propre. On est loin de pouvoir en étudier les conséquences cognitives, psychologiques et sociales.

p. 214
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Pourquoi tant de malheurs dans l'Antiquité tardive ? Le contraste apparent avec le Haut-Empire s'explique par la disparité des sources, moins nombreuses et surtout de nature différente pour les trois premiers siècles de notre ère : les historiens de cette période s'intéressent de préférence à l'activité des empereurs et à l'histoire politique et militaire. Par contraste, les chroniques locales élaborées durant l'Antiquité tardive attachent une grande importance aux crises alimentaires et sanitaires. Les conséquences démographiques de ces épisodes sont difficiles à quantifier et varient selon la nature et la gravité des crises mais aussi, au sein des populations, selon le statut social : les pauvres sont les plus exposés. A la surmortalité immédiate il faut certainement ajouter, dans le cas des famines, une baisse de la fertilité provoquée par la dénutrition. Quoi qu'il en soit, ces crises, mises en regard du double mouvement d'expansion et de densification de l'occupation de l'espace à la même époque, ne font que confirmer que la tendance générale est bien à la croissance puisqu'elles ne la font pas cesser. On en dira autant des ponctions démographiques opérées par les conflits, soit en raison du nombre de morts, soit en raison des déplacements de population.

pp. 82-83
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